Procès de l'accident de Millas : l'entêtement de la conductrice du car provoque la colère et la tristesse des victimes

Au 3 ieme jour de son procès, à Marseille, malgré des expertises et des témoignages accablants, la conductrice du car a maintenu que les barrières du passage à niveau étaient ouvertes. Les parents des victimes et les rescapés oscillent entre exaspération et douleur.

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L'accident de car de Millas s'est terminé en tragédie : 6 enfants sont morts, plusieurs autres ont été grièvement blessés. Un accident parmi les plus graves de l'histoire des transports. Un accident scruté par un cortège d'experts en tout genre qui se sont succédé à la barre du tribunal correctionnel de Marseille.

Les uns ont modélisé la scène en 3D, les autres ont été chargés d'examiner les installations, d'autres encore ont retracé le parcours du car.... Après les témoins, ils ont conclu que les barrières du passage à niveau  n° 25 de Millas étaient baissées au moment de l'impact mortel, ce que conteste depuis toujours la conductrice du train jugée pour homicides et blessures involontaires.

Causes multiples

Le pilote chevronné engagé pour refaire le parcours par les experts et le tachygraphe, qui mesure et enregistre les temps de conduite, de repos et la distance parcourue par le bus indique "une conduite soutenue et active", révèlent deux des expertises. Il démontre aussi que la conductrice sur le parcours n'a ni respecté "un cédez le passage" et encore moins un stop. Seule entorse qu'elle finira par reconnaître. Seulement voilà, l'accident " c'est un millefeuille, un empilement de causes", remarque un expert en accidentologie.

Entorses au Code de la route

 Au fil de l'audience, on découvre que la prévenue présentée par ses collègues comme "sérieuse et affable", avait été verbalisée pour conduite avec une oreillette, qu'elle n'avait son permis D (Poids-lourds) que depuis 14 mois, qu'elle coupait les virages et qu'elle avait reçu un SMS qui avait pu altérer sa vigilance, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, juste avant l'impact.

Des d'arguments  qui amènent les avocats                  de la partie civile à demander le retour à la barre de Nadine Oliveira. Avec énormément de précautions la présidente lui demande :

"Les enfants étaient-ils conduits par quelqu'un qui ne respectait pas le Code de la route ? Votre vigilance était-elle vraiment totale au arrivée à ce passage à niveau ?

La présidente lors de l'interrogatoire

Pressée de questions

Pressée de questions, entre deux sanglots, la prévenue répète en boucle et comme une automate qu'elle a effectué les contrôles de rigueur et que la barrière était levée. Ensuite " c'est le trou noir", elle se réveille sur la chaussée.

 "Qu'est-ce qui vous pousse à cette conviction absolue", martèle la présidente. Je n'aurais jamais engagé mon bus la barrière baissée", répond la conductrice.

Le ton monte

 Le procureur essaie à son tour de lui dire que les témoignages des enfants et  ceux des experts contredisent sa version et qu'elle s'est peut-être trompée. "Je ne sais pas pourquoi ils disent tous ça. je maintiens que les barrières étaient ouvertes", rétorque Nadine Oliveira.

 Me  Gérard Chemla avocat de plusieurs parties civiles hausse le ton, pour la première fois depuis le début du procès : "Avez-vous menti pour faire bonne figure devant le tribunal ?  

Le fait de vous entêter, de ressasser pose souci aux victimes. Il faudrait vous décider à collaborer et à assister à votre procès, il y a des blessés, il y a eu des morts. Votre attitude est vécue comme une marque d'irrespect total et c'est très compliqué à expliquer aux victimes.

Me Gérard Chemla

Avocat de plusieurs victimes

-Pouvez-vous admettre que peut-être vous avez fait une erreur ?

-Non

-Pouvez-vous admettre que ce que vous pensez n'est pas la réalité ?

-Non

Les autres avocats n'auront pas plus de succès. Au fond de la salle, les parents d'un petit garçon décédé sont en larmes, tout comme une jeune fille amputée après l'accident.

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