À Claira, près de Perpignan, une fresque reprenant le logo de TotalEnergies a fait son apparition dans le lit asséché du cours d'eau de l'Agly, jeudi 31 août. À l'origine de cette peinture, le collectif ANV-COP21 qui souhaite dénoncer les responsabilités des grands pollueurs, avec ce slogan : " Ils n’ont plus d’eau ? Qu’ils boivent du pétrole ! "
25 mètres de large, 45 mètres de long. Les activistes d'ANV-COP21 n'ont pas fait dans la demi-mesure jeudi 31 août à Claira. Du charbon de bois, de la glycérine naturelle et de la gomme arabique, pour réaliser cette peinture géante, en aval du cours d'eau de l'Agly, asséché depuis le début de l'année.
La fresque représente un individu buvant de l'essence, et reprend les lignes du logo de TotalEnergies. Le slogan "Ils n’ont plus d’eau ? Qu’ils boivent du pétrole !" s'inspire, lui, de la formule attribuée à Marie-Antoinette : "Ils n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche !"
Une équipe de France 3 Pays catalan s'étaient déjà rendues sur place et avaient réalisé ce reportage :
Viser les gros pollueurs
"On a voulu mettre en lumière la responsabilité des gros pollueurs dans le dérèglement climatique. Cela fait 50 ans que TotalEnergies exploite des énergies fossiles polluantes pour la planète", fustige Zoé Pelegry, porte-parole du collectif ANV-COP21.
Le lieu choisi n'est pas anodin, le département des Pyrénées-Orientales est en proie à la sécheresse depuis plusieurs étés, et a été confronté à des restrictions avant même le début de l'été cette année.
TotalEnergies a réagi à la fresque, rétorquant : "Depuis 2015, nous orientons nos investissements vers les énergies renouvelables." Le collectif n'a reçu aucune obligation de la part des autorités d'effacer la peinture, même si Zoé Pelegry rappelle : "La fresque est éphémère, et disparaîtra dès qu’il pleuvra."
Cette mobilisation n'est pas restée un acte isolé. Vendredi 1er septembre, le collectif ANV-COP21 a réitéré en lançant une campagne de collage d'affiches à Perpignan, et dans plusieurs villes du pays, comme à Besançon.
"Des niveaux d'eaux historiquement bas"
Un an que l'aval de l'Agly est à sec. "L'eau ne coule plus à partir d'Estagel", explique Théophile Martinez, président du Syndicat mixte du bassin-versant de l'agly (SMBVA). "Nous connaissons cette situation tous les étés, à la différence que l'Agly se remplissait dès qu'il pleuvait. Là, il ne repleut pas", poursuit le président du SMBVA.
En période de sécheresse, le Département peut délester l'eau retenue au barrage de l'Agly plus en amont. "Il faut augmenter le débit à 2 000 litres/seconde au niveau du barrage, ce qui permet de faire couler l'eau jusqu'en aval", étaye Théophile Martinez. Mais cette pratique n'est pas tenable actuellement, en raison des réserves trop faiblement remplies. "On ne peut pas aller au-delà de 1 000 litres/seconde au niveau du barrage, car les niveaux d'eaux en réserve sont historiquement bas", conclut le président du Syndicat.