Tautavel continue en 2013 de livrer ses secrets sur nos ancêtres cannibales

Sept dents isolées, une partie de mandibule, un sacrum et un fémur complet, en l'espace de quelques semaines, la grotte de Tautavel dans les Pyrénées-Orientales a encore livré de précieux trésors archéologiques, synonyme d'un cru 2013 exceptionnel pour les paléontologues.

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Ces récentes découvertes portent désormais à 141 le nombre de restes humains découverts dans cette grotte creusée à flanc de montagne, depuis les premiers grattements de spatules des paléontologues Henry et Marie-Antoinette de Lumley en 1964.
"C'est une année extraordinaire. On n'en avait jamais trouvé autant en si peu de temps", s'émerveille le préhistorien, âgé aujourd'hui de 78 ans.



La richesse de Tautavel est liée en partie à des bouleversements géologiques.
En se colmatant pour ne se rouvrir qu'entre 30.000 et 15.000 ans avant notre ère, la cavité a piégé les vestiges et la culture des hommes de -700.000 à -100.000 ans.
En près de 50 ans de fouilles, quelque 360.000 objets ont été exhumés, des outils, fragments d'os humains ou d'animaux. Parmi les plus belles pépites de la grotte, appelée Caune de l'Arago, figure la face d'un crâne vieux de 450.000 ans immortalisé dans les manuels scolaires sous le nom de l'Homme de Tautavel.

Ce 21e fossile humain sorti de cette mine de vestiges en 1971, également nommé Arago XXI, a permis de donner pour la première fois un visage aux plus lointains de nos ancêtres.



Le cannibalisme rituel pour l'homme de Tautavel

Bien avant l'homme de Néandertal (135.000 ans), puis notre ancêtre direct Cro-Magnon (35.000 ans), l'Homme de Tautavel ne maîtrisait pas encore le feu mais il taillait ses outils dans la pierre et chassait de grands mammifères dans un périmètre de 30 kilomètres. La grotte lui donnait une vue imprenable sur la vallée, la source d'eau en contrebas et vraisemblablement les animaux qui s'y déplaçaient.
Il pratiquait également un cannibalisme rituel. "Ils ne mangeaient que certaines parties du corps humain car ils avaient de quoi manger. Ils cassaient ensuite les os en morceaux, qu'ils laissaient ici. La caune de l'Arago, c'était en quelque sorte leur table de pique-nique", raconte avec humour la paléo-anthropologue Marie-Antoinette de Lumley.

Pour les chercheurs, la présence d'un fémur quasi entier, sans ses épiphyses (extrémités), au milieu de ce gisement de déchets culinaires, est un butin miraculeux. "Il a fallu attendre 50 ans de recherches pour trouver un os humain qui n'ait pas été fracturé pour en manger la moelle", souligne, encore ébahi, le directeur du chantier de fouilles, Christian Perrenoud.

Encore des galeries non explorées

L'étude de ce nouveau joyau permettra déjà d'en savoir un peu plus sur le sexe, la morphologie et la robustesse de ces individus dévorés par leurs congénères.
Ainsi, l'homo erectus au fémur devait "mesurer près d'1m70, ce qui est déjà grand pour un homme préhistorique!", révèle Mme de Lumley, directrice de recherche émérite au CNRS.
Encore partiellement en terre, sous un immense échafaudage de planches en bois et de barres métalliques, le précieux fémur sera prochainement photographié, scanné en trois dimensions puis moulé, avant de rejoindre ensuite le coffre-fort du Centre européen de recherche préhistorique.
Pour l'heure, l'os préhistorique est jalousement gardé par une armada de fouilleurs bénévoles, principalement des étudiants rattachés à l'université de Perpignan venus d'Europe, du Maghreb et des États-Unis pour racler et épousseter les parcelles encore à déchiffrer.

Et la tâche est encore grande. Aux dires d'Henry de Lumley, le filon n'est pas prêt de s'épuiser. "Nous n'avons fouillé qu'une partie de la grotte et il y a des galeries qui n'ont pas encore été explorées".
Que les futurs fouilleurs se rassurent, "les recherches devraient encore se poursuivre sur plusieurs générations", ajoute le célèbre paléontologue.
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