L’UFAP UNSA, syndicat majoritaire à la maison d'arrêt de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, s'insurge contre des condamnations en justice estimées "trop clémentes" à l'encontre de détenus violents, qui ont blessé ou menacé de mort des surveillants.
En juin dernier, lors d’un mouvement au quartier disciplinaire, un détenu récidiviste du centre de détention de Perpignan avait copieusement insulté et menacé de mort un surveillant.
Refusant de réintégrer sa cellule, il s'était débattu, entraînant dans sa chute le surveillant qui le maîtrisait, selon le bureau local UFAP-UNSA Justice.
"Dehors, je vais te retrouver et te tuer, sale facho"
Cet homme a comparu devant le tribunal judiciaire de Perpignan, lundi 16 janvier, pour outrage et violence sans incapacité sur personne dépositaire de l’autorité publique.
Le magistrat l'a condamné à sept mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve. Il devra, de plus, verser 400 € de dommages et intérêts à la partie civile.
L’UFAP-UNSA Justice, syndicat majoritaire à la maison d'arrêt de Perpignan, estime que vu les propos tenus, "cette sanction pénale est édulcorée" et demande "le transfert de l'homme condamné vers un autre établissement afin qu’il ne côtoie plus sa victime en cas de retour au Quartier Disciplinaire."
17 jours d'arrêt de travail
Un autre épisode, encore plus violent physiquement, s'était déroulé au quartier des mineurs de Perpignan.
Mécontent de la lenteur de l’administration pour lui livrer ses cantines, un détenu âgé de moins de 18 ans avait insulté un surveillant en ces termes, selon le syndicat : « Bande de fils de p...., ta mère est une esclave ».
Le ton était monté et le jeune détenu avait repoussé violemment un surveillant au niveau du torse, puis s'était débattu lorsque ses collègues avaient tenté de le maîtriser.
Dans la bagarre, un surveillant a été blessé au dos, à l’épaule droite et à la main. Il a dû être arrêté pendant 17 jours.
Le mineur est passé devant le tribunal pour enfant de Tours, le 9 janvier dernier, pour des violences et outrages sur un surveillant du quartier des mineurs et pour rébellion contre un premier surveillant lors de son placement au quartier disciplinaire.
La juge pour enfant a condamné ce mineur à 15 jours de stage de citoyenneté et à verser 300 euros de dommages et intérêts à la partie civile.
Des violences accrues par la surpopulation carcérale
Selon Pierre Grousset, secrétaire du bureau local UFAP-UNSA Justice, ce jugement a profondément mécontenté les surveillants : il estime que la justice n'a pas été assez sévère au vu des conséquences pour le surveillant blessé, qui a dû être arrêté pendant plus de deux semaines.
Ces actes de violence sont aussi fréquents entre les détenus qui vivent entassés à trois dans des pièces de neuf mètres carrés. La cohabitation se passe souvent mal et les bagarres sont le lot quotidien de la population carcérale, selon Pierre Grousset, ce qui complique encore le travail des surveillants.
On a 330 détenus pour 108 cellules. Résultat : 70 à 80 personnes dorment sur des matelas par terre. Et il n'y pas de douche.
Pierre Grousset, secrétaire du bureau local UFAP UNSA Justice
Des conditions de vie indigne du 21e siècle, selon lui, qui font monter la tension ambiante. De plus, le manque de surveillants est chronique : "On a toutes les peines du monde à recruter, personne ne veut faire notre métier" , déplore le syndicaliste.
Lord du dernier concours de recrutement, seules 700 personnes s'étaient inscrites en Occitanie, mais à peine 280 sont venues passer l'examen.
Lorsque Pierre Grousset a débuté dans le métier, il y près de 30 ans, 18 000 personnes s'étaient présentée au concours national pour devenir surveillant de prison, métier où l'on touche de nos jours 1600 euros nets, en début de carrière.