"Ces femmes vivaient toutes avec leur meurtrier", comment toutes les polices ont déclaré la guerre aux féminicides en Espagne

Depuis janvier, c'est la mobilisation générale de toutes les forces de police de l'autre côté des Pyrénées. Elles se retrouvent régulièrement pour analyser chaque féminicide et renforcer la prévention. Longtemps considérée comme pionnière en la matière, l'Espagne fait face à une recrudescence des violences sexistes.

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C'est une simple visioconférence mais c'est un symbole très fort. Police nationale espagnole, Guardia Civil, Ertzaintza (police autonome basque), Mossos d'Esquadra (police autonome catalane) et Police provinciale de Navarre, elles étaient toutes réunies ce mardi 11 juillet 2023 pour décortiquer les dix derniers féminicides perpétrés dans le pays depuis fin mai.

Sur les dix victimes, seules trois avaient été enregistrées dans le système VioGén, une application informatique unique qui centralise toutes les informations liées aux violences de genre en Espagne.

En pratique, dès qu'une plainte est déposée, on évalue le risque que cette femme soit à nouveau victime de son agresseur. Il y a cinq niveaux : pas de risque observé, faible, moyen, élevé ou extrême. Grâce à cet outil, 60 000 femmes par an bénéficient d'une protection. Il aurait permis de réduire le taux de récidive de 63 %.

Concernant les sept autres victimes, les faits ont été scrupuleusement examinés, les circonstances dans lesquelles ils se sont produits, le profil des victimes et celui des meurtriers. Objectif : rendre plus efficace l'action policière et renforcer la prévention de ces crimes sexistes.

Six féminicides en Catalogne depuis janvier

Depuis le début de l'année en Catalogne, indiquent les Mossos d'Esquadra dans un communiqué, on a compté six féminicides au sein de couples. Les femmes tuées par leur conjoint masculin avaient entre 37 et 42 ans et "vivaient toutes avec le meurtrier présumé au moment du décès".

Toutes les six ont été tuées chez elles et trois d'entre elles avaient des enfants mineurs. Aucune de ces femmes n'avait signalé auparavant leur agresseur. Pas plus que la famille n'avait signalé à la police de la maltraitance dans le couple.

Les meurtriers ont été arrêtés tous les six. Ils avaient entre 35 et 45 ans et n'avaient aucun antécédent de violences dans le couple ou dans des relations antérieures.

Une "tragédie sociale"

C'est la cinquième fois que ce groupe de travail se retrouve depuis sa mise en place en janvier. En Espagne, on avait dénombré onze féminicides en décembre 2022, soit le pire mois depuis 2008. Fernando Grande-Marlaska, le ministre de l'intérieur espagnol, avait parlé d'une "tragédie sociale" et reconnu des "défaillances". Dans près de la moitié des cas, les victimes avaient en effet déjà porté plainte ou leur meurtrier était connu pour des antécédents.

Pedro Sánchez, le chef du gouvernement espagnol, s'en était ému sur Twitter. "Mettre fin à la violence sexiste nous concerne tous. Il est essentiel d'agir ensemble, en tant que société, pour enrayer ce fléau. Nous ne pouvons pas continuer à déplorer les victimes."

L'Espagne citée comme modèle

L'Espagne a été le premier pays en Europe à adopter une loi faisant du sexe de la victime une circonstance aggravante en cas d'agression. Depuis 2003, depuis qu'elle les comptabilise officiellement, plus de 1 100 femmes ont été tuées par leur conjoint dans le pays.

En 2017, un pacte national contre la violence de genre a octroyé un budget d’un milliard d'euros sur cinq ans pour la lutte contre les violences faites aux femmes.

Depuis le 1er janvier 2022, la définition du féminicide a été également élargie et ne concerne plus les seuls cas de meurtre d'une femme au sein d'un couple ou entre ex-conjoints. Le terme caractérise désormais aussi les féminicides dits "familiaux" (le meurtre d’une femme par un membre masculin de sa famille), "sexuels" (le meurtre d’une femme par un homme qu’elle ne connaît pas à la suite d’une agression sexuelle), "sociaux" (le meurtre d’une femme par un homme à la suite d’une agression non sexuelle) et "par procuration" (le meurtre d’une femme par un homme comme moyen de causer préjudice à une autre femme).

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