Dans l'Hérault, plus de 60% des grands électeurs ont choisi un candidat ni UMP ni PS. Les partis politiques traditionnels sont en état de jachère. La victoire de Jean-Pierre Grand place Philippe Saurel comme leader. Le parti socialiste joue sa survie.
Si le résultat nominatif marque une grande stabilité quant aux rapports de force droite-gauche – une sénatrice en plus pour le Gard- par l’effet mécanique de la loi électorale, le détail du vote est intéressant à un plus d’un titre.
Le département de l’Hérault est symptomatique d’une décomposition de l’influence des appareils politiques, de leur centralité à faire vote. Longtemps structurée autour de deux figures socialistes mains publiquement opposées, Georges Frêche et Gérard Saumade, l’offre politique est fragmentée. Elle est devenue l’affaire de barons locaux, bien implantés sur leur territoire et dont seul compte l’avis de leurs électeurs. En un mot, il n’y a plus de patron. Si organiquement, la droite républicaine a été toujours faible, ce n’était point le cas du Parti Socialiste.
Un PS 34 à reconstruire
Cette élection sénatoriale est un camouflet pour le PS dans la mesure où son candidat arrive seulement en troisième position. Bien sûr, l’addition des voix de Christian Bilhac donne meilleure figure à la majorité présidentielle. Cette unique consolation ne pourrait cacher une relative inefficience de la fédération socialiste. A six mois des élections cantonales avec un tel état de déstructuration, le travail politique est immense pour éviter une future désillusion.
Par ailleurs, l’élection de Robert Navarro, socialiste honni par Solférino, est symboliquement une épine dans le pied des socialistes héraultais. Elu avec 257 voix –soit un peu moins de 12% des suffrages- il sera une voix toujours dissidente voire grinçante dans les défis de la reconstruction locale qui attend le parti de la Rose.
La session du Conseil régional de ce lundi 29 septembre devrait nous offrir un premier aperçu de ces « plaisirs rhétoriques » !
Grand : une force métropolitaine
L’élection de Jean-Pierre Grand –en tête et à 23 voix de placer sa deuxième de liste au Sénat- est l’exemple d’une personnalité politique trans-courants.
UMP atypique, inscrit dans la lignée de Chaban-Delmas dont il fut collaborateur proche- le maire de Castelnau a bénéficié d’un vote de l’agglomération de Montpellier. C'est quasiment un secret de polichinelle : ce dernier a eu la bienveillance de Philippe Saurel –dont les voix représentaient plus de 10% du corps électoral- ce qui laisse augurer la construction d’une force métropolitaine affranchie des logiques partisanes.
De fait, dans un état de jachère et alors que l’emprise du Front National s’accélère (135 voix alors que l’on suppose que des voix ont fait défaut à Béziers), le rôle de la Métropole de Montpellier et de Philippe Saurel est renforcé. Le PS pourra prendre le problème par tous les bouts, il aura obligation de passer sous les fourches caudines du maire de Montpellier. Sinon, il disparaîtra ou sera fort anémié à court terme comme force politique majeure du territoire. Un constat : il joue sa survie dès 2015 dans l’Hérault.