Vanessa Morales se prépare à gravir pour la huitième fois le Kilimanjaro. Elle détient le record de vitesse féminin aller-retour sur la montagne sacrée de Tanzanie. Mais cette fois, c'est accompagnée d'Olivier, 60 ans et atteint d'un cancer de stade 4 que Vanessa s'élancera le 16 février prochain. Objectif : atteindre un rêve juché à 6 000 mètres d'altitude. Une aventure sportive, mais avant tout humaine. Rencontre avec une athlète au grand cœur.
C'est le plus haut sommet d'Afrique. À près de 6000 mètres, le Kilimandjaro. Un mythe. Pour la huitième fois de sa carrière, l'ultra-traileuse de Font-Romeu, Vanessa Morales s'apprête à gravir le Kilimandjaro. Une ascension pas vraiment comme les autres puisque cette fois, l'athlète laissera certainement une plus grande place à l'infirmière, que Vanessa est aussi. Et ce pour accompagner Olivier Petit, atteint d'un cancer colorectal de phases hépatiques de stade 4. Grâce à Vanessa, ce provençal de 60 ans réalisera un de ses rêves : gravir le "Kili" en compagnie de son fils.
Vanessa Morales, racontez-moi comment vous est venue cette passion pour le Kilimandjaro ?
J'ai une histoire particulière avec le Kilimandjaro. Cette année, ce sera ma huitième ascension. Je détiens le record de vitesse féminin aller-retour sur le Kilimandjaro par la voie Mweka. Et en fait, j'ai un amour très particulier pour cette montagne. Notre histoire est partie d'une fille atteinte de sclérose en plaques qui m'avait contactée pour faire le sommet avec elle. Il se trouve que cette personne a dû renoncer au projet, donc je me suis dit que j'allais le faire à ma manière. C'est comme ça que je suis allé chercher le record de vitesse. Et progressivement, ça m'a amené à des projets associatifs quasiment chaque année. Une fois par an, j'accompagne une personne atteinte d'une pathologie, j'ai eu des personnes atteintes de sclérose en plaques, un jeune homme qui a une tumeur cérébrale et cette année c'est Olivier.
Comment vous êtes-vous rencontrés avec Olivier ?
On ne s'est pas encore vu avec Olivier. Olivier Petit est originaire des Bouches-du-Rhône. Il m'a contacté à la suite de mon avant-dernier Kilimandjaro que j'ai fait avec David Berty, ancien joueur de rugby atteint de sclérose en plaques. On a un film qui est sorti de cette expédition avec des anciens du rugby français, notamment Marc Lièvremont, Thomas Castaignède, une belle bande de rugbymans. France Télévisions en a fait un film qui s'appelle "Quinze pour un sommet". Quand Olivier a vu le film, il m'a contacté sur les réseaux sociaux en me demandant de l'amener sur le "Kili" pour vivre la même chose. Olivier a un cancer incurable, il est en soin palliatif. Le but n'est pas qu'il se retrouve en difficulté donc j'ai étudié le projet, fait le point sur sa maladie et échangé à plusieurs reprises avec son oncologue. Il n'y a aucune contre-indication à ce qu'Olivier fasse le Kilimandjaro. On a accéléré le projet pour ne pas prendre de risque mais Olivier est en bonne forme physique, il court tous les jours, c'est quelqu'un qui a couru des marathons, donc on n’attend pas l'été prochain. On a monté le projet en deux mois.
Le départ est prévu pour quand ?
On part le 16 février et le début de l'expédition sera le 18 février. On part à trois avec Olivier et son fils de 22 ans. On devrait rester environ six jours sur la montagne mais encore une fois, on s'adaptera à Olivier. On a prévu d'emprunter la Wertern Breach, qui est une voie du Kilimandjaro qui n'est presque pas fréquentée. C'est la voie la plus technique, c'est la voie des records, un peu hostile, celle que j'affectionne plus particulièrement.
C'est une aventure sportive mais surtout une aventure humaine qui se profile ?
Complètement. C'est déjà très fort. En plus, ce projet avec Olivier me renvoie à mon histoire personnelle. Il y a treize ans, j'ai perdu ma maman d'un cancer. Alors, quand j'ai reçu l'appel d'Olivier, c'était une évidence pour moi de l'accompagner, lui et son fils.
Comment est-ce que l'on se prépare à l'ascension du Kilimandjaro accompagné par une personne atteinte d'un cancer ?
Je suis infirmière de profession. En fait, pour cette expédition, c'est l'infirmière qui part avec Olivier, pas l'athlète. Et puis derrière, j'ai des protocoles médicaux. J'ai pris toutes les dispositions nécessaires pour accompagner Olivier dans les meilleures conditions.
Dans cette aventure, le record n'est pas l'objectif. Comment vous imaginez cette ascension ?
Pour moi, c'est une histoire de vie. C'est leur histoire, à Olivier et son fils. Je vais être un peu spectatrice de leur expédition et mon but premier, c'est que tout se passe au mieux parce que je sais à quel point ces moments sont précieux. Mon rôle est de les amener au sommet mais aussi et surtout de vivre une aventure hors du temps. Quoi qu'il en soit, nous ne prendrons aucun risque pour Olivier. J'ai déjà amené plusieurs personnes malades sur le Kilimandjaro. J'essaie de faire une action solidaire avec une personne par an. Et cet été, je repars avec un jeune homme atteint de sclérose en plaques. Cela fera cinq expéditions solidaires sur le Kili. J'ai hâte, c'est une aventure tellement incroyable.