Meurtre de Priscillia à Estagel : "l'enfance fracassée et terrifiante de Damien peut expliquer un acte gravissime", soutient l'avocat de l'accusé

Au deuxième jour du procès de Damien B., aux Assises à Perpignan, la cour a entendu l'accusé sur les faits. Le jeune homme, tout juste âgé de 18 ans au moment du meurtre, a reconnu avoir poignardé et agressé sexuellement Priscillia dans le cimetière d'Estagel. La victime est morte asphyxiée.

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Le drame s'est produit dans la soirée du 6 au 7 juillet 2019, juste après le bal des pompiers d'Estagel.

L'avocat de Damien Beyssel est revenu ce mercredi matin, sur le profil de son client. Sur sa vie difficile "qui n'excuse évidemment rien, mais qui explique beaucoup de choses".

Il a commis des faits gravissimes, irréversibles. Mais ce jeune homme a eu une enfance fracassée, terrifiante. 18 ans de solitude et de douleur, sans affection, avec une mère violente, abjecte et un père totalement absent.

Me Pierre Alfort, avocat de Damien Beyssel

Durant l'audience, timide, Damien a parlé de sa volonté de se donner la mort à plusieurs reprises. De son adolescence, des brimades, du harcèlement à l'école, de l'absence de repères familiaux et de la peur de sa propre violence qu'il n'arrive pas à contrôler.

"Heureusement qu'ils m'ont arrêté", dit-il enfin. Et il tente d'expliquer son geste avec ces quelques mots : "Je ne voulais pas la tuer, c’était de la peur, le stress. Je n’ai pas réfléchi."

"Il n'a jamais éludé sa responsabilité"

Même si l'accusé n'a jamais parlé des circonstances et des causes réelles de son geste dramatique, il l'a toujours assumé après ses aveux en garde à vue, en octobre 2019. Ce mercredi 2 novembre, de nouveau, "il a reconnu les faits, il a reconnu l'avoir étranglé, il a reconnu un coup de couteau. Manifestement, il y en a plusieurs, mais il se souvient d'un coup de couteau, précise Me Pierre Alfort ce mercredi soir. Il reconnait. Simplement, il ne se souvient pas de tout. Les faits de nature sexuelle, il les occulte, il a du mal à en parler, il a du mal à se les avouer."

"Il est froid, il a une attitude terrible mais il assume ses actes. Depuis le début. De toute façon, on lui reprochera toujours d'en faire trop ou pas assez. On dira c'est trop, s'il assène des vérités terribles, comme ce matin en parlant de la reconstitution et ce n'est pas assez, il n'assume pas, s'il parle peu. Devant les Assises, l'accusé ne fait jamais bien", explique Me Pierre Alfort.

L'accusé va tenter de s'expliquer, selon son avocat, mais "il y a des choses difficiles à comprendre pour lui et surtout à formuler. C'est avant tout un jeune homme perturbé depuis l'enfance".

"Il faut une sanction juste et adaptée à son jeune âge"

Digne, la mère de Priscillia, réclame un verdict sans circonstances atténuantes pour le meurtrier de sa fille. Elle veut un exemple face à une violence aveugle.

"Je suis dans un état d'esprit de colère, de grande colère. J'aimerai après les trois jours à venir de procès, avoir une justice très sévère. Il est très important, qu'il y ait une sanction très sévère", demandait Sophie Gonzalès, la mère de Priscillia au début du procès.

Pour l'avocat de l'accusé, son passé et son jeune âge doivent modérer la peine.

Il n'est pas question de minimiser la douleur de la famille de Priscillia. Damien est responsable de ces actes mais il faut une peine juste, au regard de la majorité récente de quelques jours de mon client, au moment du drame. Un verdict et des soins adaptés pour qu'il puisse évoluer.

Me Pierre Alfort.

Le jeune homme a été mis en examen pour "meurtre sur personne vulnérable", "agression sexuelle et viol sur personne vulnérable, commis à l'aide ou sous la menace d'une arme" sur Priscillia, tout juste 18 ans. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu jeudi soir.

Ecrit avec Nicolas Esturgis et Laura-Laure Galy. 

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