A l'occasion de la journée contre les violences faites aux femmes, l'OMS dresse ce triste bilan : 1 femme sur 3 est victime de violence au moins une fois dans sa vie. Nous avons rencontré l'une d'entre elles. Marie, aujourd'hui invalide, vit près de Toulouse. Pendant 8 ans, elle a subi les coups et les insultes.
Les violences faites aux femmes sont multiples : violences sexuelles, mariage forcé, prostitution, mutilations sexuelles et violences conjugales. Elles n’épargnent aucun milieu, aucun territoire, aucune génération. Quand les violences sont évoquées, il n’est pas seulement question des violences physiques, mais aussi des violences morales, psychologiques, sexuelles et économiques.
Haute-Garonne : les violences faites aux femmes en chiffres
6 homicides, 8 tentatives d'homicide, 109 viols et 18 séquestrations. Les chiffres des violences faites aux femmes dans le département de la Haute-Garonne en 2021 sont, non seulement terrifiants, mais ils sont également en forte hausse. Selon l'observatoire départemental des violences faites aux femmes de la Haute-Garonne, cela représente une hausse de près de 12% par rapport à la même période en 2020 (les faits sont comptabilisés du 1er janvier au 14 novembre). Parmi ces violences, les violences sexuelles ont augmenté de 34,47%.
"J'ai frôlé la mort. Cela fait partie de mon histoire"
Elle nous a demandé de changer son prénom et de l'appeler Marie. Comme pour mettre de la distance avec celle qui a subi des violences conjugales durant 8 longues années. Comme souvent, les coups et les insultes se sont installés progressivement. Au début, un "pétage de plomb" de temps en temps, et puis les coups au quotidien.
Un matin, dans la salle de bain, alors que j'avais mon fils de deux ans et demi dans les bras, mon conjoint m'a étranglée. J'ai vu la mort. Quand j'ai couché mon fils pour la sieste, il m'a dit : "on va partir tous les deux".
Marie, victime de violences conjugales
C'est le déclic. Après des années de violences, Marie ne pense plus ni au travail, ni à l'argent, ni à la famille, et elle fuit. C'était en 2013. Grâce à son fils, elle a décidé de mettre fin à l'insupportable.
Il m'a cassé le poignet et je n'ai rien dit. Il m'a traitée de pute et je n'ai rien dit...
Marie, victime de violences conjugales
Marie estime qu'elle était sous emprise et tellement sidérée par ce qu'elle vivait qu'elle ne réalisait pas vraiment.
Une reconstruction longue mais gratifiante
Marie a aujourd'hui 44 ans. Suite à ces violences, elle est invalide. Elle ne peut plus exercer son métier d'infirmière.
J'ai des séquelles mais la vie a un autre goût aujourd'hui. Je suis devenue une autre femme, et j'accompagne les autres.
Marie, victime de violences conjugales
En 2017, Marie crée l'association "Une autre femme", pour aider les autres. 130 femmes, et 5 hommes, victimes, ont été accompagnés par l'association.
J'ai eu peur pendant des années, et même après être partie. J'ai été suivie par une psychologue. Mais depuis que j'ai monté l'association, je n'ai plus peur. Je suis même fière de mon parcours.
Marie, victime de violences conjugales
Après des années de souffrances et de procédures judiciaires, Marie se dit aujourd'hui résiliente. Et c'est le message qu'elle souhaite transmettre aux autres victimes. "Il est toujours possible de se reconstruire. Mais pour cela il faut d'abord trouver la force de partir" concède-t-elle.
Au niveau national
En 2021, 143 morts violentes au sein du couple ont été recensées par les services de police et les unités de gendarmerie, contre 125 l’année précédente (18 victimes en plus). Les femmes restent les principales victimes. 122 femmes et 21 hommes ont été tués au cours de violences conjugales en 2021.
Si les morts violentes au sein du couple ont augmenté, les tentatives suivent une trajectoire similaire. En 2021, 251 tentatives ont été recensées, contre 238 en 2020.