L'éboulement s'est produit d'un coup, le week-end dernier. À Amélie-les-Bains-Palada, dans les Pyrénées-Orientales, la petite route communale qui mène au mas Pagris est détruite sur plusieurs dizaines de mètres. Une catastrophe qui, fort heureusement, n'a pas fait de blessés.
"Plus de route pour quitter ou rejoindre notre maison au mas Pagris ! La montagne a tout emporté! On a pris quelques affaires et on est passé par les pistes pour redescendre tant que c'était possible. La montagne s'effondre de partout !"
Cette ancienne journaliste est encore sous le choc. Christine Allix accuse le coup près d'une semaine après l'effondrement de la route qui relie la maison qu'elle loue avec sa famille et Amélie-les-Bains-Palada. "Mon fils partait travailler. À 7h, il m'a téléphoné pour me dire que la route s'était effondrée et qu'on ne pouvait plus passer. Quand je suis arrivée sur place, j'ai vu sa voiture mais pas lui. J'ai eu très peur que mon fils ait été emporté. J'ai été soulagée en le voyant revenir."
L'éboulement pourrait s'être produit entre 1H et 6H du matin, explique Christine qui fait le lien avec la coupure du réseau internet. "À 1h on avait encore Internet, à 6h c'était coupé".
Isolés du monde
Christine fait partie des familles qui vivent isolées au-dessus de l'éboulement. Quelques mas et une douzaine de personnes se retrouvent aujourd'hui coupés du monde. La route qui s'est effondrée est la seule qui leur permet de ralier Amélie-les-Bains-Palalda.
Très vite arrivée sur les lieux, Marie Costa, la mairesse d'Amélie, s'inquiète de cette situation qui risque de durer. "Après la sécheresse de ces trois dernières années, les pluies importantes de ces dernières semaines ont fragilisé la montagne. La DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) et la RTM (services de Restauration des Terrains de Montagne) estiment qu'il y a encore un risque élevé que cela se reproduise." Hors de question alors de prendre le risque que des personnes soient blessées.
Seule solution, passer par une piste forestière. C'est d'ailleurs ce chemin qu'a emprunté Christine. Elle s'est résolue à quitter son domicile grâce à la solidarité de ses voisins qui l'ont escortée avec leur 4X4. "On a juste pris quelques affaires en urgence et on est parti. C'est traumatisant. Mais c'est surtout aux autres propriétaires que je pense, à ceux qui ont les gîtes et à ceux qui ont les chevaux, comment ils vont faire pour le foin ?"
Relogée en urgence par la Mairie d'Amélie, Christine pense maintenant à celles et ceux qui ont fait le choix de rester et pour qui les allers-retours sont une véritable galère.
"On ne reconstruira pas la route"
"Jusqu'à présent, ces habitants se trouvaient à 25 minutes d'Amélie. Là, par la piste forestière, il leur faut une heure et demie", explique la mairesse Marie Costa qui étudie depuis plusieurs jours les options. "C'est très compliqué pour les habitants mais on ne reconstruira pas la route qui s'est effondrée, c'est trop dangereux et en plus il y en aurait pour au moins 2 millions d'euros. Mais le plus important, c'est la sécurité. La DDTM m'a dit que ça pouvait retomber ailleurs."
Pour redonner un passage au hameau, la réflexion semble plutôt se porter sur la piste forestière, habituellement utilisée par les pompiers et qui mène à Saint-Laurent-de-Cerdans. Selon la mairesse, "le but est de stabiliser la piste, de l'arranger, de la goudronner afin d'en faire une voie carrossable. Cela permettrait de réduire leur trajet à 45 minutes. Ce n'est pas idéal mais mieux vaut ça que de se retrouver en bas du ravin."
Cette piste forestière représenterait donc la seule option possible pour désenclaver cette vallée fermée.
En attendant le rapport des experts, la Mairie a d'ores et déjà pris le parti de commencer à arranger la piste forestière. Les habitants du hameau devront toutefois s'armer de patience avant de retrouver le chemin du village.