A la frontière entre la France et l'Espagne, près de Llivia, un projet immobilier inédit est en construction. Sa particularité : être consacré au télétravail. Depuis le début de la crise sanitaire, les Barcelonais investissent de plus en plus en Cerdagne française.
A Bajande, un projet immobilier d'envergure est en cours de construction. Dans ce hameau d'une trentaine d'habitants, voisin d'Estavar, une ancienne colonie de vacances abandonnée depuis 20 ans va être transformée en résidence 100% télétravail. Le pari : proposer une offre complète aux Barcelonais qui investissent de plus en plus en Cerdagne française.
Une résidence "écoresponsable" dédiée au télétravail
Construits en 1953, les bâtiments inutilisés ont été rachetés par un promoteur barcelonais. Le projet immobilier de 11 000 m², encore en chantier, est présenté comme le "premier village de télétravail en Europe". Un concept dont l'intérêt a été valorisé par la crise sanitaire. Nouvelles technologies, connexion haut-débit à Internet, garderie pour animaux... "Tout a été pensé pour que les personnes qui séjourneront ou habiteront ici ne soient dérangées par aucun bruit pendant qu'elles travaillent", explique David Boschet, ingénieur et concepteur du projet.
Le projet de 25 appartements et sept chalets se dit également "écoresponsable".
Notre objectif est de réhabiliter le patrimoine existant, qui était destiné à la destruction. L'idée du projet est de s'intégrer dans son environnement, sans créer d’impact visuel ni écologique.
"Nous allons bétonner le moins possible, mettre en place le recyclage de l’eau, et une faible consommation d’énergie, liste David Boschet.
Un pari novateur et haut de gamme rendu possible grâce au prix du foncier en France : deux à trois fois moins cher qu'à quelques kilomètres de là, en Catalogne du Sud.
"En Catalogne, tout est hors de contrôle. En France, on a su garder les pieds sur terre. Un appartement de 250 000 à 300 000€ ici, avec la TVA de 20% incluse, serait à 700 ou 800 000€ en Catalogne, à Bolvir !
La clientèle barcelonaise s'est précipitée sur l'occasion. A l'achat ou à la location, cette offre vise une clientèle de luxe.
Un risque de gentrification ?
La présence de ces nouveaux habitants, dotés d'un fort pouvoir d'achat, devrait engendrer des retombées économiques pour la commune de Bajande, et plus largement, pour le territoire de la Cerdagne. Mais ce prestige laisse craindre à certains un phénomène de gentrification, c'est-à-dire d'embourgeoisement. Une large banderole "Non à la spéculation immobilière à Bajande" s'étend dans le village.
Ces résidents feront marcher les commerces, ce sera certainement une valeur ajoutée. Mais il ne faut pas que cela devienne un refuge de gens repliés sur eux-mêmes qui ne participent pas à la vie du village.
"Pour les habitants d'Estavar, ça ne coûtera rien", promet le maire. "Il faudra investir dans les réseaux d'assainissement, mais ces dépenses seront couvertes par la taxe que paiera le promoteur."
Les Nids de Bajande doivent être livrés en septembre 2022. D'autres projets accessibles à une clientèle plus modeste sont encore à l'étude.