Les habitants des Pyrénées-Orientales s'attendent à de nouvelles mesures de crise pour lutter contre un manque d'eau sans précédent. Les producteurs d'abricots de la vallée de l'Agly ont fait le deuil d'une partie de leur récolte et demandent des dérogations pour éviter de voir tous leurs arbres dépérir.
Entre ses doigts, un fruit exsangue. Chaque jour, Vincent Banyuls doit se rendre à l’évidence. "C’est un arbre à l’agonie, se désole l'arboriculteur d'Espira-de-L'Agly en attrapant une branche asséchée. On voit qu'il n'a pas d'eau. Et tout ce qu'il a à donner à l'abricot, il le reprend. Il reprend notamment la sève et le peu d'eau qu'il avait. Il commence à sécher d'en haut jusqu'en bas. Il va se laisser mourir." Il s'est confié à Norbert Evangelista et Adeline Raynal, journalistes à France 3 Occitanie.
Une année perdue
Comme la majorité des arboriculteurs des Pyrénées-Orientales, accablés par la sécheresse, Vincent se prépare au pire. "La récolte pour cette année, elle est foutue. Et si on ne trouve pas de solution pour trouver de l'eau avant juillet et août, il faudra tout replanter."
Heureusement pour lui, tout n’est pas perdu. Sur une de ses parcelles, la récolte sera bonne. "Les feuilles sont jolies, elle sont grandes. La différences avec les autres fruits, elle se voit super bien." Ici, les abricots ont presque déjà le calibre de la cueillette.
Garder l'eau de pluie
La différence ? Ces arbres-là sont arrosés par un système d'irrigation alimenté par le réseau d'eau de Rivesaltes, commune voisine, pourtant réduit de moitié à cause des restrictions liées à la sécheresse. Seule une partie des terres de Vincent en bénéficie. Les deux-tiers sont normalement arrosé par l'Agly, "complètement à sec depuis le début de l'année", précise Frédéric Jonca, lui aussi arboriculteur.
Malgré ça, pour ces agriculteurs, des solutions existent. Dresser par exemple des ouvrages dans le lit de la rivière, pour capter l’eau de pluie. "Demain, vous êtes capable d’entendre sur le journal où il est tombé 100 mm en 24h - donc il est tombé trois mois de pluie en 24h. Cette eau, il faut impérativement maintenant la garder et la conserver (...) pour pouvoir se servir de cette eau en période critique et ne pas la laisser passer devant nos yeux."
Cette idée a été soumise samedi au ministre de l’Agriculture lors de sa visite dans le département afin d'empêcher, avant qu’il ne soit trop tard, que les vergers de Vincent ne se muent en cimetière.