Ce jeudi 18 novembre, une bagarre entre détenus s'est déclenchée à l'heure de la promenade, alors qu'une soixantaine de prisonniers étaient dans la cour.
Une situation de plus en plus tendue. C'est l'ambiance que décrivent les responsables syndicaux de la prison de Perpignan. Déjà, mercredi 17 novembre, deux bagarres avaient éclaté. Mais le jeudi 18 novembre 2021 , ces tensions ont franchi un cap supplémentaire. Alors qu'une soixantaine de détenus étaient en promenade, deux d'entre eux s'en sont pris aux autres prisonniers dans la cour, à l'aide d'armes de fortune : des chaussettes qui avaient été préalablement remplies de verre pilé et de cailloux.
Armes de fortune
D'après Johann Reig, le secrétaire général du syndicat UFAP des surveillants, la situation a ensuite dégénéré, deux autres détenus s'opposant aux agresseurs : "Des coups de lames artisanales ont été échangés de part et d 'autres, des détenus ont du être recousus à l'infirmerie." Le bilan fait état de cinq blessés, dont deux ayant dû subir des points de suture.
Très vite, des surveillants sont arrivés en renfort dans la cour pour interrompre la bagarre, la situation a fini par se calmer. Mais il a fallu deux heures pour que les prisonniers réintègrent leurs cellules. Dans la soirée, une dizaine de membres de l'équipe régionale d'intervention et de sécurité, une unité spécialisée de l'administration pénitentiaire, est venue de Toulouse afin de sécuriser la distribution des repas du soir.
La surpopulation carcérale devient intenable
Johann Reig, Secrétaire général UFAP UNSA Justice
Pour Johann Reig, cet incident traduit une montée des tensions dans les établissements de la région. Une situation aggravée par la surpopulation carcérale : le centre pénitentiaire de Perpignan compte ainsi 810 détenus pour seulement 537 places. A la maison d’arrêt (un établissement dans lequel sont incarcérés les courtes peines de moins de deux ans ainsi que les prévenus en détention provisoire), 71 prisonniers dorment au sol chez les hommes et 3 chez les femmes. « Et cette situation est quasiment identique dans tous les établissements de la région : Seysses, Villeneuve-lès-Maguelone , Albi ou Carcassonne », explique Johann Reig.
Changement de population carcérale
Le délégué syndical observe aussi un changement de la population carcérale : « Les détenus étrangers en situation irrégulière sont de plus en plus nombreux. Et ils s’opposent à la population locale pour essayer de récupérer les différents trafics au sein des établissements. C’est ce type d’affrontements qui s’est produit à Perpignan."
Le représentant syndical plaide pour plus de recrutements afin d’augmenter le nombre de surveillants : « Mais pour cela, il faut augmenter les salaires pour attirer des candidats vers notre métier et le rendre plus attractif." A la suite de ces incidents, deux détenus ont été placés à l’isolement. Ils devraient faire l’objet d’une comparution devant la justice dans les prochains jours ou les prochaines semaines pour répondre de leurs actes.