L'avocate générale a également réclamé une période de sûreté équivalente aux deux tiers de la peine et un suivi sociojudiciaire de 30 ans. Les réquisitions sont tombées en milieu de matinée au procès de Thierry Cahuzac devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales. Il est jugé depuis lundi pour l'assassinat de ses parents et beaux-parents en août 2020.
30 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers de la peine. Voilà le réquisitoire de l’avocate générale vendredi 8 décembre 2023 devant la cour d'assises de Pyrénées-Orientales. Elle requiert aussi un suivi sociojudiciaire de 30 ans avec injonction de soins et une interdiction de rentrer en contact avec toutes les parties civiles.
Enfin, compte tenu de l’extrême dangerosité de l’accusé, l'avocate générale ajoute une période de rétention de sûreté à l'issue de la peine. En d'autres termes, la dangerosité de Thierry Cahuzac sera réévaluée deux ans avant la fin de sa peine par un juge qui pourra décider de son placement dans un centre socio-médico-judiciaire, s'il le juge nécessaire.
L'altération du discernement
L’avocate générale a rappelé combien cette affaire est exceptionnelle, "tant il s’agit de faits graves, tant la personnalité de Thierry Cahuzac est singulière".
L'accusé revendique son geste, quatre meurtres exécutés de sang-froid, méthodiquement et largement préparés. "Thierry Cahuzac a volontairement tué Claude et Alain Cahuzac, George et Michèle Bertran, et ce avec préméditation, a assuré l’avocate générale. Reste donc la question de la responsabilité pénale de l’accusé, le "petit procès dans le grand procès". "Mon intime conviction c’est que M. Cahuzac est responsable pénalement."
"Je l’ai cette intime conviction, et vous aurez la vôtre", a lancé l’avocate générale aux jurés qui se sont retirés pour délibérer. Leur verdict est attendu en fin de journée. Elle ne demande pas la réclusion criminelle à perpétuité, car elle retient une "altération du discernement".
La préméditation
C'est l'une des questions longuement débattues lors de procès qui aura duré cinq jours. Y a-t-il eu oui ou non préméditation ? L'avocate générale a partagé vendredi matin sa conviction et ses arguments. Thierry Cahuzac a répété à plusieurs reprises depuis 2020 qu'il avait qu’il avait prémédité son geste. "Déjà, j’ai téléphoné avant prétextant venir chercher une agrafeuse professionnelle", avait-il dit aux enquêteurs. Le choix d'un week-end d'été, celui des 22 et 23 août 2020, parce qu’il y a moins de forces de l’ordre en été, moins de monde le week-end, confirme cette préméditation selon l'avocate générale.
La magistrate du parquet a poursuivi son argumentaire. Thierry Cahuzac a choisi le couteau qui avait la lame la plus longue, "la plus dure" dira-t-il, car il voulait être certain d’engendrer des coups mortels. Il va tuer en premier sa mère, parce que c’est elle qui crie le plus et qu'il ne veut pas attirer l’attention. L'avocate générale rappelle ensuite la scène qui se déroule quelques minutes avant les meurtres de ses parents : "ils sont tous les trois dans la cuisine, en train de papoter, de bavarder, de boire un café. Il se lève, va dans les sanitaires juste en face pour réfléchir, pour délibérer avec lui-même, parce qu’il y a 90% de chance dans sa tête qu’il va commettre les faits, mais il y avait 10% de doute, il n’était pas sûr. Il y réfléchit, il pense à plusieurs choses, il va sortir des sanitaires et là il va prendre le couteau et il va assassiner ses parents."
"On ne peut que retenir la préméditation", conclut l'avocate générale.