15 ans de prison ferme pour un ancien curé accusé de viols et d'agressions sexuelles sur trois adolescents entre 2006 et 2009. Le jury des assises des Pyrénées-Orientales est allé plus loin que les réquisitions qui demandaient 10 à 12 ans de réclusion
Le verdict est tombé dans l'après midi après cinq jours d'audience : 15 ans de réclusion criminelle, 10 ans d'obligation de soins psychologique et interdiction a vie d'approcher des mineurs pour l'ancien prêtre de la paroisse Saint-Joseph à Perpignan, accusé de viols et d'agressions sexuelles sur trois adolescents entre 2006 et 2009.
L'avocat général de la cour d'assises des Pyrénées-Orientales avait requis vendredi une peine de 10 à 12 ans de prison contre l'ex-prêtre, qui comparaissait à huis-clos, à la demande des victimes.
"Crise d'adolescence à 40 ans"
La défense de l'homme d'Église avait plaidé la crise d'adolescence à 40 ans pour un homme qui avait perdu le contrôle, dépassé par les soirées et les excès d'alcool.
Aujourd'hui âgé de 50 ans, le prêtre, également ancien aumônier des scouts d'Europe, a reconnu une partie des faits -- masturbations et fellations-- sur deux des plaignants, deux frères, mais nie tout viol.
Face à ses victimes, Jean-Marie Savioz n'a guère manifesté de regrets, pas même montré d'émotion, a regretté Maître Jamal Bourabah, l'avocat de deux parties civiles.
Dénoncé par une de ses victimes
Le prêtre avait été dénoncé en décembre 2009 par un des deux frères, alors âgé de 18 ans, auprès du commissariat de police de Perpignan. Ce dernier a affirmé avoir été soumis à des actes sexuels pendant plus de deux ans, à partir de ses 15 ans, de la part de celui qui était un proche de sa famille.
L'accusé était aussi suspecté aussi d'avoir violé son frère aîné quand ce dernier avait 16 ans. Il aurait également incité le plus jeune de la fratrie, qui a commis une tentative de suicide en 2009, à consulter des sites pornographiques et consommer du viagra.
Le prêtre se serait aussi livré à des attouchements sur un autre adolescent fréquentant son presbytère.
Les dénégations de la hierachie religieuse
Au cours de l'enquête, le curé avait affirmé s'être confessé de ces actes auprès d'un vicaire d'une paroisse de la ville. Sa hiérarchie a pour sa part affirmé n'avoir reçu aucune plainte le concernant avant que l'affaire n'éclate.
Durant ce procès, des prêtres sont venus dire qu'ils avaient à l'époque écrit des lettres à l'évêque pour l'avertir qu'ils se passaient des choses étranges à la paroisse Saint-Joseph. Mais le témoignage de monseigneur Marceau, l'évéque de Perpignan à l'époque, a consterné les familles.
Il ne savait rien, il n'a rien vu, il a fait ce qu'il avait à faire. Il n'a pas eu une parole pour les victimes !
raconte écoeuré, le père d'une des victimes.
Mis en examen en décembre 2009, l'accusé avait été dans la foulée relevé de ses fonctions religieuses. Jean-Marie Savioz avait été laissé en liberté sous contrôle judiciaire, et attendait son procès à l'abbaye de Sainte-Marie-le-Désert, une congrégation trappiste en Haute-Garonne.