Maire de père en fils depuis 1894 : cet élu, en poste depuis 50 ans, compte passer la main

Comme son père et son grand-père, Jean-Marie Aris est maire de Sainte-Léocadie, village de 176 habitants dans les Pyrénées-Orientales. Mais cette dynastie arrivera bientôt à son terme : dans trois ans, l'édile de 77 ans raccrochera son tablier, après 50 ans de mandats marqués par une charge administrative croissante.

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Comme son père et son grand-père avant lui, Jean-Marie Aris est maire de Sainte-Léocadie, village de 176 âmes dans les Pyrénées-Orientales. Depuis 1894, la famille Aris a régné sur la mairie de cette commune, perchée à 1 300 mètres d'altitudes, presque sans interruption.

Mais cette dynastie arrivera bientôt à son terme. En 2026, à la fin de son mandat en cours, Jean-Marie Aris compte passer le relais après cinq décennies de mandats, marquées par une charge administrative grandissante.

Celui qui est devenu maire pour la première fois en 1973, à l'âge de 27 ans, reprenant le flambeau après le décès de son père, partira avec le sentiment du devoir accompli. "Tous les réseaux d'eau sont pratiquement neufs. Pour les réseaux électriques, c'est enterré, il n'y a pratiquement plus un seul poteau sur la commune. On a bien travaillé", se réjouit l'homme âgé aujourd'hui de 77 ans.

"Une charge importante"

En 50 ans, il a été le témoin de la transformation de la fonction de maire. Et il a vu grandir la charge de travail et les contraintes qui s'imposent aux élus, jusqu'à créer aujourd'hui une crise de la vocation chez les édiles.

À ses débuts à la mairie, Jean-Marie Aris exerçait son mandat à côté de son métier de commerçant. Il n'est devenu maire à temps plein que dans les années 2000, une fois l'âge de la retraite atteint. "Si j'avais eu l'entreprise aujourd'hui, ça aurait été difficile", confie-t-il. "Ça impose une charge importante de travail. Aujourd'hui, pour être maire, il faut être à la retraite ou être très libre", constate-t-il, devant le regard approbateur de son adjoint, qui pourrait reprendre le flambeau en 2026.

La principale cause de cette charge alourdie, c'est l'élargissement de sa commune : Sainte-Léocadie comptait 28 logements en 1973, contre plus de 600 aujourd'hui. Neuf maisons sur dix sont des résidences secondaires. Un bon nombre appartient à des familles espagnoles, souvent de la région de Barcelone. "Ça génère quand même des recettes supplémentaires" en impôts locaux, reconnaît l'édile. Et dans ce chapelet de hameaux désertés par les services publics et les commerces, le nerf de la guerre, c’est justement l’argent.

Aujourd'hui, pour être maire, il faut être à la retraite ou être très libre.

Jean-Marie Aris, maire de Sainte-Léocadie

à France 3 Pays catalan

"Le siècle de la réunionite"

Une des charges principales du maire revient en effet désormais à la recherche d'investissements. Président du département, sénateurs ou députés... À une époque, tous ont goûté à l’hospitalité locale, et se sont montrés généreux en retour. Mais les temps ont changé : "Ils ont moins de moyens. À l'époque, ils avaient l'enveloppe parlementaire. Quand on avait besoin d'une petite avance, on faisait appel à eux."

La réorganisation des pouvoirs au niveau local a aussi eu ses conséquences. "Quand la communauté de communes s'est créée, ça a ajouté beaucoup de réunions", se rappelle le maire. "C'est le siècle de la réunionite", plaisante-t-il même.

"Quand la communauté de communes s'est créée, ça a ajouté beaucoup de réunions."

Jean-Marie Aris, maire de Sainte-Léocadie

à France 3 Pays catalan

La secrétaire de sa mairie approuve. "Au début, j'étais là à mi-temps et à partir des années 1990, quand les Barcelonais ont commencé à construire, j'ai été à temps plein. Depuis, le travail n'est pas du tout le même qu'avant", confie la fonctionnaire, fidèle à son poste depuis 1986. D'un poste très polyvalent, elle est passée à des missions qui la poussent de plus en plus à "beaucoup de bureau". Elle aussi quittera son poste en 2026, pour prendre se retraite en même temps que son maire.

Heureusement, "au niveau de la commune, c'est encore convivial", avance ce dernier : "On ne pense qu'au positif. Le négatif, on l'oublie. C'est quand même une satisfaction de voir comment le village a évolué."

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