Dans les prisons françaises, le déconfinement va se faire de manière progressive, avec dans un premier temps dès ce lundi 11 mai, la reprise des parloirs pour les familles. Si cette nouvelle a de quoi réjouir les détenus, les surveillants sont inquiets, notamment à Perpignan.
Une reprise progressive
Dans les prisons françaises, où l’épidémie de coronavirus a été contenue, le déconfinement va être progressif a annoncé le directeur de l’Administration pénitentiaire, Stéphane Bredin :
Les seules activités qui vont reprendre la semaine du 11 mai sont les parloirs pour les familles, l'enseignement pour les mineurs et les ateliers pour des productions d'intérêt général (masques, kits d'hygiène). A partir du 2 juin, nous verrons comment reprendre progressivement les enseignements aux adultes, la formation professionnelle et les autres ateliers.
Chartre et plexiglass
Mais pour cette reprise, l’organisation des parloirs a été repensée pour que les règles sanitaires soient respectées. Dans un entretien accordé à l’AFP, Stéphane Bredin affirme que les parloirs seront limités à une personne, pour une heure maximum, une fois par semaine, avec des règles sanitaires drastiques.
Les familles devront signer une chartre, comme dans les Ehpad, où elles s'engagent à respecter les nouvelles règles fixées : port de masque, un mètre de distanciation et interdiction absolue de contact.
A la prison de Perpignan, les box familles font 1,5m² et sont donc, selon les représentants des surveillants, pas assez grands pour assurer la distanciation physique.
Une plaque amovible en plexiglas a été installée dans les box parloirs pour que les règles sanitaires soient respectées. Pas suffisant selon les surveillants:
dit Pierre Grousset, secrétaire local UNSA Justice.C'est une plaque amovible c'est très facile de la bouger.
La peur des conflits ...
Cette nouvelle organisation mise en place pour surveiller que les détenus et leurs visiteurs respectent bien les gestes barrières inquiète les surveillants :
dénoncent les syndicats UFAP/UNSA Justice Perpignan.Comment un couple qui ne s’est pas vu pendant deux mois peut-il faire pour résister à l’envie de se toucher ? Ne serait-ce que la main?
Les surveillants en première ligne devront faire respecter ce principe. Nous allons forcément au- devant de conflits avec les détenus ou les familles qui viennent les visiter !
Dans l’idéal, ils auraient voulu des parloirs avec hygiaphones, "mais il aurait fallu faire des travaux et cela n’était pas possible", confie Pierre Grousset, secrétaire local UNSA Justice.
On va surveiller les parloirs et si les personnes se touchent, nous avons reçu l'ordre d'interrompre le parloir toute de suite et de suspendre le droit de visite, donc automatiquement on va avoir des conflits dans la prison.
ajoute le surveillant.
et la peur d'une explosion des contaminations
Si les surveillants sont aussi inquiets c’est parce qu’ils ont peur d’une contamination en masse :
A la prison de Perpignan, 620 détenus sont actuellement incarcérés. Pendant le confinement, il y a eu des suspicions de covid-19, des détenus et des surveillants malades, mais aucun cas n'a été avéré.Le problème dans les prisons, c’est qu’une fois qu’il y a une personne contaminée, la propagation va être très rapide, les détenus sont deux par cellule donc ça va très vite.