Deux candidats étaient en lice pour succéder à Marine Le pen à la tête du parti d'extrême droite. Jordan Bardella qui était largement favori a battu Louis Aliot, le maire de Perpignan. Celui-ci est nommé 1er vice-président. De nombreux élus RN du Gard, de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales intègrent le bureau national du parti.
Jordan Bardella a été élu samedi président du Rassemblement national avec près de 85% des voix contre Louis Aliot, le maire de Perpignan, a annoncé la dirigeante sortante Marine Le Pen lors d'un congrès du parti à Paris. L'eurodéputé de 27 ans, qui doit prononcer un discours en fin de journée, a indiqué à plusieurs reprises qu'il entendait soutenir une nouvelle candidature de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2027.
Louis Aliot est cependant nommé 1er vice-président du parti. Dans son discours, après avoir félicité Jordan Bardella pour son élection à la tête du RN ajoutan notre mouvement est attendu par le peuple de France . "La seule ligne que je porterai, que nous porterons c'est celle portée depuis plus de dix ans par notre candidate qui reste à l'Assemblée nationale le fer de la ce de l'autorité, le garant de l'opposition à cette abominable coalition qui siège contre nous et dont on a pu voir la collusion dans la récente affaire qui a secoué le Palais bourbon. Cette ligne à laquelle j'ai contribué depuis 20 ans, je continuerai à la promouvoir et à la défendre" a martelé Louis Aliot dans son discours.
C'est sur chaque marché, dans chaque foyer et chaque boîte aux lettres que la bataille se gagnera et c'est pour cela que notre implantation locale sera d'une absolue nécessité.
Louis Aliot, premier vice-président du RN18 ème congrès du RN
France Jamet, conseillère régionale d'Occitanie et députée au parlement européen, Stéphanie Galzy députée de la 5e circonscription de l'Hérault et Aurélien Lopez-Liguori, député de la 7e circonscription de l'Hérault, intègrent le bureau national. Deux proches de Louis Aliot, Anaïs Sabatini, députée de la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales, et Sophie Blanc, députée de la 1ère circonscription des Pyrénées-Orientales élues en juin dernier rejoignent à leur tour le bureau national. Jean-Paul Garraud, président du groupe RN au Conseil régional d'Occitanie et député européen, fait partie du bureau exécutif
Deux Gardois
Le bureau national du RN compte deux élus gardois. Il s’agit de Julien Sanchez et Yoann Gillet. Le premier, maire de Beaucaire et porte-parole national du parti, a été nommé vice-président du Rassemblement National, membre du bureau exécutif et national, arrivant en 10ème position. Le second, néo-député de la première circonscription du Gard, est arrivé en 54ème position.
Mais l'exclusion d'un député Rassemblement National pour des propos jugés racistes est venue perturber l'intronisation attendue. Le RN semblait rattrapé par ses vieux démons lorsque ses députés, Marine Le Pen comprise, ont été les seuls vendredi à rester assis au moment du vote dans l'hémicycle de l'exclusion temporaire de Grégoire de Fournas, élu de Gironde, après la vague d'indignation suscitée par ses propos jugés racistes.
La stratégie de banalisation du parti, qu'a promis de poursuivre Jordan Bardella, s'en trouve ébranlée. D'autant que le député sanctionné a régulièrement affiché son soutien au candidat. Initialement pourtant, le weekend devait être l'opportunité d'orchestrer une transition tranquille dans un parti à l'histoire mouvementée.
Faux suspense
En effet le résultat du vote des adhérents révélé ce samedi 5 novembre à la Mutualité à Paris, a mis fin à un faux suspense: après trois mois de campagne, nul n'imaginait que le président par intérim échouerait face à son rival, le maire de Perpignan Louis Aliot.
"La question, c'est l'ampleur de sa victoire", résumait un cadre, alors que l'eurodéputé s'était fixé pour objectif d'obtenir au moins 67,65% des voix, le score obtenu par Marine Le Pen face à Bruno Gollnisch pour succéder à Jean-Marie Le Pen il y a onze ans.
Originaire de Seine-Saint-Denis, celui qui a fêté mi-septembre ses 27 ans s'est surtout révélé lors de la campagne présidentielle au gré de débats télévisés où son aisance et son habileté ont parfois mis en difficulté des contradicteurs chevronnés.
Populaire auprès de la base militante, Jordan Bardella loue sa "relation singulière d'une confiance inestimable" avec Marine Le Pen, à qui il jure régulièrement fidélité et loyauté. Mais il est présenté par certains cadres comme "la créature" de la patronne de l'extrême droite française.
Au-delà de ses propres ambitions, c'est sa ligne, voire ses amitiés politiques que mettent en exergue ses détracteurs, l'eurodéputé étant soupçonné d'accointances avec les "identitaires" et d'une trop grande mansuétude envers ceux qui étaient partis chez Eric Zemmour.
Mi-octobre, son empressement à vouloir participer à une manifestation initiée par Reconquête ! après le meurtre de la jeune Lola à Paris - il y a renoncé in extremis - a accentué le trouble : a-t-il le flair nécessaire, quelles sont ses convictions réelles ?
Seul maire d'une grande ville
Seul édile RN d'une ville de plus de 100 000 habitants, Louis Aliot s'était vite engouffré dans la brèche, fustigeant dans une tribune "les excès pratiqués par le Front national d'un autre temps", les "identitaristes" et, surtout, "les adeptes du grand remplacement". Une expression que seul Jordan Bardella avait reprise à son compte, en août 2021, quand Marine Le Pen y a toujours opposé une grande circonspection.
Jordan Bardella avait reproché dans le JDD "aigreur et mauvaise foi". "C'est qu'il a mal compris", lui avait répondu Louis Aliot. Celui qui avait dirigé le Front national de la jeunesse dans les années 90 avait mis en avant son expérience et ses responsabilités d'élu local autant qu'une forme d'ouverture politique - il avait recruté un ancien collaborateur du feu leader socialiste Georges Frêche.
Louis Aliot espérait pouvoir s'appuyer sur un score correct pour peser dans la prochaine direction, mais le maire de perpignan n'a recueilli que 15 % des voix.
Avec AFP