Poisson emblématique de la Méditerranée, le mérou se porte de mieux en mieux sur la côte Vermeille. Cette espèce protégée depuis 30 ans a trouvé un havre de paix dans la réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls, où sa population a été multipliée par 60 ! Le dernier comptage confirme la parfaite santé de ce prédateur qui domine la chaine alimentaire aquatique. Une bonne nouvelle aussi pour la faune sous marine.
Tous les trois ans, des membres de la réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls, accompagnés de plongeurs du parc naturel marin du Golfe du Lion, de l’université de Perpignan et de l’observatoire océanographique de Banyuls se retrouvent pour évaluer l’état de cette espèce qui a bien failli disparaître à cause de sa chaire goûteuse, dans les années 80. De plus, certains individus pouvant peser jusqu'à 35 kilos, le mérou a longtemps été considéré comme un trophée par les pêcheurs de loisirs.
Fin septembre 2023, une trentaine de plongeurs, scientifiques comme bénévoles, se sont mobilisés pendant une semaine pour effectuer un état des troupes.
Les résultats officiels sont très encourageants : cette année, plus de 700 mérous ont été comptabilisés, un record ! Lors du précédent comptage, en 2020, on en avait dénombré 613.
Cette année, on a compté précisément 729 individus, dont plus de la moitié dans la zone de protection renforcée. En dehors de la réserve, avec les mêmes protocoles de comptage, on a trouvé 16 seulement. On voit bien que lorsque l'on protège la faune, ça marche !
Frédéric Cadène, conservateur de la réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls
Le mérou est protégé depuis 30 ans. Sa pêche, sous-marine comme aux hameçons, est interdite mais l'espèce est toujours en proie au braconnage en dehors des 650 hectares de la réserve marine, où, comme le montre encore le dernier comptage, il se fait plutôt rare.
Un demi-siècle d'effort récompensé
Quand cette zone de protection a été créée dans les années 70, il restait à peine quelques dizaines de mérou. 50 ans plus tard, le retour et la croissance de cette espèce prédatrice rassurent l'équipe de la réserve, comme bon nombre d'usagers du littoral, car sa simple présence prouve que le milieu va bien : le mérou se situant en haut de la chaîne alimentaire et se nourrit des autres poissons, il constitue un bon indicateur de la santé d’un écosystème.
Voilà pourquoi sur la côte Vermeille, on a pris l'habitude de dire " quand le mérou va, tout va !".
Pour preuve, lors du dernier comptage, d'autres espèces en bonne santé ont également été observées tels que les corbs : 556 individus en 2023, contre 398 en 2020, dans la réserve. 30 seulement hors réserve.
Désormais, 1200 espèces animales et 500 sortes de plantes aquatiques cohabitent sous la surface.
La richesse de cette biodiversité sous-marine, souvent qualifiée d’exceptionnelle, couronne 50 ans d’effort et de dialogue avec tous les usagers de la mer.
Doubler la mise
Pour les responsables de la réserve marine et du département des Pyrénes-Orientales auquel elle appartient, il faudrait maintenant aller plus loin et agrandir ces zones de protections.
Une démarche officielle visant à doubler sa taille, pour s'étendre du Cap Béar jusqu'à la frontière espagnole, va être déposée en fin d'année devant les services de l'état.
Le projet : passer de 650 hectares à 1 680 hectares avec deux nouvelles zones de protection renforcée, comme le détaille cette carte :
Ce projet d'agrandissement s’est d'abord construit localement, en amont, jusqu'en juin dernier : 14 mois de concertation et 5 ateliers de dialogue avec tous les usagers, que ce soit les pêcheurs professionnels et de loisirs, plongeurs, plaisanciers, entreprises de promenade en mer et de kayak, sans oublier les associations de protection de l’environnement.
"Au début, certains ont pris peur et nous ont accusés de vouloir tout interdire dans la réserve mais à l'issue de tout ce travail, on est arrivé à un scénario qui fait le plus consensus possible. La majorité des usagers sont d'accord avec ce projet d'extension, qui vise à rendre leurs activités économiques durables sans mettre en danger le milieu marin », affirme Frédéric Cadène, conservateur de la réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls.
Encore faudra-t-il passer les différentes étapes administratives avec de nouvelles concertations et une enquête d'utilité publique.
La mise en place de l’extension est espérée, au plus tôt, en 2025.