Anne-Séverine est une sage-femme originaire de Céret dans les Pyrénées-Orientales, en mission humanitaire à l’hôpital Saint-Paul d’Addis Abeba en Ethiopie pour améliorer les pratiques obstétricales et le bien-être des femmes et de leurs nouveau-nés. Le documentaire nous emmène en immersion partager son expérience, ponctuée de haut et de bas.
Anne-Séverine, sage-femme originaire de Céret dans les Pyrénées-Orientales, boucle sa valise. Dans quelques heures, elle s’envolera à destination de l’Ethiopie, pays de l’est de l’Afrique, où elle effectuera une nouvelle mission humanitaire de 9 mois. L’hôpital Saint-Paul d’Addis Abeba, la capitale éthiopienne, l’a mandaté pour tâcher de décrocher le label de qualité IHAB créé par l’OMS : Initiative Hôpital Ami Des Bébés. Elle va donc superviser 130 sages-femmes et une quarantaine de médecins dans une transition vers de meilleures pratiques obstétricales.
A l’hôpital Saint-Paul, plus de 9000 femmes accouchent chaque année, avec un quota de plus de 30 naissances par jour. Ces femmes n’ont pas accès à la péridurale et le taux d’épisiotomie est de 76%, (sachant que l’OMS préconise seulement 10%).
Pleine d’espoir et d’enthousiasme, Anne-Séverine compte bien apporter son expérience pour améliorer les conditions d’accouchement de ces femmes et l'arrivée au monde de leurs bébés.
De nombreux obstacles
Mais aussitôt arrivée, elle se heurte à de nombreux obstacles, dont le manque de moyens, l’immobilisme des institutions et la résistance du personnel soignant. Les traditions s’invitent au quotidien dans le travail des soignants éthiopiens, avec un rythme et des habitudes qui ne sont pas au goût de notre sage-femme, très active et déterminée à mener à bien son objectif.
Je donnerai mon énergie, ma santé peut-être, mais dans tous les cas on va essayer d’avancer
Anne-Séverine, sage-femme.
Mark est un médecin américain qui, comme elle, est en mission depuis cinq ans dans un autre service de l’hôpital. Ils échangent sur leurs expériences respectives. L’homme a une vision différente. Il explique comment, pour avancer, il a été emmené à faire des choix radicaux. En revanche et malgré un ton directif avec le personnel, notre sage-femme favorise une approche plus conciliante "Au début, j’étais comme toi » lui dit le médecin, "(…) et puis, je suis devenu très dogmatique". Il raconte : "Leur culture veut qu’ils mangent ensemble. C’est beau ! Mais ça ne fonctionne pas dans une unité de soins intensifs (…). Petit à petit, j’ai fait sortir la culture de mon service".
Femme de conviction, Anne-Séverine est en butte à un monde médical profondément patriarcal. Dans l’hôpital africain d’Addis Abeba, les médecins sont essentiellement des hommes, avec des pratiques de ce qu'elle qualifie de "médecine de guerre". "Personne ne fait attention à la femme" insiste-t-elle auprès de deux membres du service gynécologie de l’hôpital.
Les sages-femmes doivent avoir de la compassion pour les femmes. Pour moi, c’est le plus important.
Anne-Séverine.
Malgré la difficulté de la tâche, notre soignante engagée ne lâche rien. Fidèle à elle-même, elle se démène pour introduire ses méthodes empreintes de douceur, d’empathie et d’attention. S’adressant à un homme parmi les soignants et comptant bien se faire entendre, elle lui dit sans fioritures "La femme n’a jamais attendu l’homme pour accoucher, tu le sais ça ?".
Une énergie à toute épreuve
Malgré des locaux bondés et vétustes, la cérétane garde espoir. Dans le cadre de sa mission, elle va devoir accompagner l’ouverture d’un nouvel hôpital mère-enfant, qui s’annonce spacieux et doté d’un matériel "dernier cri". Elle se projette. Espère. Tandis que l’ouverture se fait attendre…
Anne-Séverine est une femme qui parle à ses semblables, les rassure et favorise très tôt, le lien entre la mère et l'enfant. Tout en accompagnant les personnels de l’hôpital éthiopien, elle tente de défaire ce qu’elle prétend être de mauvaises habitudes pour tenter d’intégrer et faire accepter les siennes. Parmi elles, les bienfaits du peau à peau, l’amélioration des conditions d’hygiène ou encore la qualité des soins, démontrant notamment les méthodes douces pour éviter les déchirures que subissent beaucoup trop de femmes lors des accouchements.
Tout au long du documentaire, nous la suivons dans son parcours de battante, motivé par une énergie à toute épreuve mais aussi ponctué par des doutes et interrogations. Est-elle légitime pour mener à bien sa lourde tâche dans le cadre de sa mission humanitaire ? Ses combats menés pour faire changer les choses valent-ils la peine ou sont-ils perdus d’avance ? Ses recommandations seront-elles mises en œuvre ?
"Peau à peau", un film de Camille Tostivint, à voir le jeudi 18 mai 2023 à 22h50.
Une coproduction Les Films du Texmex et France 3 Occitanie.