La gauche et de nombreuses organisations de Perpignan se sont réunies ce samedi 29 octobre 2022 place Molière à Perpignan. Le maire RN Louis Aliot souhaite rebaptiser l'esplanade au nom de Pierre Sergent, un ancien chef de l'OAS, l'organisation qui a combattu violemment pour l'Algérie française.
Une dénomination qui divise à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Celle d'une esplanade que le maire Rassemblement national Louis Aliot veut baptiser du nom de Pierre Sergent, un ancien chef de l'OAS, l'Organisation de l'armée secrète, qui a combattu violemment pour le maintien de l'Algérie française. Un projet qui fait polémique : ses détracteurs s'y opposent fermement, plus de 30 associations ont appelé à la mobilisation place Molière ce samedi 29 octobre pour refuser cette nouvelle dénomination.
200 personnes se sont réunies dès 11 heures, pour dénoncer ce nouveau nom. A la place, ils ont souhaité baptiser symboliquement l'esplanade Maurice Audin, du nom de ce militant de l’indépendance algérienne tué par l’armée française à 25 ans, en juin 1957.
"Un autre nom que celui, honteux, que le Conseil municipal et son maire ont décidé de donner", explique Hakim Addad, de l'association Josette et Maurice Audin, "puisque que c'est le nom d'un assassin, d'un antirépublicain, qui a même attaqué le président de la République d'alors Charles de Gaulle."
Pierre Sergent, un monument local ?
Alors que Louis Aliot assure que Pierre Sergent est une figure locale, Valentin Stel, militant de l'association SOS Racisme l'assure : "Personne ne le connaît en tant que député Front national des Pyrénées-Orientales." D'après lui, les habitants ne savent pas qui était le militaire. "Quand on leur explique qui était ce personnage, bizarrement, ils se focalisent quand même assez rapidement sur le fait que c'était le chef d'une organisation terroriste qui posait des bombes", ironise-t-il.
Selon Valentin Stel, ce baptême est le signe que cette famille politique d'extrême droite "n'a toujours pas digéré la guerre d'Algérie". Il y voit même une forme de "nostalgie de l'Algérie française coloniale" et "du système d'oppression, du cortège de violence qui allait avec".
Crime de guerre
Les associations mobilisées ce samedi demandent d'ailleurs à ce qu'il y ait une réflexion générale et globale "sur ce qu'a été l'ensemble de la colonisation", insiste Hakim Addad. "Il y a une gêne, même dans la mémoire collective nationale, vis-à-vis de cette période historique", abonde Valentin Stel.
"Il faut la traiter dans les établissements scolaires, dans la société, que ça ne reste pas clos chez les historiens, ou chez certains qui sont touchés plus ou moins directement par cette histoire", continue Hakim Addad. Pour lui, "il faut que la question de la colonisation soit définie comme un crime de guerre", à l'instar de la Shoah ou de l'esclavagisme.
Une démarche politicienne
Les organisations dénoncent un acte électoraliste de la part du maire de Perpignan.
Pour Valentier Stel, si l'édile souhaite rebaptiser cette place, "c'est pour aider sa campagne dans le cadre de sa course à la présidence du RN". Une course à la tête du parti à la flamme qui l'oppose actuellement à Jordan Bardella. L'idée est "d'envoyer un signal aux adhérents historiques, et aux potentiels nostalgiques de la colonisation qui peuvent exister au sein des adhérents du rassemblement national", poursuit le militant.
Même son de cloche du côté de l'association Josette et Maurice Audin : "C'est pour pouvoir avoir la mainmise sur ce qu'ils pensent être l'électorat issu des pieds-noirs pour les prochaines échéances électorales, interne ou externes."
Aliot met en avant Sergent le résistant
Depuis sa mairie de Perpignan, Louis Aliot défend la mémoire de Pierre Sergent décédé en 1992. Le maire préfère l'associer à d'autres souvenirs. Interrogé par franceinfo, il assure vouloir mettre "en avant le fait qu'il soit un résistant, qu'il ait porté l'étoile jaune en solidarité avec les Juifs persécutés à cette époque-là". Selon l'élu, ce baptême honore un défenseur de l'Algérie française : "C'est en accord avec toutes les associations de rapatriés, mais aussi un certain nombre d'associations d'anciens combattants."
Pour stopper ce projet de la mairie, l'association SOS Racisme a saisi le préfet et a dénoncé les propos tenus lors du Conseil municipal du 22 septembre où a été adoptée la délibération. Le préfet doit se prononcer sur les suites à donner à cette dernière.