Replay. Agnès Langevine, Romain Grau et Jean-Marc Pujol sont venus débattre sur le plateau de France 3 Occitanie en l’absence de Louis Aliot. Voici ce qu’il faut retenir de ce débat.
Replay. Le débat pour le 1er tour de l'élection municipale à Perpignan, présenté par Olivier Meyer.
Le débat politique est suivi d'un débat "Enjeux citoyens" confrontant citoyens, responsables associatifs et spécialistes sur le défi de la réhabilitation des centres anciens présenté par Anne-Sophie Mandrou.
Ce qu'il faut retenir du débat politique
Invité à débattre avec Romain Grau, candidat et député La République en Marche, soutenu par le Modem – UDI et Oui au Pays CatalanAgnès Langevine, vice-présidente de la Région, candidate EELV soutenue par le PS et les radicaux de gauche et Jean-Marc Pujol, maire sortant Les Républicains et président de la communauté urbaine, Louis Aliot, député RN a décliné l’invitation de France 3 pour des raisons personnelles et n’a pas souhaité proposé un de ses co-listiers.
Le RN en tête des sondages
Louis Aliot absent mais dans toutes les discussions. Lui qui est nettement en tête des sondages. Perpignan pourrait-elle alors être la première ville de plus de 100.000 habitants administrée par le Rassemblement national le soir du 22 mars ?
« Je ne le crois pas car c’était déjà la théorie en 2014 », explique Jean-Marc Pujol. « Au 1er tour, Aliot avait fait 34%. Le dernier sondage le crédite de 30%. Donc c’est moins. Je ferais tout pour que cette ville reste dans un espace républicain. Je dirais aux électeurs Regardez le travail qui a été fait et comment les engagements ont été tenus ».
Perpignan ville au centre droit depuis 60 ans, mais la droite part divisée. Outre Jean-Marc Pujol, la liste divers droite dissidente des Républicains conduite par Olivier Amiel et celle de Romain Grau (LREM).
Le député En Marche se défend : « Ce qui fait le jeu du RN aujourd’hui, c’est d’abord la situation de marasme dans laquelle se trouve Perpignan : stationnement problématique, cœur de ville qui se meurt, problème d’incivilité, de mobilité. Tout cela fait le jeu de l’extrême droite qui ne propose rien par ailleurs, qui ne prend même pas la peine d’habiter à Perpignan. Imaginez l’imposture. La pire des défaites serait celle qui succéderait à un défaut de bataille, de combativité. Il nous faut construire une alternative républicaine ».
Pour une fois, la gauche est unie à Perpignan, ou presque (la liste une liste "L’Alternative" conduite par Caroline Forgues est soutenue par La France Insoumise, PCF et NPA) mais EELV et le parti socialiste partent groupés. « En 2014, nous avons fait front, front républicain, mais ce que l’on entend aujourd’hui, c’est que ce front n’a servi à rien », analyse Agnès Langevine. « La situation sociale et économique est encore plus dégradée. La population en a assez de voter contre. Elle a envie de changement et c’est ce que nous leur proposons ».
La sécurité
Jean-Marc Pujol l’assure : « Perpignan est la première ville de France en matière de policiers par habitant : un policier armé pour 760 habitants. Nous avons 262 caméras de vidéoprotection et nous sommes dans les trois premières villes de France. Ce travail aujourd’hui paie, la République est partout à Perpignan ».
Pour Romain Grau, « recruter des policiers municipaux, j’y suis favorable mais le problème c’est une question de méthode et d’adaptation. Il faut écouter le malaise des Perpignanais. Ce sont des patrouilles à pied, de la police municipale la nuit dont nous avons besoin, de la proximité. Les caméras de surveillance ? Mais la difficulté c’est le nombre de personnes qui regardent les écrans. Entre deux et quatre personnes regardent les 262 caméras. Est-ce que ça fait un outil de prévention ? Non ».
Agnès Langevine estime que ses deux adversaires sont « tous les deux co-responsables avec une police municipale et une police nationale défaillantes. Les Perpignanais nous disent qu’il y a un fort sentiment d’insécurité, d’incivilité et d’impunité. Il y a des trafics de drogue. Quand vous avez un enfant de 8 à 13 ans qui va toucher tous les jours entre 50 et 80 euros uniquement pour faire le guet, c’est vraiment qu'il y a une défaillance énorme. La sécurité, c’est ouvrir des points de proximité pour la police municipale dans tous les quartiers H24, réintroduire de la présence humaine, des concierges dans les immeubles et des éducateurs de rue ».
