Alan Brazo est joueur de rugby professionnel à Perpignan, dans le top 14, mais aussi docteur en océanologie. Entre les terrains de rugby et les eaux de la réserve naturelle de Cerbère-Banyuls dans les Pyrénées-Orientales, il défend avec ardeur son amour des poissons et son engagement pour l'environnement marin. Une passion nourrie par des rencontres marquantes.
Protéger la biodiversité marine est un engagement au quotidien. Conscients des dangers, chaque jour, des hommes et des femmes se mobilisent pour préserver la grande bleue et ses écosystèmes. La mer Méditerranée est menacée. La plupart des espèces marines qui y vivent subissent de plein fouet les effets de l'activité humaine, comme la pêche excessive, la pollution, et la destruction des écosystèmes. À cela s'ajoute le dérèglement climatique.
Il y a quelques années, des zones protégées ont vu le jour. Certaines espèces emblématiques de poissons comme le corb ou le mérou, étaient à deux doigts de disparaître définitivement. Ces zones marines sont indispensables pour éviter l'effondrement de la biodiversité en Méditerranée.
Du terrain de rugby à l'aventure sous-marine
Aujourd’hui, les efforts déployés permettent de mieux comprendre les besoins des écosystèmes sous-marins. Des actions efficaces ont été mises en place pour préserver la biodiversité marine. Un travail colossal, que plusieurs scientifiques et amoureux de Méditerranée mènent de front.
Dans son documentaire, le réalisateur et plongeur Jérôme Espla nous emmène au cœur de la réserve marine de Cerbère-Banyuls dans les Pyrénées-Orientales à la rencontre de ces professionnels de la mer, dont un jeune trentenaire, au parcours tout particulier.
Alan Brazo, 32 ans, 3ème ligne de l’USAP, l’équipe de rugby de Perpignan, est aujourd’hui sportif professionnel et docteur en océanologie "C’est le seul en France, côté rugby, qui a réussi à faire une thèse tout en menant sa carrière de sportif de haut niveau" raconte Philippe Lenfant, professeur en écologie marine à l’université de Perpignan qui travaille sur les poissons et l’effet réserve. C'est lui qui a transmis sa passion de la Méditerranée au jeune rugbyman qui, dans le cadre de ses études, a réalisé sa thèse sur le Corb, un de ces poissons particulièrement menacés d’extinction.
Et si l'une des préoccupations du jeune rugbyman consiste à faire prendre conscience au grand public de l'importance de protéger les milieux naturels, il puise dans son expérience et sa détermination pour faire face aux enjeux environnementaux d'aujourd'hui et de demain.
La réserve aux grands cœurs
La réserve marine de Banyuls-Cerbère a été créée en 1974 "la première en France" rappelle Alan Brazo "Les pécheurs et les scientifiques avaient remarqué une baisse de la densité des effectifs de poissons. Il y avait une nécessité à faire quelque chose et ça a pris plusieurs années".
Philippe Cadène est conservateur de la réserve naturelle. Une rencontre coup de cœur pour notre jeune rugbyman car c’est lui qui lui a ouvert ses portes la première fois qu’il est arrivé à la réserve. Et depuis son premier stage, il n’est plus jamais reparti.
Toutes ces personnes que j’ai eu la chance de rencontrer grâce à la réserve sont toutes impliquées. Elles se lèvent le matin pour faire bouger les choses pour que ça avance et elles donnent 200 % de leur personne pour y arriver. C’est une véritable réserve aux grands cœurs.
Alan Brazo, rugbyman de haut niveau et docteur en oceanologie
La réserve marine s’étend sur sept kilomètres de linéaire côtier. Elle commence au niveau du port de Banyuls à l’arrière de la capitainerie (l’île Grosse) et elle s’étend sur la commune de Cerbère sur le cap Peyrefitte : "On est sur 650 ha de protection et à l’intérieur une zone de protection renforcée qui fait 1/10 ème : du cap de Rederis jusqu’à la sortie de la plage de Peyrefitte. Cette zone, c’est un peu le cœur protégé de la réserve" explique le spécialiste.
La beauté des fonds marins
Le jeune rugbyman et son mentor, Philippe Lenfant, s’équipent de combinaisons de plongée. Sur le bateau qui les mène au large, bouteilles sur le dos, ils font une bascule arrière et hop ! Ils se retrouvent dans les eaux de la grande bleue. Ce matin ils se consacrent au comptage des poissons.
La première chose marquante quand on plonge, c’est le silence, cette quiétude. En général on ne met pas trop de temps à rencontrer les premiers bancs de poissons.
Alan Brazo
Depuis ses débuts, le jeune plongeur est captivé par l'harmonie et la beauté des fonds marins. Cette fascination l'a poussée à explorer les profondeurs de la mer. "Tout d’un coup, tu tournes la tête et bam ! Tu vois un mérou d'un mètre qui est juste à côté. On se retourne et il y a un banc de corb avec de gros individus". Ses années d’étude et son engagement au sein de la réserve lui ont permis de rencontrer de nombreux scientifiques de spécialités différentes : "un carrefour d’échanges entre scientifiques de nationalités différentes".
Un engagement collectif
Lorenzo Bramanti, chercheur au CNRS, spécialiste des coraux est une référence mondiale. Il étudie les coraux rouges depuis plus de 30 ans dans la réserve. De son côté, Lucia Di Iorio est chercheuse en éco-acoustique à l’université de Perpignan, elle écoute les mers et les océans depuis plus de 15 ans. Grâce aux avancées technologiques, elle analyse les sons émis par la faune marine, pour surveiller la santé des écosystèmes marins :
Philippe suit les poissons en leur mettant des émetteurs et moi je les écoute.
Lucia Di Iorio, chercheuse en éco-acoustique
Tandis que Pascal Romans, responsable du service aquariologie, consacre ses efforts à l'étude et à la préservation des corbs et des grandes nacres, une espèce gravement impactée par un parasite dans les années 2015 à 2018. La richesse de cette réserve, véritable laboratoire à ciel ouvert, permet de les étudier pour mieux les protéger.
Tous parlent de leur passion qui n'est même pas un métier comme raconte Didier Floramonti, garde de la réserve marine, c'est une vie ! Une vie d'engagement, total et collectif : "C'est la réserve qui nous rassemble".
Ma motivation, c’est le travail d’équipe c’est aussi ce que je peux vivre dans le rugby. On est 40 tous les jours ensemble. J’ai besoin de ça (...) Je ne me vois pas aller ailleurs que sur ou sous l’eau dans les années à venir.
Alan Brazo
Le film nous offre des images sous-marines exceptionnelles de la Côte Vermeille, un véritable joyau naturel. Il nous explique le travail des scientifiques et nous montre à voir les enjeux liés à la préservation de la biodiversité marine. Et s'il questionne notre responsabilité envers la nature, il rend un bel hommage aux passionnés qui, chaque jour, œuvrent sans relâche au quotidien pour la conservation de cette réserve marine unique.
"La réserve aux grands cœurs", un film écrit par Francis Orny et Jérôme Espla, réalisé par Jérôme Espla à voir le jeudi 12 décembre 2024 à 22h50 et sur france.tv
Une coproduction Real productions, poisson lune et France 3 Occitanie (France Télévisions)