Marché de l'immobilier sous tension. Pour stopper la hausse des prix, la Catalogne décide de plafonner des loyers dans 140 communes. Cela sera-t-il suffisant pour freiner l'escalade des prix qui s'est enclenchée ces dernières années ? Pas certain.
C'est un gros morceau auquel vient de s'attaquer la Catalogne. Une problématique depuis longtemps et très largement dénoncée par nombre d'habitants. Le prix des loyers.
Selon les chiffres publiés par l'Agence Catalane de l'Habitat, le prix moyen du mètre carré à Barcelone avoisine les 16 €. Pour donner un exemple, un appartement de 90m² dans le centre historique "Ciutat Vella" de la capitale catalane affiche un loyer moyen de 1 478 €. Mais en vérité, les prix proposés sur internet ou dans les agences montrent que cela peut aller beaucoup plus loin, beaucoup plus haut.
Ui com van baixant els lloguers,ui sí...
— Trisha (@TRISHASEL1972) March 15, 2024
I això, al barri d'Horta-Guinardó. pic.twitter.com/PUX2gcTooM
Des loyers à prix bloqués
Barcelone et sa zone métropolitaine, Tarragone, Gérone, Figuères, Lloret de Mar... Le gouvernement de la Generalitat a identifié 140 municipalités comme zones difficiles en termes d'accès au logement et où seront appliquées des mesures pour limiter le prix des loyers. C'est en tout cas ce que prévoit la loi sur le logement, en vigueur depuis le 26 mai et qui commence à s'appliquer en Catalogne. Ces communes présentent un risque particulier de pénurie de logements abordables et abritent 6,2 millions de personnes, soit près de 81 % de la population catalane.
Ceux qui recherchent désormais un appartement à louer ou ceux qui ont un bail qui arrive bientôt à échéance consultent avec un intérêt tout particulier l'indice de référence des loyers. Celui-ci vise à éviter une flambée des prix. Mais attention, cet indice concerne principalement les grands propriétaires, c'est-à-dire ceux qui possèdent cinq appartements ou plus.
Locations de chambres et saisonnières non concernées
Sandra Gómez vivait depuis huit ans dans un appartement de la rue Occident à l'Hospitalet de Llobregat, jusqu'à ce qu'elle reçoive une lettre recommandée en novembre dernier : la propriétaire l'informait que son bail ne serait pas renouvelé. Aujourd'hui, l'appartement pour lequel elle payait près de 900 euros est annoncé sur le site immobilier Idealista à plus de 600 euros pour une chambre à partir de mai. Transformé, l'appartement est passé de trois à cinq chambres en l'espace de quelques mois.
Aquest era el menjador del meu pis, ara de 3 habitacions, han fet 5 i el lloguen per temporada (fals lloguer turístic) les Veïnes ens estem mobilitzant perquè no marxi ningú més! És indignant! 😡
— Sandra Gómez (@kieproductions) March 13, 2024
#collblanc #lluita #ensquedem https://t.co/Kf7OLZRWPR
Une pratique qui se multiplie
Le cas de cette habitante a été présenté récemment lors d'une conférence de presse à Barcelone organisée par le Syndicat des Locataires, au cours de laquelle d'autres propriétés ont été signalées pour avoir pratiqué la même méthode peu orthodoxe. Selon le syndicat, ne serait-ce que dans le même secteur géographique, une vingtaine de familles seraient concernées.
Ce qui porte désormais le nom de coliving, comprenez offre de loyers par chambre, aurait augmenté de plus de 33% dans la capitale catalane cette année. Une manière pour certains propriétaires de contourner la loi de régulation des loyers. Une demande a été formulée auprès de la Generalitat afin d'étendre la mesure aux locations saisonnières.
Expulsé de son appartement, un homme de 70 ans se suicide
Les faits se sont déroulés mardi dernier à Sabadell, près de Barcelone. Un homme d'environ 70 ans s'est suicidé quelques minutes à peine après avoir été expulsé de son appartement dans lequel il vivait depuis 30 ans.
Un llogater se suïcida després que el desnonin a Sabadell #habitatge #envelliment #sensellarisme https://t.co/nEmorvKZ6C
— Andrés Labella (@andreslabella) March 22, 2024
Selon les informations recueillies par le journal Ara.cat, aucun agent social des services municipaux n'a été dépêché sur les lieux pour assister les locataires expulsés. Un homme et sa femme, présentant des problèmes de mobilités. C'est donc seuls qu'ils se seraient retrouvés face aux agents judicaires suite à plusieurs impayés, ce qui selon les informations communiquées par le journal n'était pas habituel pour le couple même si celui-ci s'était déjà trouvé en difficulté de paiement. Juste après avoir été informé de l'ordonnance du tribunal et de l'expulsion, l'homme aurait quitté le domicile pour se diriger vers une petite colline dans un parc de la ville et s'est suicidé.
Un drame qui témoigne de la détresse de certains locataires à assumer des loyers dont les prix ne font que flamber. Cette année en Catalogne, c'est la troisième fois que la perte d'un logement entraîne la mort d'une personne.