Jean-Marc Pujol pense que « la solution serait de permettre à la police municipale d’avoir l’habilitation police judiciaire mais cela ne vient pas du maire". Romain Grau est contre. « La chance de la police municipale est justement d’être sans procédure. Mais pourquoi n’avons-nous pas de policiers municipaux à la sortie des écoles et des lycées? Nous allons répondre par des choses concrètes. »
Circulation : tramway ou bus gratuit
Jean-Marc Pujol l’affirme : « nous sommes en mesure de proposer un tramway aux Perpignanais. Il pollue cinq fois moins qu’un bus. » Le maire sortant parle de 125 millions d’euros, Romain Grau, lui, annonce un demi milliard d’euros.
« Perpignan est effectivement axphyxiée. 100 000 voitures y circulent tous les jours. Donc trop de voitures et trop de CO2 », analyse Agnès Langevine. « Nous militons pour la gratuité des bus avec des voies dédiées et un plan de mobilité actif autour du vélo, de la marche, de la trottinette, de tous ces nouveaux usages ».
Pour Romain Grau, « la ville s’asphyxie car on ne prend pas assez les transports en commun à Perpignan. Donc aujourd’hui, avant de construire un tramway, de bloquer la ville pendant dix ans... Les bus sont vides, remplissons les bus. Il faut deux grandes lignes de bus en site réservé en temps beaucoup plus réduit avec des parkings relais au bout de chacune de ces lignes. Cela doit se faire sans zéro augmentation d’impôt. Le coût reste marginal. On doit être capable de réorienter des dépenses".
Jean-Marc Pujol n’est pas d’accord: « C’est un mensonge la gratuité. Elle augmenterait des impôts des Perpignanais. Je rappelle que seulement 37% des Perpignanais paient des impôts ».
Un habitant sur 3 sous le seuil de pauvreté
A Perpignan, un habitant sur trois vit sous le seuil de pauvreté soit avec moins de 867 euros par mois. Une ville pauvre avec 9 quartiers prioritaires. Concernant le taux de chômage, supérieur à la moyenne nationale, il represente 23% des actifs avec des pics à plus de 50 % dans certains quartiers de la ville. Perpignan est aussi la 4ème ville de France pour ses inégalités de richesse.Plus de 70% des entreprises se situent dans le commerce, les transports et les services et plus de 14% dans l'administration publique, l'enseignement, la santé et l'action sociale. Moins de 10% dans la construction, moins de 5% dans l'industrie et 1 % dans l'agriculture et la pêche.
A cela s’ajoute d’autres chiffres négatifs, 6 collèges sur 8 sont classés en zone d’éducation prioritaire et 40 % des collégiens sont scolarisés dans le privé soit deux fois plus que la moyenne nationale. Cette élection est donc un enjeu majeur pour Perpignan et ses 124 000 habitants.
Avocat fiscaliste de profession et pour l'anécdocte champion de chasse sous-marine par équipe en 1974, Jean-Marc Pujol est le maire de Perpignan depuis 2009 suite à la démission de Jean-Paul Alduy qui tenait la mairie depuis 1993, à la suite de son père Paul Alduy (depuis 1959). Candidat à sa réélection en 2014, Jean-Marc Pujol prend la tête d'une liste alliant l'UMP, l'UDI, le CNIP et Unitat Catalana4. Il l'emporte au second tour avec 55,1 % des voix contre 44,9 % à celle conduite par Louis Aliot (FN)Après avoir laissé planer le doute sur sa candidature, il a annoncé le 28 novembre 2019 qu’il entendait briguer un troisième mandat.
Jean-Marc Pujol défend son bilan sécuritaire: "nous avons la première police municipale armée de France avec un agent pour 760 habitants," martèle-t-il. "L'Université de droit est revenue en centre ville. Le musée Rigaud, installé dans deux hôtels particuliers, attire les touristes en coeur de ville," poursuit-il. Il mise aussi sur la construction d'une ligne de tramway et la "restructuration de l'entrée de ville avec un parking de 1000 places gratuites, conctées au tramway".
