Procès. Jugé pour quatre assassinats, Thierry Cahuzac s'emporte et hurle aux assises de Perpignan, convaincu qu'il "a fait le bien"

Thierry Cahuzac est jugé depuis lundi pour les meurtres prémédités de ses parents et de ses beaux-parents en août 2020 dans les Pyrénées-Orientales. Lors du deuxième jour de procès, l'accusé s'est emporté, obligeant la présidente de la cour d'assises à interrompre l'audience.

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Ce deuxième jour ne devait être consacré qu’aux faits, mais c’est la personnalité de l’accusé qui s'est imposée. Un homme qui persiste encore et toujours : il s’est rendu justice et il a "fait le bien", notamment pour ses enfants Laura et Rémi. Alors qu’il est interrogé sur le mal qu’il a pu leur faire en tuant leurs quatre grands-parents, Thierry Cahuzac réplique qu’il a fait ça parce qu'"on [l]'a éloigné de [s]es enfants".

On m'a volé treize Noëls avec mes enfants, on m'a volé treize anniversaires de Laura, on m'a volé treize anniversaires de Rémi.

Thierry Cahuzac

L’accusé se tourne vers sa fille pour lui parler et s’emporte soudainement, se mettant à hurler à ses enfants qu’il les aime. La présidente suspend la séance et fait évacuer la salle, alors que la famille se réunit, en larmes pour beaucoup, sur les marches du palais de justice. Dans la matinée, l’ex-épouse de Thierry Cahuzac et sa fille avaient dû quitter la salle, très éprouvées par le récit fait par les médecins légistes des blessures infligées aux victimes.

C’est là un exemple de toute l’imprévisibilité de l’accusé, qui s’est fait remarquer lundi par ses interruptions intempestives, mais est resté relativement calme et discret à la reprise de l'audience ce mardi matin. Et la complexité d’un être capable de raconter avec la même précision les souffrances de son enfance, et la préparation méticuleuse des quatre meutres qu'il est accusé d'avoir commis.

Il fallait que les voisins de mes parents ne soient pas là, il fallait que ce soit un week-end, obligatoirement il fallait que ce soit fin août et pas septembre-octobre pour que mes ex beaux-parents ne ferment pas les volets et que je puisse entrer.

Thierry Cahuzac

"

C’est extrêmement difficile de défendre un accusé comme M. Cahuzac", concède son avocat, Me Franck Chassonnaud, saisi il y a moins d’un mois. "C’est une personnalité particulière", décrit-il, "un homme à vif, à cœur". 

S’il revendique ce qu’il a fait, c’est qu’au fond de lui, dans son cœur, dans son âme, il a cette conviction d’être l’homme de bien quand les victimes étaient de mauvaises personnes.

Me Franck Chassonnaud, avocat de Thierry Cahuzac

Des victimes que cette deuxième journée de procès a permis de mieux connaître. Les parents de l'accusé, d'abord, à travers l'audition de voisins. L'une décrit une femme "un peu bête", férue de maraboutage et de cartomancie, qui avait tendance à parler de sa vie intime "à tout le monde". "Elle me disait qu'elle n'avait pas la fibre maternelle", confie cette retraitée, "et qu'un jour ça finirait mal entre le père et le fils." L'autre raconte un accusé discret, "presque un étranger" aux yeux du père avec qui il s'était longuement fâché.

Quatre ou cinq mois avant les faits, elle m'a dit que son fils allait les tuer.

Un témoin

Interrogé, Thierry Cahuzac n'aura pour ses parents que le regret de les avoir eus pour père et pour mère. "Je me suis fait attaquer, je réponds. Il ne faut pas oublier que ce sont des années de souffrance (…) Il n'y avait pas d'amour, ma mère m'a pourri la vie et mon père n'a pas protégé son enfant." 

Quant à ses beaux-parents, l'accusé les décrit comme malveillants, égoïstes et hypocrites. "Mes enfants ne méritaient pas d'avoir des grands-parents comme ça", soutient-il. 

L'homme de 53 ans conteste toujours le nombre de coups de couteau porté à ses victimes. Et lorsque son fils se présente à la barre en toute fin de journée pour témoigner et raconter une agression qu'il commet sur sa mère devant les deux enfants à Noël 2011, il ne s'empêche pas de faire non de la tête pour signifier son désaccord sur certains points.

L'audience reprendra mercredi matin. Une journée consacrée à l'examen de la personnalité de l'accusé, déjà largement abordée sur les deux premiers jours d'audience.

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