Après des mois d'attente et d'incompréhension, la famille de Toufik Belrhitri, décédé à 40 ans dans sa cellule du centre pénitentiaire de Perpignan, a été reçue par le Procureur de la République. Ce dernier a reconnu des dysfonctionnements et s'est engagé à suivre le dossier.
Enfin ! Près de 6 mois après le décès de leur fils et frère, en prison, la famille Belrhitri espère comprendre les causes de la mort de Toufik et surtout récupérer son corps qui attend depuis le 18 octobre 2020 à la morgue de Perpignan.
Peut-être vont-ils avoir des réponses à leurs questions ?
De quoi est décédé Toufik âgé de 40 ans ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'autopsie dans les jours suivant le drame ? Pourquoi a-t-il fallu attendre 3 semaines pour que la famille apprenne la mort de Toufik ? Pourquoi leurs demandes répétées d'obtenir le dossier d'enquête n'ont jamais abouti ? Pourquoi n'ont-ils pas pu faire pratiquer une autopsie en 6 mois pour pouvoir récupérer le corps de Toufik ?
Une mort suspecte ?
Officiellement, Toufik Belrhitri, 40 ans, est décédé par étouffement à cause d'une "fausse route", au moment du repas, le 18 octobre 2020.
Premier problème : sans autopsie, peut-on se fier à ce diagnostic ?
Autre problème : quand plus de 3 semaines après le décès du détenu, la famille se rend à la morgue pour reconnaître le corps du défunt, le frère de Toufik voit des hématomes sur le visage du mort.
Il avait un hématome au côté droit sur le visage, à la pommette et en plus il avait l'arcade gauche enfoncée et l'oeil aussi. Il a dû prendre des coups !
Enfin, un délai de 3 semaines pour annoncer la mort de Toufik renforce les soupçons de la famille qui veut désormais des explications. La famille qui a appris le décès par les services de l'Etat civil et non par l'administration pénitentiaire. Pourquoi ?
Un nouvel avocat et une rencontre avec le Procureur de la République
Cette semaine, avec Me Phung, leur nouvel avocat, les parents de Toufik ont rencontré le Procureur de la République de Perpignan. Une entrevue "constructive et courtoise".
Le Procureur a reconnu des dysfonctionnements, ceux pointés du doigt dès février par Jean-Robert Phung qui à l'époque menaçait de porter plainte pour faire avancer l'affaire.
Aujourd'hui, une copie du dossier d'enquête sur les causes de la mort a été remis à la famille. Ce dossier semble très succinct. Et le Procureur a promis de valider la demande d'autopsie de la famille, dès que leur avocat la fera parvenir au parquet. Ce sera la 5e demande.
Le changement d'attitude de la justice, la considération et l'aide promise par le plus haut magistrat du ministère public dans les Pyrénées-Orientales ont soulagé la peine des parents de Toufik Belrhitri. Une fois l'autopsie réalisée, ils pourront enfin récupérer le corps de leur fils décédé le 18 octobre dernier et l'inhumer dignement.
Il conviendra alors d'établir la ou les causes du décès et de comprendre les divers ratés administratifs, médico-légaux et judiciaires dans cette affaire.
Cette mort, pour l'instant suspecte, est suivie également de près par l'OIP, l'Observatoire international des prisons, il agit pour le respect des droits de l’homme en milieu carcéral.