Objectif prioritaire pour le RN
Un dernier sondage place Louis Aliot en tête des intentions de vote avec 30 % , loin devant Jean-Marc Pujol (19%), Agnès Langeveine (15%) et Romain Grau (13%). Si Louis Aliot remporte les municipales, Perpignan deviendra la première ville française de plus de 100 000 habitants à basculer au Rassemblement national. A la tête d'une "liste indépendante", il prend soin, dans ses discours, de ne jamais faire référence à son parti ou à Marine Le Pen. Parmi ses axes majeurs de campagne: réorganiser les services de la police municipale en favorisant le retour de l'îlotage, élargir les plages de gratuité de stationnement et "déminéraliser" les places et les rues de la ville et donc "végétaliser au maximum".
Même s'il est donné nettement favori pour le premier tour, Aliot n'aura pas la partie facile au second tour si une coalition se forme autour de lui. C'est pour cela qu'il milite pour l'union des droites. Patricia Fourquet, adjointe au maire LR de Nîmes l'a rejoint mais aussi André Bonet et Charles Pons, deux membres de la liste du maire sortant Jean-Marc Pujol.
Front commun socialistes et écologistes
Pour la premier fois depuis 2001 à Perpignan, écologistes et socialistes feront front commun au premier tour. Objectif pour Agnès Langevine "préparer la ville au changement climatique et la réparer pour la rendre plus égalitaire et plus résiliente. La ville est aujourd'hui très dégradée dans son tissu social. Je veux une ville vivante, pleine de joie, de mixité, de vivre ensemble". Agnès Langevine mise par exemple sur des cantines 100 % bio et local d'ici 2026, la création de jardins partagés et un aménagement de "Rues aux Enfants" devant chaque groupe scolaire.
Romain Grau, camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA, estime pour sa part être “idéalement placé au centre de l’échiquier politique”, pour conduire le front républicain le 22 mars. "Nous ferons de Perpignan une ville sûre. C’est mon premier engagement en implantant notamment un poste de Police Municipale dans chaque secteur de la ville". Il assure "vouloir porter la même attention pour tous les quartiers". Il mettra en place un Conseil de citoyens, tirés au sort pour un mandat de 2 ans. Son rôle sera de suivre les réalisations et leur conformité avec notre programme municipal.
La liste "L’Alternative" conduite par Caroline Forgues soutenue par La France Insoumise, PCF et NPA plébiscite le référendum d'initiative citoyenne.
Alexandre Bolo, le plus jeune des candidats, ancien attaché parlementaire de Louis Aliot annonce la construction des halles sur la place République et la mise en place d'une application "Perpi job permettant de manière simple de mettre en relation les salariés avec les employeurs".
Olivier Amiel, candidat divers droite, conseiller municipal LR de Perpignan, annonce une taxe de la taxe foncière. Tête de liste pour la troisième fois après 2008 et 2014, Clotilde Ripoull, centriste, qui n'a pas répondu aux propositions d'union de Romain Grau et et Jean-Marc Pujol, mise sur la société civile. Elle propose un plan municipal de santé. "Nous savons que d'ici 5 ans un tiers des médecins de Perpignan partira à la retraite".
32 débats organisés par France 3 en Occitanie
Où verrez-vous 32 débats avant le premier tour des élections municipales (le 15 mars) et entre les deux tours, le tout en prime time ? C'est uniquement sur France 3 Occitanie et nulle par ailleurs. Une mobilisation inédite en région pour ces élections locales. Au total, près de 300 débats sur toute la France.
Election municipale à Perpignan : 9 listes
Louis Alliot soutenu par le Rassemblement nationalAgnès Langevine soutenu par Europe écologie les Verts et le parti socialiste
Romain Grau soutenu par la République en Marche, le Modem et l'UDI
Jean-Marc Pujol soutenu par les Républicains
"L’Alternative" conduite par Caroline Forgues soutenue par La France Insoumise, PCF et NPA
"Perpignan Equilibre" conduite par la centriste Clotilde Ripoull
-La liste divers droite dissidente des Républicains conduite par Olivier Amiel
-La liste divers droite conduite par Alexandre Bolo élu en 2014 sur la liste de Louis Aliot
-La liste conduite par Pascale Advenard de Lutte ouvrière