Plus d'un mois après le début des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, les pouvoirs publics ont appelé à se rassembler contre l'antisémitisme ce dimanche 12 novembre 2023. À Perpignan, la décision du maire Louis Aliot (RN) d'organiser le même rassemblement dans sa ville, fait débat.
Tout commence avec l'appel lancé par Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale et Gérard Larcher, président du Sénat, le 7 novembre dernier, pour organiser une grande marche contre l'antisémitisme à Paris le dimanche 12 novembre 2023.
Reprenant l'initiative, le maire de Perpignan Louis Aliot (RN) propose donc aux habitants de sa commune de se rassembler à 10 heures place de la Victoire le même jour.
🗣️ @louis_aliot, Maire de #Perpignan, vous convie à un rassemblement contre l’#antisémitisme le dimanche 12 novembre 2023 à 10 h 00, Place de la Victoire, au pied du Castillet.
— Ville de Perpignan (@MairiePerpignan) November 8, 2023
Le rassemblement sera suivi du dévoilement d’une bâche à l’Hôtel de Ville (Place de la Loge). pic.twitter.com/RGcpMRw0qK
Une décision largement décriée par l'opposition au Rassemblement national (RN), qui dénonce la réappropriation de cet hommage par un parti politique au passé largement teinté d'antisémitisme.
Une "récupération politique"
Le Parti socialiste (PS) et la France insoumise (LFI) ont d'ailleurs annoncé leur intention de ne pas se rendre au rassemblement organisé par le RN ce week-end. "Nous trouvons ça indigne de récupérer l'antisémitisme de manière si basse et politicienne", fustige Francis Daspe, porte-parole de LFI qui explique trouver "curieux" que ce rassemblement soit porté par "quelqu'un dont le parti a fait comme fonds de commerce la collaboration et l'antisémitisme."
Un argument faisant référence aux agissements et aux nombreux propos antisémites qu'a pu tenir Jean-Marie Lepen, ancien leader du FN, au cours de sa carrière politique.
L'histoire du RN pointée du doigt
"Avec Marine Lepen on a construit le nouveau RN en s'opposant à tout ce que Jean-Marie Le Pen avait pu dire comme propos inqualifiables", se défend Louis Aliot, pour qui la rupture du parti avec l'antisémitisme est actée depuis plusieurs années.
"Avec Marine Lepen on a construit le nouveau RN en s'opposant à tout ce que Jean-Marie Le Pen avait pu dire."
Louis Aliot
Mais pour Julien Baraillé, Premier secrétaire du PS des Pyrénées-Orientales, cette notion est toujours bel et bien présente au cœur du RN aujourd'hui : "nous avons quand même Jordan Bardella (président du RN) qui a affirmé il y a quelques jours que Jean-Marie Lepen n'était pas antisémite, alors qu'il a été condamné il y a quelques années justement pour cela."
🔴Le Parti socialiste appelle tous les Français à se joindre à la manifestation organisée le 12 novembre pour la #République et contre l'#antisémitisme.
— Parti socialiste (@partisocialiste) November 7, 2023
L'antisémitisme, d'où qu'il vienne, est le problème de la République toute entière. pic.twitter.com/U2TELWvX8I
Pour le politicien une chose est sûre, les membres du RN n'appellent pas à se rassembler contre l'antisémitisme mais "ils essaient de le faire croire."
"Trouver des instants de paix civile"
Interviewé par France 3 ce jeudi 9 novembre 2023, Louis Aliot indique avoir organisé l'événement de dimanche pour que le sujet "ne reste pas parisien" et pour "se soucier des otages et des 42 morts français", dont, selon lui on "n'entend pas beaucoup parler" contrairement aux manifestations "pour la paix."
Concernant le refus des autres partis politiques à se joindre à l'initiative de ce dimanche, l'élu réagit : "malheureusement on aurait pu avoir un moment de concorde nationale, on ne l'a pas, tant pis, ça n'empêche pas qu'il faut marquer symboliquement le coup. (...) Essayons de trouver des instants de paix civile autour de questions qui en valent la peine."
"On aurait pu avoir un moment de concorde nationale."
Louis Aliot
Appel à un rassemblement transpartisan
Contrairement au PS et à LFI, Daniel Halimi, président de la communauté israélite des Pyrénées-Orientales, a annoncé son intention de se joindre au rassemblement organisé par Louis Aliot.
"Cette cause doit être transpartisane."
Daniel Halimi
"Ma position est claire : ce qui m'intéresse c'est le mot d'ordre de ce rassemblement, c'est-à-dire dénoncer la montée de l'antisémitisme en France", souligne-t-il. "Je ne trouve pas normal de ne pas être solidaire avec cet appel en disant que c'est organisé par tel mouvement politique. Cette cause doit être transpartisane."