Des caravanes de migrants en Amérique centrale au chaos libyen en passant par la crise des "gilets jaunes", le festival de photojournalisme de Perpignan, Visa pour l'image, présente à partir du samedi 31 août un panorama saisissant des soubresauts de la planète.
Au menu de cette 31ème édition du plus important festival de photojournalisme au monde, plus de 1.250 photographies, 24 expositions en accès libre, des projections, des rencontres, un "coup de chapeau" à l'inusable reporter de guerre Patrick Chauvel qui fête ses 50 ans d'activités. Parmi de nombreux prix, le plus convoité, le Visa d'or Paris Match News, sera remis le 7 septembre.
Les 4 candidats en lice pour le Visa d'or
Le Mexicain Guillermo Arias (AFP) a suivi en Amérique centrale des caravanes de plusieurs centaines de migrants tentant de rejoindre le "rêve américain". "Son travail est impressionnant de justesse", a expliqué à l'AFP le directeur de Visa, Jean-François Leroy.
L'Irlandais Ivor Prickett (The New York Times) a lui passé près d'un an à documenter la fin du califat du groupe Etat islamique en Irak/Syrie. Le reporter s'est notamment attaché à mettre en images le retour des civils qui tentent de reprendre possession de leur vie, au milieu des cadavres et des ruines.
Dans "une autre guerre civile en Libye", le photographe serbe Goran Tomasevic (Reuters), qui arpente depuis plus de 20 ans les Balkans et le Proche-Orient, entraîne le visiteur au plus près des combats. . Il avait déjà été nominé en 2017 pour sa couverture de la bataille de Mossoul.
Enfin l'Italien Lorenzo Tugnoli (The Washington Post/Contrasto-Rea), avec son travail sur le conflit au Yémen, est "très sensible, intimiste, sans jamais être voyeur" selon le directeur de Visa.
Visa pour la planète
Au fil des années, l'incontournable rendez-vous professionnel, également plébiscité par le grand public (200.000 visiteurs en moyenne), s'est aussi mis au vert, intégrant de plus en plus la thématique de l'environnement.
Dans "La face cachée du tourisme de la faune", l'Américaine Kirsten Luce (National Geographic) met l'accent sur la souffrance des animaux sauvages transformés en bêtes de foire, en Amazonie, en Thaïlande ou encore en Russie.
Brent Stirton (Getty images) rend pour sa part hommage, avec "Rangers", à ces hommes et femmes qui luttent contre le braconnage en Afrique, souvent au péril de leur vie. Le photographe sud-africain, qui documente le sujet depuis 12 ans, a déjà remporté le prix Environnement du réputé World Press Photo 2019.
Quant à Frédéric Noy, il dénonce la lente agonie du lac Victoria, plus vaste zone de pêche en eau douce de la plantète.
Deux regards sur les "gilets jaunes"
L'actualité française est aussi bien présente avec deux expositions consacrées aux "gilets jaunes": Eric Hadj (Paris Match) et Olivier Coret (Divergence pour Le Figaro Magazine), qui a notamment photographié un curé arborant un gilet jaune au dessus d'une soutane, drapeau tricolore à la main.Le directeur du festival Visa pour l'image a précisé son choix à Aude Chéron et Frédéric Savineau: "J'ai reçu entre 150 et 200 sujets sur les "gilets jaunes", une masse impressionnante. Les deux photographes que j'ai choisis ont tous les deux couvert le mouvement depuis le 1er jour, le 17 novembre, à Paris comme en province. Je ne voulais pas faire juste les violences sur les Champs-Elysées".Les "gilets jaunes" à Visa, c'est un choix "complètement évident. Depuis mai 68, c'est la première fois qu'on a un évènement en France qui fasse la Une de tous les journaux du monde. C'est devenu un symbole de résistance, on ne peut pas faire l'impasse dessus", explique Jean-François Leroy à l'équipe de France3 Pays catalan.
La conférence de presse de l'avant festival a été aussi l'occasion à Perpignan de faire le point sur les finances de Visa pour l'Image....avec un déficit à combler pour cette 31ème édition.
Reportage sur place d'Aude Chéron et Frédéric Savineau, de France3 Pays catalan.