À Perpignan, nous nous sommes rendus au cœur du quartier Saint Jacques, animé par une polémique concernant la démolition de plusieurs logements jugés insalubres. Pendant ce temps, Victorine a fait rénover son îlot de trois étages, 50 ans après son arrivée dans le quartier.
Victorine Vilalta a plus de 80 printemps. Nous sommes partis à sa rencontre, au cœur du quartier Saint Jacques de Perpignan. Son quartier, elle l’aime. Elle lui dédie même des poèmes.
"Saint Jacques
Saint Jacques, vieux quartier de Perpignan,
Où je vis depuis cinquante ans.
C'est un endroit, pittoresque et historique
Mais qui déchaîne les passions, car sujet à polémiques.
Là son église Saint-Jacques,
Avec son clocher carré,
Datant des siècles derniers.
Où quelques jours avant Pâques,
Pour maintenir la tradition,
Vois défiler la procession.
Mais d'autres lieux, sont aussi à visiter,
Des sites intéressants, qu'il faut surtout protéger.
Il ne faut pas oublier,
La grande place du marché,
Qui attire chaque jour, de ce quartier les habitants,
Mais aussi de la région, et bien sûr de Perpignan.
La foule est cosmopolite, et le peuple est différent,
Mais il faut, sans aucun doute, chacun être tolérant,
Car Saint-Jacques, du haut des Cieux,
Est protecteur de tous ces lieux."
Victorine AMORETTI VILALTA, le 9 Septembre 2018.
Son îlot sur le point de s’effondrer
Victorine Vilalta est propriétaire de son propre îlot de trois étages depuis 1968. Elle avait acheté ce logement avec son ex-époux. Plus le temps passait, plus le logement se dégradait. Jusqu’au point de tomber en ruine.
En novembre 2012, Roland, le fils de Victorine, a décidé de prendre les choses en main, et d’aider sa mère à s’en sortir. Car il était hors de question pour elle de quitter son îlot.
Il fallait tout changer et moi je n'avais pas les moyens de le faire. Et alors, évidemment je ne pouvais pas vivre continuellement comme ça. J'étais pas SDF parce que j'avais un toit quand même mais je ne vivais pas dans le confort. Je vivais comme je pouvais.
La solution : tout refaire du sol au plafond
Victorine Vilalta a une petite retraite. Face à la vétusté de son logement, elle n’avait pas d’autre choix que de tout rénover du sol au plafond. Mais cela a un coût. Alors Roland, son fils, a contacté plusieurs acteurs. En décembre 2012, il décrochait un rendez-vous avec l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH), puis avec des architectes et des entreprises de rénovation.
Plus de 100.000 euros de travaux
Ces travaux, qui auront duré trois ans, auront coûté plus de 100.000 euros. Un budget conséquent. Victorine Vilalta n’aurait pas pu financer cela seule. La famille a bénéficié de plusieurs subventions (de l’ANAH, entre autres) et aides financières privées, à hauteur de 70.000 euros.
Trois ans après le début du projet, voici le résultat :
Une chose est sûre : Victorine Vilalta est satisfaite de ces travaux. Depuis, elle a une terrasse, avec une pièce lumineuse, au dernier étage. Elle y passe beaucoup de temps, seule ou avec ses amies.
On ne peut pas dire qu'on a gardé que les murs de côté parce qu'il y avait quand même les planchers, mais presque. La salle de bains n'existait pas, là c'était un bureau et la cuisine c'était une chambre. On a tout remodelé. C'est un travail extraordinaire, un travail de fou disons. Mais maintenant je suis bien, vous avez vu ma terrasse comment je suis bien !
Un parcours difficile
Avant d’arriver à ce résultat, le parcours aura été long et difficile. D’abord, Victorine a dû quitter son logement, le temps des travaux. Seul point positif : l’habitante vivait à côté de chez elle, dans un autre appartement, mais toujours dans le quartier Saint Jacques.
Ensuite, son fils Roland et sa compagne, ont dû se porter caution en hypothéquant leur propre appartement. Et pour cause, les banques étaient "frileuses" à l’idée d’aider Victorine.
Quant à elle, toute sa retraite passe dans le remboursement des crédits qui se terminent en 2023.
Un attachement incroyable au quartier Saint Jacques
Victorine insiste sur un point : elle veut finir sa vie dans Saint Jacques.
Elle a déjà passé plus de la moitié de sa vie dans ce quartier… Qu'elle espère voir se rénover petit à petit…Si je peux je veux mourir dans ma maison… Pas dans une maison de retraite, enfin si c'est possible (…) Saint Jacques, c'est chez moi.
Reportage d’Olivia Boisson, Cédric Métairon, Philippe Sportiche et Elisabeth Silveiro.