Depuis plusieurs années, le maire de Montjoi (Tarn-et-Garonne) et un éleveur de la commune sont en conflit à propos d’un chemin communal. Avant l’été, une vidéo du youtubeur d'extrême-droite Papacito a provoqué une vague de menaces envers l'élu local. La tension était redescendue mais le conflit repart de plus belle. Cinq incendies ont été déclenchés en moins de 3 semaines.
C’est une vidéo qui a fait le buzz avant l’été avec 500 000 vues. Celle du Youtubeur Papacito aux côtés d’un éleveur de Montjoi (Tarn-et-Garonne) dans laquelle il dénonce la corruption supposée du maire, accusé de faire passer ses intérêts et ceux d’habitants aisés avant ceux de la commune. Le maire avait ensuite reçu des milliers de messages de menaces sur internet, d’autres ont été peints directement sur des édifices de la commune.
Si la tension semblait être un peu tombée avec l’été, le conflit repart de plus belle depuis septembre. Sans qu’aucun lien n’ait pu être établi pour l’instant, 5 départs de feu de broussailles ont été constatés en moins de 3 semaines. Dimanche dernier, l’un d’eux a parcouru un hectare avant d’être éteint et a nécessité d’évacuer 14 personnes. Tous ces feux ont tous été allumés dans le même secteur, au pied du village, et à chaque fois en soirée ou en pleine nuit. La gendarmerie s’est saisie de l’enquête.
Une troisième vidéo en préparation
Joint par téléphone, l’éleveur, Pierre-Guillaume Mercadal, réfute absolument tout lien avec ces incendies de même que les menaces dont l’accuse le maire. Il reconnaît avoir envoyé ces dernières semaines des recommandés et des SMS au maire, qu’il qualifie de "pitre municipal" et à plusieurs conseillers municipaux mais ils ne contenaient selon lui aucune menace.
C’est pourtant bien ce que lui reproche le maire, lui aussi contacté. Selon Christian Eurgal, ces messages menaceraient de révéler les noms, photos et coordonnées de plusieurs élus dans une nouvelle vidéo sur internet. Pierre-Guillaume Mercadal confirme vouloir diffuser une nouvelle vidéo pour "révéler les magouilles entre le maire et ses conseillers municipaux", comme la cession de terrains à des prix bien inférieurs à ceux du marché.
Il ne sait pas encore quand elle sera tournée ni si ce sera encore avec le youtubeur d'extrême-droite Papacito mais il admet vouloir faire apparaître dans cette vidéo les noms et visages des conseillers municipaux dans la mesure où ils sont élus. Il réfute en revanche toute menace de révéler leurs adresses ou numéros de téléphone. Quoi qu’il en soit, le maire redoute que cette nouvelle vidéo ne relance une série de menaces ou des dégradations.
Plaintes pour menaces de mort, dégradations et insultes
Christian Eurgal indique qu’au moins 6 plaintes ont été déposées, notamment pour insultes homophobes, menaces de mort et dégradations, mais elles ne visent pas directement l’éleveur qui n’a pas été auditionné par la gendarmerie à ce propos. Condamné par le passé à 5000€ d’amende avec sursis pour intimidation sur le maire, Pierre-Guillaume Mercadal dit vouloir désormais porter plainte pour diffamation. Une procédure de plus dans une affaire qui en compte déjà beaucoup.
Je ne vais pas m'arrêter. Je ne vais pas me coucher.
Pierre-Guillaume Mercadal, éleveur
Car cela fait plusieurs années que le conflit dure. Lors de son arrivée dans la commune en 2017 pour y installer son élevage de porcs laineux, Pierre-Guillaume Mercadal constate que le chemin communal qui mène à sa parcelle a été cédé à un voisin, cet accès passant à proximité immédiate des bâtiments de la propriété de cet anglais présent sur place une partie de l’année. En contrepartie, un autre chemin est bâti quelques mètres plus loin mais de qualité moindre selon l’éleveur. Surtout, il dénonce la manière dont cette cession s’est déroulée : sans enquête publique et pour une somme dérisoire selon lui de 3500 euros. Il propose aujourd’hui 40 000€ pour racheter ce chemin mais l’opération est impossible selon la mairie qui argue qu’il n’est pas riverain du chemin.
A ce jour, au moins trois procédures sont encore en cours selon l’avocat de l’éleveur. Des recours juridiques qui visent à contester et faire annuler les délibérations municipales qui ont permis la cession du chemin communal. Me Attar indique par ailleurs que d’ici lundi 18 novembre une autre procédure administrative va être déclenchée pour contester une délibération prise en juillet en conseil municipal pour autoriser l’aliénation du chemin. A Montjoi, la guerre de clochers promet de durer.