"Ils ne font même plus semblant" : un responsable syndical de La Poste risque 24 mois de mise à pied pour avoir fait grève

Mercredi 5 juillet, le conseil de discipline du groupe La Poste a rendu ses réquisitions à l'encontre d'Alexandre Pignon, facteur à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et représentant syndical, accusé d'entrave à la liberté de travailler en participant à plusieurs piquets de grève, notamment contre la réforme des retraites.

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"Honnêtement, je ne m'attendais à rien...", soupire Alexandre Pignon. Hier matin, mercredi 5 juillet, les 10 membres de la commission administrative paritaire réunis à Paris ont rendu leurs réquisitions sur le cas de ce secrétaire général de la FAPT (Fédération des Activités Postales et de Télécommunications) 66 et postier à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Tandis que les cinq représentants du personnel n'ont souhaité aucune sanction, les cinq représentants de La Poste ont requis 24 mois de mise à pied, dont six avec sursis. Une situation qui amène le PDG du groupe à devoir trancher dans un délai d'un mois.

"D'habitude, ils essayent au mois de faire semblant. Mais là, ils ont bien reconnu que c'était pour mes activités syndicales qu'ils ont requis cette sanction, avec un dossier monté à charge et plein d'incohérence." Dans un document de 1 000 pages, la direction reproche au postier d'avoir, depuis 2019, fait entrave à la liberté de travail et de circulation au centre de distribution du courrier de Perpignan, notamment durant les grèves contre la réforme des retraites. "Ils parlent de blocage alors qu'on a jamais empêché les non-grévistes d'accéder aux locaux et ils le disent eux-même, c'est là où on est dans l'absurde", tance celui qui milite avec la CGT depuis 2008.

Notre détermination reste là, d'autres actions sont à venir dans les semaines et mois à venir.

Alexandre Pignon, postier à Perpignan et secrétaire général de la FAPT 66

Le 6 avril dernier, le tribunal judiciaire de Perpignan avait jugé illégal le piquet de grève initié en mars 2023, forçant six salariés de La Poste, dont Alexandre Pignon, à lever le blocage. Une plainte du groupe est toujours en cours et ils encourent trois ans de prison et 45 000€ d'amende. Une situation que le postier de Perpignan voit comme une atteinte non voilée au syndicalisme. "Ils veulent faire taire toute voix dissidente à La Poste et ça s'est accentué depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. On espère que le PDG de La Poste va reprendre ses esprits. En tout cas, on fera tout judiciairement pour que la véritable justice soit rendue."

Manifestation de soutien à Paris

En parallèle d'une grève nationale dans de nombreux guichets pour dénoncer ce qu'ils estiment être une répression syndicale, plusieurs postiers et syndicats étaient venus soutenir leur collègue à Paris mardi 4 juillet, où s'était réuni le conseil de discipline. "Malheureusement, La Poste demande souvent des révocations, et pas seulement depuis la réforme des retraites. Que ce soit pour des visites de bureau, des prises de parole ou des piquets de grève, ils font tout de suite intervenir les huissiers et nous assignent au tribunal", dénonce Patricia Flahaut, syndicat Sud Poste 66 à Perpignan et guichetière à Saint-Cyprien-Plage (Pyrénées-Orientales), au micro de notre journaliste Elsa Pandales.

Je pense qu'ils veulent montrer l'exemple pour casser le syndicalisme

Patricia Flahaut, syndicat Sud poste 66 à Perpignan, guichetière à Saint-Cyprien-Plage

"Au-delà de moi ou du syndicalisme, si demain on commence à avoir des représentants syndicaux qui sont condamnés pour des actions collectives, le risque est que les salariés s'organisent clandestinement en groupuscules", craint Alexandre Pignon.

Contactée, La Poste des Pyrénées-Orientales assure être "très attachée au respect du dialogue social et aux règles relatives au droit syndical", se refusant à commenter le cas spécifique d'Alexandre Pignon.

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