A Prades, dans les Pyrénées-Orientales, fief de l'ancien Premier ministre Jean Castex, le défilé contre la réforme des retraites s'est terminé par un incident. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène contre le cortège, à la surprise des manifestants et surtout des familles avec enfants. Explications.
Stupeur des manifestants à Prades, vers 11h45 ce jeudi 23 mars 2023. Après un défilé tranquille dans les rues de la commune qui avait réuni entre 500 et 700 personnes et était prêt à se disperser, une partie du cortège s'est dirigée vers la RN 116, axe routier majeure entre Villefranche-de-Conflent et Perpignan.
Là, les manifestants se sont heurtés à un barrage de gendarmerie posté à cet endroit pour éviter le blocage de la Nationale et sécuriser le trafic routier.
"On a eu peur d'un mouvement de foule"
Après un moment de confusion, les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogène et/ou de bombes au poivre contre la foule. Parmi les personnes touchées, des familles, des enfants et des personnes âgées.
Quand j'ai entendu "attention ils utilisent du gaz", j'ai vite rebroussé chemin pour prévenir des amis avec des enfants et des poussettes qui étaient à l'arrière. Dans cette rue étroite, on a eu peur d'un mouvement de foule. Les gens criaient.
Marion, manifestante à Prades
Selon d'autres témoins, "les gens toussaient et pleuraient, des personnes âgées avaient le souffle coupé".
Une femme raconte : "je ne voyais plus clair, j'avais les yeux en feu. Même avec de l'eau, cela ne faisait rien. Et les gens me bousculaient. J'ai eu peur, un instant".
Un père de famille n'en revient pas "les enfants ont eu très peur, ils pleuraient. Et moi, j'ai eu peur pour eux".
La préfecture des Pyrénées-Orientales et la gendarmerie s'expliquent
Selon nos informations, la gendarmerie avait organisé un barrage pour éviter que la circulation sur la RN 116 soit perturbée par les manifestants.
Ce barrage filtrant a dû être ouvert momentanément pour permettre le passage d'une ambulance.
Seulement, au moment de refermer l'accès, après le passage de l'ambulance, deux gendarmes auraient été bousculés et seraient tombés au sol. Une vingtaine de personnes se trouvant autour d'eux. L'un s'est vite relevé mais l'autre était en difficulté.
"Pour éviter son piétinement et le dégager de la foule, un de ses collègues a fait usage de son diffuseur de gaz lacrymogène mais avec le vent, le nuage a incommodé tous les manifestants" a confirmé un responsable de la préfecture dans un communiqué officiel.
Selon la préfecture, il n'y a pas de blessés à cette heure, ni du côté de la gendarmerie, ni du côté des manifestants.
Ecrit avec C. Fabre et O. Meyer.