Après le drame de Valence en Espagne, la question se pose une nouvelle fois du risque inondation et de la bétonisation des sols. Malgré les plans de prévention, on continue parfois à construire dans des zones sensibles. Comment l'expliquer ? Reportage du côté de Perpignan.
Les Pyrénées-Orientales ont beau faire face à une sécheresse chronique et un changement climatique irréversible, semble-t-il, depuis deux ans, le risque inondation n'en est pas pour autant moins prégnant. La tragédie de Valence en Espagne, dans laquelle plusieurs centaines de personnes ont perdu la vie, est là pour le rappeler.
Mais les Catalans ont-ils bien intégré ce danger ? Et sont-ils bien préparés ? Tout près de la prison de Perpignan, Marc Maillet, président de l'association environnementale Frene 66, nous emmène en bordure d'un champ bien vert. Mais de l'autre côté du chemin se dressera bientôt un parc de stationnement, selon lui "totalement illégal" car situé en zone d'expansion des crues, donc inondable. Une aire inconstructible selon le plan de prévention des risques de la ville.
Pourtant, la régie transports de la Région a demandé la construction de ce parking dont les travaux ont déjà commencé.
Il n’y a rien d’affiché et renseignement pris, il n'y a pas de permis délivré. On est très inquiets car il n'y a pas de réflexion sur ces crues importantes. Il y a un document a minima, assez ancien, qu'il faudrait actualiser face à des risques désormais très supérieurs à ceux envisagés à l'époque.
Marc Maillet, président de l'association Frene 66
Ne plus nier le changement climatique
En effet, dans le département des Pyrénées-Orientales, le risque d'inondation est très important, notamment dans la Salanque, où se rejoignent les vallées de l'Agly, du Tech, de la Têt. En juillet 2024, le Schéma de cohésion territoriale (plus souvent désigné sous l'acronyme Scot) de la plaine du Roussillon a interdit toute construction en zone inondable.
On peut très bien avoir un phénomène du type Valence, d'autant que le réchauffement climatique est quand même une réalité, on ne peut plus le nier. Donc l'intensité des phénomènes météorologiques et leur fréquence risque d'augmenter. Il faut le prendre en compte.
Jean-Paul Billès, président du Schéma de cohésion territoriale de la plaine du Roussillon
Dispositif d'alerte des populations
Déjà, les cours d'eau sont sous la surveillance de l'État qui, en cas d'alerte, peut prévenir la population par différents moyens : "un message va apparaître sur votre téléphone et se superposer à tous vos écrans, même quand votre mobile est en silencieux ou en mode avion, pour vous prévenir des consignes des autorités face au risque", explique Ludovic Julia, directeur de cabinet du préfet des Pyrénées-Orientales.
Pour mémoire, la dernière inondation importante n'est pas si lointaine : elle remonte à 2020. L'équivalent de six mois de pluie était tombé en trois jours sur le département.
Écrit avec Marie Boscher, Julia Taurinya et Mathilde Boucher.