Parler de violences conjugales est déjà difficile lorsqu'on est victime, mais encore plus en milieu rural faute de structure, ou par peur d'être isolée de la communauté. Depuis quelques mois, deux associations proposent une permanence en Cerdagne, pour permettre de parler en toute sécurité dans ce territoire de montagne.
Il aura fallu 30 ans pour que Marie prenne conscience d'un quotidien de violences et d'emprise, même si la route est encore longue. "Je n’arrive pas à me dire que c’est celui qui a partagé 30 ans de ma vie qui m’a détruite." Des mots encore plus difficiles à poser au cœur de la Cerdagne. Un territoire rural où règnent une grande proximité et la crainte d'être jugée.
Peur du regard des autres
"Le regard de tous les passants... Je n'arrive pas à fixer, à lever la tête. Je regarde systématiquement au sol et ça c'est compliqué."
Qui sait, qui ne sait pas ? Qu'est-ce qu'on a pu raconter de moi ?
Marie, victime de violences conjugales pendant 30 ans
"J’avais peur que ça se répande autour de moi, je me sentais ridicule, c’était un sentiment vraiment de honte, témoigne Marie, interrogée par Marie Boscher et Romane Sabathier à Boug-Madame, dans les Pyrénées-Orientales. Le regard des autres même des gens que je ne connais pas."
Surmonter la honte
Un sentiment de honte que Marie a pu surmonter grâce à la permanence de France Victimes et de l'Apex, ouvertes à Bourg-Madame il y a un an et demi. Comme elle, une trentaine de femmes ont trouvé ici un lieu d'écoute et de conseils. Très précieux dans ce territoire où la parole des victimes conjugales est souvent plus difficile à libérer.
"Les gens se connaissent ici du coup, c'est parfois plus difficile pour eux de s'exprimer sur leurs difficultés car elles sont vécues dans un cadre privé et parler de ça à des gens que l'on connaît, c'est plutôt compliqué", explique Christelle Giboulot, intervenante sociale à l'Apex 66.
Comment s'en sortir ? L'aide de la permanence
En plus d'être un lieu d'écoute, la permanence peut fournir des kits d'hygiène pour les départs du domicile. Des bons pour un taxi afin de se déplacer dans le département. Ou un accompagnement juridique.
"Comment on peut porter plainte ? A-t-on besoin d'aller à la gendarmerie ? Mais moi, j'ai peur d'aller à la gendarmerie car peut-être que je connais un gendarme. Mais non, vous avez la possibilité d'écrire un courrier au procureur. La plupart des victimes ne savent pas et pourtant, elles peuvent le faire", ajoute Célia Delforge, Juriste France victimes 66.
Le département des Pyrénées-Oirentales compte six permanences relais pour permettre à toutes et tous d'être accompagnés face aux violences conjugales.
Où se rendre ?
Les nouvelles permanences des associations (APEX, France Victime, Planning familial) ont lieu sur le site d’Auchan à Perpignan, du lundi au jeudi de 9h à 17h et le vendredi de 14h à 17h. au 06.28.78.57.89
Les Associations France Victimes 66, APEX et le Planning Familial 66 effectuent des permanences Relais à : Bourg-Madame, Saint-Laurent-de-la-Salanque, Port-Vendres et Saint-Paul-de-Fenouillet.
Pour toute information sur ces permanences, vous pouvez contacter France Victimes 66 au 04 68 34 92 37
– Le CIDFF informe, oriente et accompagne le public, en priorité les femmes, dans des domaines aussi variés que l’accès aux droits, la lutte contre les violences sexistes, l’emploi, la formation professionnelle.
–Les Intervenantes Sociales de l’UDAF 66 exerçant en Gendarmerie et Commissariat peuvent vous accueillir, vous écouter, vous informer et vous accompagner dans une démarche de plainte : www.udaf66.fr/content/accompagnement-social
–Les Point-Justice 66 – 3039 proposent des conseils et informations juridiques en matière d’accès au droit gratuitement auprès de professionnels du droit et des associations (avocat, notaire, commissaire de justice, juristes du CIDFF, France Victimes 66, UDAF 66, le défenseur des droits, conciliateur) www.cdad66.com
Les Sites de référence sur les violences sexistes et sexuelles : www.ledepartement66.fr et https://arretonslesviolences.gouv.fr/