A Perpignan, le photographe italien Fabio Bucciarelli a remporté ce samedi le Visa d'or News, le prix le plus prestigieux du festival Visa pour l'Image, pour son reportage à Bergame, ville italienne à l'épicentre de la pandémie de Coronavirus.
"Je ne voulais pas photographier des endroits vides, des gens avec des masques, je voulais entrer dans l'intimité des malades, aller dans leur maison", a expliqué à nos confrères de l'AFP , Fabio Bucciarelli "honoré" de recevoir ce samedi la distinction d'un festival où il se rend chaque année.A Bergame, dans le nord de l'Italie, il a photographié la souffrance des malades dans leurs lits, entourés de soignants en combinaison blanche, des enterrements et des hôpitaux bondés durant les premières semaines de l'épidémie.
Photographier "le virus de la solitude"
Pour ce témoignage en photos publié par le New York Times, le photoreporteur italien a travaillé en immersion, au sein d'une équipe de la Croix-Rouge italienne, vêtu de la même combinaison à capuche que les infirmiers et médecins. "C'est aussi un travail de mémoire, dit-il, sur ce chapitre de notre histoire. J'ai gardé contact avec certains des malades. Ils ont été courageux".Ce que j'ai voulu capturer, c'est le virus de la solitude, c'est le pire facette de la maladie
Un travail d'une "puissance phénomènale"
Le photographe italien est plus habitué aux conflits lointains qu'à explorer la souffrance dans son propre pays. Son travail à Bergame, en Italie du nord au coeur de la pandémie a été mis en avant par de nombreux journaux aux quatre coins du monde. Chez lui, l'Espresso a longuement illustré, en avril, un article intitulé "La cura e la pieta" (soins et compassion) avec ses clichés.Et le magazine allemand Stern a lui aussi repris le reportage publié par le New york Times.
"C'est un travail d'une puissance phénoménale", juge et commente le directeur de Visa pour l'image Jean-François Leroy.
Fabio Bucciarelli a 40 ans. Il a passé la dernière décennie à sillonner le monde pour témoigner des conflits et surtout de leurs conséquences humaines.
Le thème du réchauffement climatique salué
Visa pour l'Image a également consacré l'Américain Bryan Denton, vainqueur du Visa d'or Magazine: durant six mois, il a saisi en Inde la perturbation du cycle de l'eau par le réchauffement climatique, entre sècheresses et inondations.Le directeur du festival avait tenu à ce que ce sujet "plus grave" que le Covid, soit mis en lumière, comme il l'a confié à nos confrères de l'AFP:
Je pense qu'on viendra à bout de cette épidémie, je ne suis pas sûr qu'il ne soit pas déjà trop tard pour sauver la planète
Souffrances de femmes
Le Visa d'or de la Presse quotidienne distingue Rosem Morton, photographe et infirmière américaine qui a fait une série de photos poignantes après avoir été violée, une sorte de photo-thérapie, "pour survivre". Ses clichés, publiés par CNN.com, fixent en blanc et noir des images d'un quotidien de déprime, des auto-portraits.Enfin, le journal Le Monde, qui s'est converti tard à la photographie, s'est vu décerner à Perpignan le Visa d'or de l'information numérique, pour une enquête au long cours, "Féminicides: mécanique d'un crime annoncé", ponctuée de photos de Camille Gharbi.
L'édition 2020 de Visa pour l'image, qui se poursuit jusqu'au 27 septembre à Perpignan, met aussi à l'honneur la Turque Sabiha Cimen, récompensée à Perpignan par la Bourse Canon de la femme photojournaliste, afin de compléter son documentaire "Hafizas, les gardiennes du coran".