Référendum en Catalogne : Madrid menace de couper des lignes de crédit à Barcelone

Le gouvernement espagnol a menacé de restreindre des lignes de crédit qu'il accorde à la Catalogne si elle engage des dépenses pour organiser en octobre, un référendum d'autodétermination, interdit par la justice.

Accroissant encore un peu plus la pression sur le gouvernement séparatiste catalan, l'exécutif de Madrid a annoncé qu'il allait "renforcer le contrôle" en matière économique et financière de la région.

"Pas un euro des Catalans ne servira pour un référendum illégal qui est souhaité par une poignée de personnes", a annoncé le porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo lors d'une conférence de presse après le conseil des ministres.


Les hauts fonctionnaires catalans concernés par le budget devront chaque semaine transmettre des certificats montrant qu'ils n'ont pas engagé de dépenses "qui pourraient être destinés à la réalisation d'activités liées à la convocation du référendum", a expliqué le porte-parole.

"Chaque semaine, il y aura un contrôle de tout le budget pour que les personnes responsables de celui-ci transmettent cette information", a-t-il souligné.

En cas de non respect de la consigne, l'Etat estime que l'exécutif de Catalogne violerait des dispositions d'un accord qui "conditionne le déboursement de financements au titre du Fonds de liquidités des régions", a menacé Mendez de Vigo.

Concrètement, ce fonds prête de l'argent aux régions en mal de liquidités. Selon l'Etat, la Catalogne y a puisé 67 milliards d'euros depuis 2012 et avait prévu d'en tirer 3,6 milliards cette année. La région est si lourdement endettée qu'elle n'est pas en mesure de se financer directement sur les marchés.

La Catalogne, c'est 20% du PIB de l'Espagne


La question des finances est justement l'un des sujets épineux depuis des années entre Madrid et la Catalogne, qui représente près de 20% du PIB de l'Espagne.
Les Catalans estiment souvent que l'Etat central ne leur reverse pas tout l'argent auquel ils auraient droit au titre des impôts qu'il prélève dans leur région, et qu'il les traite injustement, par comparaison avec le Pays basque et la Navarre, qui prélèvent et gèrent directement l'impôt sur le revenu.

L'annonce de Madrid s'inscrit dans une liste de menaces qui s'allonge de jour en jour  pour les séparatistes catalans, décidés à organiser un référendum d'autodétermination le 1er octobre et à déclarer l'indépendance s'ils l'emportent.

Le gouvernement conservateur a prévenu les fonctionnaires et élus qu'ils s'exposent à des poursuites et à des sanctions s'ils violent la loi en participant à son organisation.

Des sanctions financières rétroactives ?


Cette semaine, la Cour des comptes, saisie par le parquet, a aussi accepté d'étudier la possibilité de demander à l'ex-président catalan Artur Mas (2010-2016) et à trois autres membres de l'exécutif de rembourser 5,2 millions d'euros de dépenses engagées lors d'une précédente consultation sur l'indépendance, en novembre 2014.
Dans ce contexte, certains responsables catalans ont ouvertement dit avoir des craintes pour leur patrimoine.

Le président séparatiste Carles Puigdemont a d'ailleurs procédé à un remaniement de l'exécutif pour s'entourer de séparatistes chevronnés qui ne fléchiront pas face à ces pressions: depuis début juillet, quatre membres de son cabinet ont été remplacés, un remaniement révélateur de sa "radicalisation", selon Madrid.

Sondages, référendum et démocratie...


Vendredi, un sondage auprès de 1.500 personnes commandé par le gouvernement régional indiquait que 49,4% des Catalans étaient contre la sécession, contre 41,06% d'habitants de la région qui veulent se séparer de l'Espagne.

En cas de référendum, 18% de l'ensemble des personnes interrogées ne participeraient pas et 14,4% ne savent pas encore quel sera leur vote.
Pour les autres, 39% voteraient oui à l'indépendance et 23,4% non, les séparatistes bénéficiant d'un avantage du fait de leur plus forte mobilisation.
Une chose est sûre selon l'ensemble des enquêtes d'opinion: plus de 70% des Catalans souhaitent un référendum pour trancher d'une fois pour toutes la question.
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