Plus d'habitants, moins de médecins. Dans les Pyrénées-Orientales, il faut être patient pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste, et même ingénieux pour espérer trouver un médecin traitant. Une situation compliquée qui pourrait encore s'accentuer dans les années à venir.
Patient cherche docteur désespérément. Les Pyrénées-Orientales sont en manque de soins. Entre 2010 et 2022, le nombre de généralistes aurait baissé de 9%. Ils sont 107 comptabilisés sur l'ensemble du territoire catalan, soit un tiers de moins que la moyenne nationale. Une situation alarmante d'autant que 10% des habitants du département se retrouveraient aujourd'hui sans médecin traitant. C'est le cas de Malika, étudiante en droit à la faculté de Perpignan, qui souffre de maladies chroniques.
Je n'ai plus de médecin traitant depuis deux ans et trois mois. Je suis atteinte de polypathologie. On se sent perdu, délaissé. Je ne peux pas avoir de suivi régulier. C'est catastrophique. L'Etat aurait dû anticiper ce genre de chose.
Malika, habitante des Pyrénées-Orientales
Un problème au quotidien qui handicape la population. Soulagé déjà d'être suivi par son médecin traitant, Antoine, lui, dit avoir "la chance" de ne pas avoir à consulter de spécialistes, ce qui n'est pas le cas de son épouse.
C'est très dommageable de devoir attendre des mois, ne serait-ce que pour avoir une simple échographie ou une IRM. Ça engendre des conséquences pathologiques importantes. Ma femme a dû attendre trois mois pour une IRM de l'épaule. En trois mois, sa pathologie s'est aggravée et elle a dû subir une opération chirurgicale plus importante et avec des suivis plus lourds ... Tout ça représente un coup en plus pour la sécurité sociale.
Antoine, Habitant des Pyrénées-Orientales
À l'échelle de la région Occitanie, 600.000 personnes seraient aujourd'hui sans médecin traitant. À Perpignan, la municipalité avait lancé une étude auprès de sa population. À la lecture des résultats, elle estime que ce phénomène concerne un habitant sur huit. De son côté, grâce à une autre enquête, la CGT a également recueilli les témoignages de 650 résidents. Le syndicat rapporte un renoncement de soin chez 32% d'entre eux. En cause, principalement, le manque chronique de médecins, des délais de rendez-vous longs parfois jusqu'à un an d'attente selon les spécialistes, l'éloignement géographique ainsi que les dépassements d'honoraires. Des raisons qui conduisent donc de nombreux patients à renoncer aux soins. Face à cette situation, les représentants syndicaux appellent à la mobilisation.
Le "groupe des neuf" a décidé de travailler ensemble sur cette question. On voudrait mettre en place des collectifs citoyens pour essayer de faire bouger les lignes autant sur le plan départemental que national.
Michel Chabasse, Responsable secteur santé à l'Union syndicale des retraités des P.O.
Une bataille pour la santé qui s'annonce ardue avec une première réunion publique prévue le 22 novembre prochain. En ligne de mire, pour le "groupe des neuf", "la création de véritables centres de santé, pluridisciplinaires en lien avec le service public pour pouvoir combattre les déserts médicaux dans ce département."