La ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a estimé que la loi renforçant la lutte contre la prostitution, en pénalisant les clients, adoptée par le Parlement, était "un peu la loi Veil de notre génération". Une loi difficile à appliquer, notamment dans les départements frontaliers.
Au terme de deux ans et demi de procédures, la loi sur la pénalisation des clients de la prostitution a été adoptée par l'Assemblée nationale. Un texte qui sanctionne l'achat d'actes sexuels mais qui, dans le même temps, dépénalise le racollage passif. Au grand dam du syndicat du travail sexuel.
En France, le client est désormais passible d'une contravention de 1.500 euros, ou de 3.500 euros en cas de récidive, dès qu'il fait appel au service d'un(e) prostitué(e). Mais la proximité de l'Espagne, où la prostitution réglementée est légale, rend l'application de la nouvelle loi française, peu efficace, dans les départements frontaliers, dont les Pyrénées-Orientales situés à quelques kilomètres de la Jonquera, ville du sexe en Catalogne.
Conséquence, les réseaux mafieux qui contrôlent la prostitution en Espagne seront confortés. Un paradoxe pour une loi censée en finir avec le proxénétisme grâce aux sanctions infligées à la clientèle.
Loi sur la prostitution : "un peu la loi Veil de notre génération"
J'ai dit que c'était un peu la loi Veil de notre génération", a déclaré la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol sur France Inter, en référence à la loi de 1975 qui a dépénalisé l'avortement. Elle a souligné la "portée symbolique" d'une "loi qui, pour la première fois, dit que prostitution, achat de services sexuels, (sont) une violence à l'endroit des personnes prostituées".
C'est "une loi qui sort notre société d'une espèce de neutralité hypocrite à l'égard de l'achat de services sexuels" et qui dit "qu'on ne peut pas monnayer avec de l'argent le consentement de quelqu'un, a-t-elle ajouté.