Perpignan célèbre la Sanch avec une femme à la tête de la procession du vendredi saint. Une première dans l'Histoire. À 61 ans, Véronique Salvat entre dans l'histoire de l'Archiconfrérie pour une tradition des fêtes de Pâques en Pays catalan qui remonte au Moyen-Âge et réunit chaque année plus de 800 pénitents.
Ils sont chaque année plusieurs milliers de fidèles ou simplement curieux à se masser dans les rues de Perpignan pour voir la procession de la Sanch. Une tradition riche de 600 ans d'histoire, inscrite depuis l'an dernier au patrimoine immatériel culturel de la France.
C'est au Moyen-Âge, en 1416, que la confrérie de pénitents de Perpignan se constitue. Consacrée à la passion du Christ et à sa mort, elle avait pour vocation d'accompagner et de soutenir les condamnés à mort au supplice, sous l'anonymat de la cagoule appelée "caparutxa".
Une femme "regidora", tout un symbole
Pour la première fois dans l'histoire de la Sanch, une femme revêt l'habit de "regidor". Un titre qui place Véronique Salvat, 61 ans au sein d'un collège de cinq personnes qui représentent les garants de la spiritualité dans la confrérie.
Élue en janvier dernier, Véronique endosse ce rôle avec beaucoup d'humilité et d'émotion. Cette catéchiste de Baho n'en est pourtant pas à sa première procession.
Sainte Véronique, c'est ma sainte patrone. C'est elle que j'ai eu droit de porter lors de ma première procession. J'avais 15 ans et je portais alors la mantille blanche. J'ai toujours une émotion, un souvenir particulier par rapport à cette procession avec Sainte Véronique.
Véronique Salvat, première femme "regidora" de la Sanch
"L'église évolue", déclare Jean-Louis Granès, un des cinq "regidors" de la Sanch, l'archiconfrérie de la Sanch aussi. Et c'est tout naturellement, "sans recherche de sensationnel", que le choix s'est porté sur Véronique Salvat. "Les femmes ont besoin d'être représentées" poursuit Granès, elles sont plus nombreuses que jamais dans la procession, alors ça paraissait une évidence".
Solidaire, humaniste, proche des autres, voilà ce qui a animé notre décision à nommer Véronique "regidora".
Jean-Louis Granés, regidor de la Sanch
Une évidence qui a mis plus de six siècles à s’imposer. Un long chemin de croix, pour les femmes de la Sanch. "Plus qu'une révolution, il s'agit plutôt d'une évolution", selon Cédrick Blanch, président de l'archiconfrérie de la Sanch.
C'était tout à fait normal de répondre à la présence d'une femme "regidora". Cela va dans le sens de la synodalité que l'église a entamé et toute cette réflexion de la place des laïques dans l'église et donc on répond de ces faits à cette évolution.
Cédrick Blanch, président de l'archiconfrérie de la Sanch
Comme une nouvelle étape sur un chemin de vie au service des autres, Véronique Salvat ouvre la voie de la reconnaissance de la place et du rôle des femmes dans l’Église.