Les contrôles à bord des trains sont maintenant systématiques à la gare de Perpignan et le doublement des forces aux frontières du pays, annoncé la semaine dernière par le président Emmanuel Macron est en place. 200 policiers et militaires, appuyés par un drone contrôlent la frontière.
Les contrôles à bord des trains sont maintenant systématiques à la gare de Perpignan et le doublement des forces de contrôles aux frontières du pays, annoncé la semaine dernière par le président Emmanuel Macron, est visible, passant de quatre ou cinq policiers à une dizaine lors des opérations.
Deux-cents effectifs
"Deux-cents hommes et femmes sont désormais quotidiennement engagés sur la frontière sur le département des Pyrénées-Orientales. Une compagnie de CRS, soit 60 hommes vont être positionnés au Perthus, à la barrière de péage qui voit passer environ 35 000 véhicules par jour. A Cerbère, des unités spécialisées et un drone pour la reconnaissance des chemins et une section sentinelle de 60 hommes appuyés par 60 militaires de la gendarmerie mobile pour les hauts cantons pour empêcher les gens de passer à travers les mailles du filet renforceront les effectifs", précise Yannick Garden, commandant de la police aux frontières (PAF) des Pyrénées-Orientales.On a fait en sorte que l’intégralité de la frontière soit contrôlée
11.000 interpellations
"Par rapport à 2019, on a constaté une hausse de 25% des interpellations sur les trois premiers mois de l’année et une augmentation de 50% entre juillet et septembre après le premier confinement", explique Yannick Garden,
Depuis janvier, les forces de l’ordre ont procédé à plus de 11.000 interpellations, comptant notamment les refus d'entrées et les réadmissions à la frontière, poursuit-il.
"C’est le résultat d’une forte pression migratoire sur les côtes espagnoles, en Andalousie et sur les îles Canaries, avec des personnes qui arrivent d’Afrique du Nord, principalement du Maroc et d’Algérie".
Les chemins de traverse
"Les migrants passent par ces petits chemins derrière. Le secteur est très vaste. Avec le drone, on a une vue aérienne et on envoie les collègues sur des points précis une fois qu’on a identifié un passage éventuel", explique Christophe, télépilote de drone au sein de la brigade aéronautique de la PAF.Deux sessions de deux-trois heures sont réalisées tous les jours. En une semaine, six personnes ont été interpellées, précise le télépilote.
Contrôles rétablis
A la gare de Cerbère, des trains régionaux arrivent toute la journée en provenance de Portbou, côté espagnol.Avec le doublement des effectifs, les forces de la police aux frontières peuvent désormais les contrôler jour et nuit, alors qu'avant elles arrêtaient à 20H00, ce qui permettait à des migrants "de descendre du train sans être contrôlés", selon Jacques Ollion, responsable départemental de la Cimade des Pyrénées-Orientales.
L'espace Schengen modifié
Outre le renforcement de la surveillance des frontières, le chef de l'Etat a aussi annoncé vouloir changer "en profondeur" les règles de l'espace Schengen, qui permettent depuis 1995 la libre circulation dans 22 pays de l'Union européenne plus l'Islande, la Suisse, la Norvège et le Liechtenstein.La France avait cependant déjà rétabli les contrôles le 13 novembre 2015, année marquée par plusieurs attentats meurtriers.
Les policiers, épaulés par une unité mobile des CRS et des douaniers, arrêtent toutes les voitures et une partie des poids lourds qui arrivent d’Espagne au péage du Perthus, sur l'autoroute A9.
Environ 60% des interpellations se concentrent sur ce point d'entrée de l’autoroute emprunté par une majorité de véhicules avant le confinement
Etanchéité des frontières ?
"A l’instant, nous avons refusé l’entrée à deux personnes en situation irrégulière qui se trouvaient à bord du même véhicule en covoiturage. Ils ont été renvoyés directement à la frontière au village du Perthus", indique le commandant Yannick Garden.Selon lui, ce nouveau dispositif est un "soulagement" car il sera "beaucoup plus efficace et étanche".
Etienne Stoskopf, préfet des Pyrénées-Orientales a supervisé le dispositif promis par Emmanuel Macron la semaine dernière lors de sa visite au Perthus."Même si on ne confond pas le risque terroriste et celui que représente l’immigration clandestine ces renforts sont là pour faire passer un message disant que cette frontière et tenue et contrôlée et lorsque l’on a des intentions criminelles ou terroristes, cette frontière ne peut pas être passée facilement"
"Les frontières étanches, ça n’a jamais existé, ça n’existera jamais. On empêchera jamais les gens de fuir un pays", martèle pour sa part Jacques Ollion, de la Cimade 66.