La mobilisation en faveur du couple de vignerons japonais menacé d'expulsion à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales s'amplifie : de l'extrême-droite aux écologistes, le monde politique demande au préfet de revoir sa décision, tandis qu'une pétition de soutien atteint les 40.000 signatures.
En quelques jours, Rie et Hirofumi Shoji ont réussi malgré eux un tour de force : le monde politique dans son ensemble, de l'extrême-droite aux écologistes, prend fait et cause pour ce couple de vignerons japonais qui fait un vin d'exception à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales, mais qui est menacé d'expulsion.
Pour mémoire, la préfecture leur reproche des revenus trop bas [ils ne sont installés que depuis un an et n'ont effectué qu'une seule vendange, mais leur vin est déjà sur la carte de restaurants étoilés, NDLR].
Plus de 40.000 signatures
Si Rie et Hirofumi refusent de s'exprimer, atteints dans leur sens de l'honneur, très important au Japon, la pétition de soutien mise en ligne par leurs partisans atteint désormais près de 40.000 signatures. Parmi les signataires, l'Eurodéputé écologiste Yannick Jadot a twitté :
J’ai signé cette pétition contre l’absurdité : Non à l'expulsion des vignerons japonais de Banyuls, qui produisent un excellent vin naturel ! https://t.co/FaHn88EVne
— Yannick Jadot (@yjadot) 3 juillet 2018
Des écologistes à l'extrême-droite en passant par les socialistes et Les républicains
Autre député européen, le socialiste audois Eric Andrieu s'est lui aussi exprimé sur Twitter :
#Roussillon #Banyuls: Ces vignerons japonais expriment le meilleur du terroir d’@Occitanie ! Ils sont menacés d’expulsion car non rentables! Avis à tous les 1ers de cordée… #Solidarité https://t.co/hk8eFJFx8G
— Eric Andrieu (@EricAndrieuEU) 3 juillet 2018
Toujours au PS, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a pris fait et cause pour les vignerons nippons :
La situation de ces jeunes vignerons japonais est ubuesque.
— Carole Delga (@CaroleDelga) 2 juillet 2018
Notre pays doit donner sa chance à tous ceux qui innovent et qui prennent des risques, y compris en viticulture, surtout s’ils subliment le fruit de nos terroirs d’@Occitanie !@TerredeVins https://t.co/kJxlPyYXNi
Et ils ne sons pas les seules personnalités politiques à afficher leur soutien au couple : plus surprenant, le député du Rassemblement National des Pyrénées-Orientales Louis Aliot a lui aussi publié un communiqué en faveur du maintien en France de Rie et Hirofumi Shoji :
"Je demande à la préfecture de trouver une solution rapide afin qu’ils puissent continuer à travailler honnêtement au service de notre terroir".
Le sénateur Les Républicains des Pyrénées-Orientales François Calvet a, quant à lui, écrit au préfet et publie le courrier sur son site internet :
"J’ai moi-même, dès le 3 mai, saisi le Préfet en lui demandant d’analyser leur situation et de revenir sur l’arrêté préfectoral du 3 avril portant refus de séjour et obligation de quitter le territoire français".
Du côté des professionnels aussi, la mobilisation est relayée. La Revue du Vin de France, plus ancienne revue francophone dédiée au vin, leur a consacré un article.
Emotion à Banyuls
A Banyuls, pendant ce temps, Bruno Duchêne, un ami vigneron qui a aidé Rie et Hirofumi à s'installer, ne comprend pas la décision de la préfecture. Et les habitants s'organisent, à l'image de Cathy Rousseill qui depuis 40 ans travaille à la promotion du cru Banyuls. La décision d'expulser ce couple la révolte.
Même les élus sont sur le pont, au premier rang desquels Jean-Michel Solé, le maire de Banyuls-sur-Mer. Céline Llambrich et Frédéric Savineau les ont tous rencontrés.
Le 6 septembre prochain, le couple est convoqué au tribunal administratif de Montpellier, auprès duquel il a intenté un recours. La menace d'expulsion sera alors confirmée ou annulée.