L'eurodéputé catalan Carles Puigdemont arrêté en Sardaigne

L'eurodéputé indépendantiste et ex-président catalan Carles Puigdemont, en exil en Belgique depuis 2017 après la tentative de sécession de la Catalogne, a été arrêté en Sardaigne, a annoncé jeudi son avocat Gonzalo Boye.

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Âgé de 58 ans, Carles Puigdemont a été arrêté par la police aux frontières italienne lors de son arrivée à l'aéroport d'Alghero, ville de Sardaigne aux fortes influences catalanes. Le député européen sera rapidement présenté aux juges de la Cour d'appel de Sassari, compétents pour juger sa situation au regard du droit européen.

Le président Puigdemont a été arrêté à son arrivée en Sardaigne, où il se rendait en tant qu'eurodéputé. Son arrestation a eu lieu sur la base d'un mandat d'arrêt européen datant du 14 octobre 2019.

Gonzalo Boye, avocat de Carles Puigdemont.

Les proches de Carles Puigdemont ont précisé que celui-ci s'était rendu en Sardaigne pour participer à un festival culturel et rencontrer des élus de l'île italienne. Alghero est en effet la seule ville d’Italie où le catalan est reconnu comme langue officielle. Le dialecte alguérois, né au XIVème siècle et parlé par 30 % de la population, est fortement influencé par le catalan. La ville est d'ailleurs surnommée "Barceloneta" en raison de ses liens avec la Catalogne.

Appels à manifester vendredi

400 militants indépendantistes se sont spontanément rassemblés sur l'avenue Diagonale à Barcelone.

Les associations et partis indépendantistes appellent aussi à manifester ce vendredi, jour férié en Catalogne, devant le consulat d'Italie à Barcelone. Leurs porte-parole estiment que cette procédure est une menace pour le processus d'apaisement en cours.  En effet, l'arrestation de Carles Puigdemont intervient alors que le gouvernement espagnol et l'exécutif régional catalan ont engagé des négociations pour trouver une issue à la crise politique ouverte par la tentative de sécession de 2017.

L'arrestation de M. Puigdemont correspond à une procédure judiciaire en cours qui s'applique à tout citoyen de l'UE devant répondre de ses actes devant les tribunaux. M. Puigdemont devra se soumettre à l'action de la justice comme tout autre citoyen.

Isabel Rodríguez García, porte-parole du gouvernement espagnol

Des centaines de personnes réunies à Gerone devant la maison de la Generalitat de Catalogne.

Les soutiens indépendantistes de Catalogne réagissent dans les rues.

Situation juridique complexe

Le 9 mars 2021, le Parlement européen a levé l'immunité parlementaire de Carles Puigdemont et de deux autres eurodéputés indépendantistes. Décision confirmée le 30 juillet 2021 par la Cour de Justice de l'Union Européenne. Un recours a aussitôt été introduit par Gonzalo Boye, avocat de Carles Puigdemont, mais rien n'indique que cette procédure suspende le mandat d'arrêt.

Poursuivi pour "sédition" et "détournements de fonds publics", destitué de son mandat de Président de l'éxécutif régional par le gouvernement espagnol, Carles Puigdemont s'est exilé en Belgique depuis la tentative de sécession manquée de 2017 et n'a pas bénéficié de la grâce accordée en juin 2021 à neuf indépendantistes incarcérés.
L'actuel gouvernement espagnol dirigé par le socialiste Pedro Sánchez souhaite que Puigdemont soit jugé en Espagne. En mars 2018, Carles Puigdemont a déjà été arrêté en Allemagne et remis en liberté quelques jours plus tard après qu'un juge allemand ait décidé l'abandon des poursuites pour "rébellion". 

Une crise qui dure depuis quatre ans

Le 1er octobre 2017, malgré l'interdiction de la justice espagnole, le gouvernement régional présidé par Carles Puigdemont a organisé un référendum d'autodétermination. le 27 octobre 2017, l'indépendance de la Catalogne est adoptée par une majorité des élus au parlement régional de Catalogne et proclamée par les dirigeants indépendatistes.

S'appuyant sur l'Article 155 de la constitution espagnole de 1978 relatif aux obligations des communautés autonomes, le gouvernement espagnol décide alors de placer la région sous tutelle et d'arrêter les dirigeants indépendantistes pour les juger.

De nombreuses réactions politiques en Occitanie et en Catalogne

Le député d'Occitanie (ex-LREM) Sébastien Nadot a condamné cette arrestation. 

L'ex-député européen et conseiller régional, tête de liste des Verts en 2010, Gérard Onesta a également relayé un appel à manifester, à Toulouse place du Capitole ce vendredi.

En Catalogne, fief de Puigdemont, les soutiens politiques se multiplient.

La question est donc désormais de savoir si la justice italienne acceptera d'extrader Carles Puigdemont vers l'Espagne ou bien si elle le relâchera.

Le Premier ministre de gauche espagnol Pedro Sanchez a affirmé vendredi que Carles Puigdemont devait "se soumettre à la justice".

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