Il faut "que les responsabilités soient établies et que (les familles) sachent pourquoi leur enfant est mort", a déclaré leur avocate. Les familles des victimes du drame de Millas seront reçues, ce mardi, à la mairie de Saint-Feliu-d'Avall, dans les Pyrénées-Orientales.
Les familles des victimes "qui le souhaitent" vont être reçues, ce mardi, à la mairie de Saint-Féliu-d'Avall, dans les Pyrénées-Orientales, après le drame de Millas. Parmi les questions abordées : l'indemnisation d'urgence ou encore l'organisation du retour au collège.
Trois des six familles endeuillées vont se constituer parties civiles
"Il faut voir exactement ce qu'il y a dans le dossier"
"On va se constituer parties civiles, mardi matin à Marseille, pour avoir accès au dossier et éventuellement demander des investigations complémentaires", a déclaré Me Jehanne Collard, avocate spécialisée dans la défense des victimes de la route. "Par exemple, si c'est vraiment la conductrice du car (qui est responsable du drame NDLR) - je mets ça au conditionnel - et qu'elle était vraiment sous l'empire d'antidépresseurs, d'anxiolytiques, je pense que le patron de sa boîte porte une responsabilité. Je pense qu'il faut creuser ça", a dit l'avocate. "Mais peut-être que le juge lui-même va le faire", a poursuivi Me Jehanne Collard. "Il faut voir exactement ce qu'il y a dans le dossier et éventuellement si le juge ne le fait pas, demander des investigations complémentaires. Mais je pense que les juges sont des juges spécialisés. Je suis persuadée qu'ils feront leur boulot correctement".
"Il faut que les familles sachent pourquoi leur enfant est mort"
Il faut "que les responsabilités soient établies et que (les familles) sachent pourquoi leur enfant est mort", a souligné l'avocate. Ses clients sont "désespérés" et "s'interrogent parce que la conductrice du car a été mise en examen", pour homicides et blessures involontaires par imprudence. "Ce qui veut dire qu'il y aurait contre elle des indices graves tendant à laisser penser qu'elle est passée alors que la barrière (du passage à niveau NDLR) était fermée ou qu'elle était sous l'emprise de médicaments", a ajouté l'avocate. "Alors si tout cela est vrai, que fait-elle en liberté ? (...) Et cela, ils ne comprennent pas".
La conductrice, blessée dans l'accident et placée sous contrôle judiciaire, soutient que la barrière était levée quand elle s'est engagée sur les voies. Mais des "constatations matérielles" et des témoignages contredisent cette version.
Sentiment d'abandon
Les trois familles ont "le sentiment d'avoir été abandonnées" lors du drame, a encore révélé Me Collard. Car "il n'y a pas eu de prise en charge. On les a laissées des heures entières dans une salle sans leur expliquer quoi que ce soit". "C'est vrai qu'il y avait des problèmes d'identification (des victimes), a-t-elle noté. Mais on pouvait au moins leur expliquer pourquoi ils étaient là, parqués, leur dire +voilà, on essaie pour l'instant d'identifier, il y a des enfants qui vont très mal+. Les préparer quoi", a-elle déploré, citant l'exemple d'une de ses clientes, à qui la mort de son enfant venait d'être annoncée, mais dont le corps était à Montpellier. Après plusieurs heures d'attente, "elle est partie à Montpellier et personne ne l'a accompagnée".
Millas : les parents d'un enfant mort dans l'accident exigent des excuses de la part de l'État
Alors que l'Etat a assuré qu'il allait garantir la "meilleure prise en charge" aux victimes et à leurs familles, les parents de certains enfants tués dans la collision de Millas, dans les Pyrénées-Orientales, dénoncent la gestion de l'événement par les autorités, selon nos confrères de Franceinfo.
"Le préfet a été complètement inopérant et inefficace"
Les familles "veulent écrire à Brigitte Macron et à la déléguée interministérielle à l'aide aux victimes pour "éventuellement faire des propositions concrètes" afin que dans l'avenir "les choses ne se passent pas de cette manière-là". Interrogée sur le père d'un enfant décédé qui a demandé sur Franceinfo des excuses de la part du préfet des Pyrénées-Orientales, Me Collard a répondu: "Ils ont raison", le "dysfonctionnement" sur la prise en charge des victimes, "c'est la préfecture". "Le préfet a été complètement inopérant et inefficace".
Les familles reçues à la mairie de Saint-Feliu
"Les familles qui le souhaitent seront reçues mardi après-midi à la mairie", a indiqué Robert Taillant, le maire de Saint-Feliu-d'Avall, cette commune des Pyrénées-Orientales d'où sont originaires toutes les victimes de la collision. Le drame, le 14 décembre, sur un passage à niveau, à Millas, a fait six morts et plusieurs blessés parmi les 23 collégiens transportés. Pour certains blessés, le pronostic vital est engagé.
"On a déjà commencé à débloquer des aides"
Mardi, il sera expliqué aux familles "les aides auxquelles elles ont droit" par des représentants de l'Etat, d'associations d'aides aux victimes et de victimes notamment, a expliqué le maire. "La mairie va centraliser les documents" en vue de les transmettre à l'assureur afin que les familles puissent "obtenir rapidement des indemnisations immédiates", a-t-il souligné. "On a déjà commencé à débloquer des aides car des familles sont dans le besoin. Elles se sont arrêtées de travailler pour être auprès de leurs enfants" hospitalisés à Perpignan, Toulouse ou Montpellier après le drame, a expliqué le maire.
Le taxi pris en charge pour les enfants qui ne veulent plus prendre le bus
"Se pose aussi la question du transport scolaire", après les congés de Noël, "car beaucoup d'enfants ne veulent pas retourner au collège en bus", a souligné le maire. Le transport -taxis, VSL- "sera pris en charge par les assurances", a souligné le maire. D'autres questions seront abordées avec les familles comme les cours à domicile pour les enfants qui ne peuvent se déplacer, a poursuivi le maire selon lequel les dons en faveur des familles affluent à la mairie. "On reçoit beaucoup de chèques", a confié Robert Taillant, sans préciser le montant ainsi collecté.
Apporter "des réponses à la hauteur des attentes des familles"
Le maire était interrogé au lendemain du déplacement à Saint-Féliu d'Elisabeth Pelsez, la déléguée interministérielle à l'aide aux victimes. Cette dernière a réuni avec le préfet du département, Philippe Vignes, "tous ceux qui vont contribuer à la prise en charge des victimes", parmi lesquels des représentants du monde médical, de l'Education nationale, et d'associations. Avec cet objectif: apporter "des réponses à la hauteur des attentes des familles", avait-elle indiqué à l'issue de la réunion.
Des parents exigent des excuses de la part de l'État
Pour rappel, les parents de certains enfants tués dans la collision de Millas, dans les Pyrénées-Orientales, dénoncent la gestion de l'événement par les autorités. Certains exigent même des excuses de la part de l'État.