Pyrénées : isolée par la fermeture du col du Portillon, la vallée de Luchon lutte pour sa réouverture

La fermeture du col du Portillon il y a dix mois empoisonne la vie des commerçants de la vallée de Luchon et ses habitants. Les barrages postés sur cette passerelle entre la France et l’Espagne posent de nombreux problèmes socio-économiques dans la région, sans perspective d’amélioration.

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Comme la vallée de Luchon est devenue calme. Fini les éclats de voix, les accents chantants aux tonalités ibériques. Depuis la fermeture du Col du Portillon il y a dix mois, le silence provoqué par l’absence des touristes, consommateurs et élèves espagnols est assourdissant.

Situé dans les Pyrénées centrales, à la frontière entre la France et l'Espagne, cet axe routier permet de relier Bagnères-de-Luchon et la ville de Bossòst, située dans le Val d'Arans. Désormais, des blocs de béton empêchent le passage de tout véhicule. L'accès a été rompu sur décision du gouvernement français, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine, invoque un arrêté préfectoral pris le 5 janvier 2021.

Un détour d'une heure de route

Jusqu'ici des travailleurs, collégiens, lycéens et riverains transfrontaliers empruntaient cette route quotidiennement pour se rendre d'un pays à l'autre. Dans le Val d'Arans, plusieurs parents ont choisi l'école française pour leurs enfants, et la fermeture du col représente un handicap. "Ce n'est pas très loin quand on traverse le col, à peine 17km. Mais avec sa fermeture il faut faire tout le tour, c'est presque une heure de route", se désole Miquel Molano, parent d'élève espagnol. Comme lui, ils sont des centaines à devoir suivre l'itinéraire en bleu sur la carte. Soit 42 kilomètres de détour par rapport au chemin d'origine, ici en rose.

La survie économique de la vallée en question

Pour les Espagnols amateurs de golf près de la frontière, rien dans le Val d'Aran. C'est à Luchon que le club le plus proche se trouve. Mais depuis la fermeture du col, cette précieuse clientèle a déserté les greens luchonnais. Même constat à la maison d'hôte Le Patio de Luchon. "Je ne les ai quasiment pas vus de l'été, certains ne prennent plus la peine de venir", déplore Christophe Deschamps, gérant de l'établissement. Chez lui, les touristes espagnols engendrent 30 à 40 % de son chiffre d'affaires en temps normal. 

Avec quelques commerçants et employés transfrontaliers, il a fondé le Collectif du Haut Comminges pour demander la réouverture du col. "La fermeture elle est aussi économique" souligne l'hôtelier. "C'est terrible pour les restaurateurs, ceux qui ont une clientèle étrangère, ou qui doivent traverser la frontière pour leur emploi...". 

Patrice Armengol lui, tient l'Aran Park, un parc animalier de l'autre côté de la frontière. À bout, le dépit et la lassitude s'entendent dans chacun des mots qu'il prononce. "Les vacances de la Toussaint c'est une catastrophe, personne ne vient nous voir.", lâche-t-il. La baisse de son activité est telle qu'il a dû embaucher trois saisonniers de moins que d'habitude. Usés par la situation, les commerçants et travailleurs franco-espagnols, ainsi que les riverains ont lancé une pétition pour interpeller Joël Giraud, Secrétaire d'État chargé de la Ruralité.

"On est coupé du monde depuis 10 mois et on ne comprend pas pourquoi. En haut du col les motos, les vélos, et les piétons peuvent passer, et il n'y a pas de contrôle de la gendarmerie..." soulève Patrice Armengol. Une situation incompréhensible pour beaucoup, alors qu'il est question d'intensification des contrôles aux frontières dans l'arrêté préfectoral. "Il n'y a que les voitures qui ne peuvent pas passer, c'est ridicule" renchérit l'homme d'affaires.

Le ministre de l'Intérieur interpellé

La version papier de la pétition aurait receuilli plus de 3.500 signatures selon les organisateurs, et près de 800 sur la version en ligne. Alertés, de nouveaux contestataires sont venus gonfler leurs rangs récemment : les élus de Luchon, et Joël Aviragnet, le député de la 8ème circonscirption de Haute-Garonne. Dans une lettre adressée le 26 octobre 2021 au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin , le député du sud ouest pointe du doigt les difficultés éprouvées dans la vallée, et demande la réouverture du col. 

"Tant que le col ne sera pas rouvert, je ne lâcherai pas !", s'emporte l'élu. Pour lui comme pour le reste de la population, aucun des arguments avancés pour justifier le maintien du barrage ne sont satisfaits. Dans la vallée de Luchon tous s'accrochent désormais à l'espoir d'une réaction en haut-lieu.

Le plan du député est déjà prêt : "je vais interpeller Darmanin dans l'Hémicycle le 7 décembre, donc il va bien falloir qu'il réponde ! Il faut que l'exécutif s'exécute pour rouvrir le col !". 

 

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