Justice. Procès des quatre assassinats de Perpignan : la responsabilité pénale de Thierry Cahuzac divise les experts

Au quatrième jour du procès de Thierry Cahuzac, sa personnalité a été disséquée par des experts en psychiatrie qui ne s'accordent pas sur sa responsabilité pénale. Une question qui pèsera sur la peine qui pourra être infligée à l'homme jugé pour les assassinats de ses parents et ses beaux-parents en août 2020 dans les Pyrénées-Orientales.

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"Ce n’est pas parce qu’un acte est fou que la personne est folle". Ces mots, simples mais forts, sont ceux lâchés par le troisième expert appelé à la barre pour présenter son analyse psychiatrique de l’accusé. Car c’est là que reposait tout l’enjeu de cette quatrième journée : déterminer la responsabilité pénale de Thierry Cahuzac. Est-il totalement, ou partiellement, dans le contrôle de ses actes ? Ou est-il trop malade au niveau psychiatrique pour être jugé responsable de ce quadruple assassinat, qu’il revendique ? 

Délire, paranoïa, persécution

Au cours de sa détention provisoire, trois collèges d’experts l’ont rencontré. Deux ont conclu que son discernement était altéré. Ils notent que Thierry Cahuzac souffre de "dépression", d’un "sentiment de persécution", qu’il présente des traits "paranoïaques" et "délirants". Mais, l’un d’eux, le Dr Florent Trapé, l’assure : "On peut exclure une bouffée délirante aiguë chez M. Cahuzac, mais on peut voir évoluer une activité délirante à bas bruit" qui lui fait "[interpréter] tout ce qui lui arrive au quotidien" dans le sens de ses convictions. 

Cette personnalité pathologique faite de méfiance et de toute puissance n’entre pas dans l’abolition du discernement.

Dr Trapé 

De "graves erreurs de jugement qui ont surmotivé son passage à l’acte", complète le Dr Claude Aiguesvives, un autre expert, qui rappelle que l’accusé est "rassemblé", "rattaché au réel". Ce psychiatre habitué des cours d’assises exclut totalement l’abolition. "Ce dossier, c’est une leçon de sémiologie et de criminologie qui me conduit à écarter toute forme d’irresponsabilité pénale." 

Dans la salle, Dominique Bertran et ses enfants, soufflent de soulagement à l’écoute de ces mots. Ils espèrent que celui qui a tué par quatre fois leurs parents et grands-parents respectifs sera reconnu pleinement responsable. "On veut être protégés et qu’il soit enfermé le plus longtemps possible", rappelait son ex-épouse mercredi à la barre. 

Moi l'optique, c'est qu'on puisse retranscrire la douleur infinie des familles. Je suis intimement convaincu qu'il est responsable pénalement (...) Le discours de M. Cahuzac montre qu'il est pleinement responsable de ses actes.

Me Matthieu Vachet, avocat des parties civiles

La question des soins

La Cour a également entendu l’un des experts du collège qui avait retenu l’abolition de discernement chez l’accusé. Le Pr Christophe Arbus diagnostique un "trouble mental chronique sous la forme d’un trouble délirant psychotique". En clair : Thierry Cahuzac "est très malade" et ça ne date pas d’hier. "Lorsque nous le voyons en détention en août 2021, nous pouvons affirmer qu’il est dans le même état qu’un an auparavant", au moment des faits pour lesquels il comparaît cette semaine devant la Cour d'assises de Perpignan.

S’il "peut entendre" que l’altération simple soit retenue par ses confrères, le Pr Arbus explique la nécessité "absolue" que l’accusé reçoive un traitement même si celui-ci s’y refuse totalement. Et, souligne-t-il, "les conditions d’incarcération ne sont pas favorables à l’amélioration des problèmes psychiatriques." Le psychiatre préconise donc une hospitalisation complète dans une structure adaptée et sécurisée, comme les UMD, unités pour malades difficiles. 

On ne soigne pas la maladie mentale en prison.

Pr Arbus 

Verdict attendu vendredi

Thierry Cahuzac encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité si sa responsabilité pénale est retenue, et de 30 ans au maximum avec une période de sûreté de 20 ans, si celle-ci est reconnue comme altérée. La possibilité de la levée de cette diminution de peine sera débattue ce vendredi après le réquisitoire et la plaidoirie de la défense. Du jamais vu, selon certains magistrats. 

Le verdict est attendu en fin de journée.

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