Sécheresse : le plus haut niveau d’alerte déclenché dans les Pyrénées-Orientales, ce que change l’arrêté de "crise sécheresse" qui entre en vigueur ce mercredi

Les Pyrénées-Orientales sont désormais en "crise sécheresse » : par arrêté préfectoral, à partir de mercredi 10 mai et jusqu’à mi-juin, des restrictions vont être mises en place dans la majorité du département pour donner la priorité à l'usage de l'eau potable et à la sécurité incendie.

Malgré les dernières pluies, selon la préfecture des Pyrénées-Orientales, le déficit en eau reste très exceptionnel, avec 60 % en moins sur les 12 derniers mois. De plus, les niveaux constatés dans les cours d’eaux, dans les barrages et dans les nappes souterraines restent particulièrement problématiques.

En conséquence, les bassins versants et nappes de l’Agly et de la Têt, ainsi que les nappes des Aspres et de la bordure côtière, viennent de passer en « crise sécheresse », à compter de mercredi 10 mai et jusqu’au mardi 13 juin.

Les autorités préfectorales expliquent par communiqué que ces zones ne pourront pas de faire face jusqu’à la fin de l’été à l’ensemble des usages et qu’il convient d’anticiper par une réduction des prélèvements d’eau destinée à sécuriser les usages prioritaires de l’eau potable et de sécurité incendie."

Le détail de ces mesures est disponible sur le compte Tweeter du préfet 

Un flot d'interdictions pour les communes et les particuliers : 

Sont désormais interdits :

  • L’arrosage des pelouses, des rond-points, des espaces verts, des jardins d’agrément, des massifs fleuris et jardinières, publics ou privés.
  • L’arrosage des plants d’arbres et d’arbustes.

Dans les communes mettant en œuvre un plan d’action fondé sur la charte d’engagement élaborée conjointement entre l’État et l’Association départementale des maires, la commune peut procéder à l’arrosage des plantations d’arbres et des arbustes plantés en pleine terre depuis moins de deux ans, entre 20h et 2h, dans la limite de 20 % des volumes habituels, et sous réserve de la mise en place d’un paillage végétal.

  • L’arrosage des potagers, sauf autorisation spéciale

Dans les communes mettant en œuvre un plan d’action fondé sur la charte d’engagement élaborée conjointement entre l’État et l’Association départementale des maires, le maire peut, par arrêté, autoriser l’arrosage des potagers à usage vivrier par les particuliers. Cette autorisation spéciale peut être accordée deux jours par semaine, entre 20h et 2h. La ressource utilisée ne peut pas provenir d’un canal d’irrigation.

  • L’arrosage des espaces sportifs de toute nature (terrains, stades…), à l’exception d’un terrain par installation sportive, dont l’arrosage est autorisé de 20h à 2h à condition que l’eau soit intégralement issue d’un processus de réutilisation. En complément, le service police de l’eau peut autoriser un arrosage réduit de manière significative et exclusivement de 20h à 2h pour les terrains d’entraînement ou de compétition à enjeu national.

  • L’arrosage des terrains de golf, à l’exception des greens et départs dont l’arrosage est autorisé de 20h à 2h à condition que l’eau soit intégralement issue d’un processus de réutilisation.

 

Les lavages et nettoyages sont interdits en ce qui concerne  : 

  • Le nettoyage des terrasses, des façades, toitures et voiries ne faisant pas l’objet de travaux. Le nettoyage des surfaces faisant l’objet de travaux reste autorisé, en prenant toutes les dispositions nécessaires pour réduire significativement la consommation d'eau. Le nettoyage des voiries et des terrasses reste possible en cas d’impératif sanitaire, en prenant toutes les dispositions nécessaires pour réduire significativement la consommation d'eau, et à l’exclusion des balayeuses laveuses automatiques. Le nettoyage à grande eau et basse pression est interdit dans tous les cas ;

  • Le lavage des véhicules par les particuliers en dehors des stations de lavages professionnelles équipées d’un système de recyclage de l’eau (minimum 70% d’eau recyclée) ;

  • Le lavage de tous les véhicules nautiques (bateaux, jet-ski...), à moteur ou non, sauf impératif sanitaires, et la mise à disposition sur les pontons des ports d'une alimentation en eau potable en libre accès. Les autorités portuaires définissent en lien avec les professionnels les conditions de fourniture d'eau pour les seuls usages autorisés (eau potable).

 

Le remplissage des piscines, bassins et plans d’eau sont également interdits : 

  • Le remplissage et l’appoint en eau de l’ensemble des piscines et bassins à usage privé (maison individuelle, gîte, copropriété, meublé de tourisme).

Dans le cas de travaux de construction d’un bassin engagés avant la date de publication du présent arrêté, et dans le seul cas où peut être établi auprès de la police de l’eau un risque d’atteinte à l’intégrité du bassin en cas d’absence de mise en eau, le premier remplissage du bassin est autorisé.

En cohérence avec l’interdiction de remplissage, la vente, la cession, la location ou la pose de piscines et bassins pouvant être directement installés par les particuliers est suspendue. Toutefois, la détention et le stockage demeurent autorisées aux entreprises, dans le cadre de leur activité professionnelle, en vue de leur écoulement commercial, une fois la suspension levée.

  • L’utilisation des jacuzzis et spas, dès lors qu’ils ne sont pas raccordés à un système de récupération totale et de réusage des eaux ;
  • Le prélèvement d’eau en vue du remplissage ou du maintien du niveau des plans d’eau de loisirs à usage privé et public.

Des usages agricoles sous surveillance

Les mesures correspondant au niveau d’alerte renforcée dans les zones concernées restent en vigueur. Pour les zones en niveau de crise, les prélèvements agricoles sont interdits.

Néanmoins, certaines pratiques restent possibles, telles que :

  •  l’abreuvement des animaux, sans restriction ;
  •  l’arrosage des cultures maraîchères en plein-champs en réduisant de 80 % les prélèvements en système d’irrigation gravitaire, de 50 % en système d’irrigation localisée, ou de 40 % pour les cultures sous-abri ;
  • l’arrosage des cultures hors-sol sans en réduisant les prélèvements de 30 % ;
  • l’arrosage des arbres, arbustes et vignes plantés de moins de 3 ans est autorisé en réduisant les prélèvements de 50 % ;
  •  l’arrosage des arbres, arbustes et vignes en réduisant les prélèvements de 80 % pour les systèmes d’irrigation gravitaire et de 50 % en système d’irrigation localisée (goutte à goutte, micro aspersion).

Gérer la crise sans opposer les usagers 

Soulignant que la sécheresse actuelle dans ce département frontalier est "la plus intense et la plus longue depuis 1959", date des premiers relevés météorologiques, le préfet a fait part de sa volonté d'éviter les conflits d'usage et de gérer la crise de la manière la plus apaisée possible, après avoir consulté et réuni fin avril l’ensemble des partenaires impliqués dans la gestion de la sécheresse (collectivités, usagers, experts, associations et services de l’État). 

La concertation mise en place a permis d’adapter, dans une logique d’intelligence collective, un certain nombre de dispositions pour, au final, atteindre un maximum d’économie d’eau avec un minimum d’impact économique, social et environnemental.

Rodrigue Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales

Le préfet affirme enfin avoir été attentif "au juste partage de l’effort entre tous les usages" : agriculture, autres activités économiques, vie quotidienne, débits dans les rivières.

Ce niveau d'alerte maximal a déjà été déclenché localement dans d'autres départements depuis le début de l'année, comme le Gard, le Var et les Bouches-du-Rhône. 

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