Le président de la République, en déplacement à Montauban (Tarn-et-Garonne) ce lundi 15 mars 2021 en compagnie de Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol, annonce la suspension de l'AstraZeneca.
Il était en déplacement pour le 26e sommet franco-espagnol à Montauban dans le Tarn-et-Garonne. Emmanuel Macron a profité de cette occasion pour annoncer la suspension du vaccin AstraZeneca en France. Le Président s'aligne ainsi sur d'autres pays européens comme (dernièrement) l'Allemagne et l'Italie. L'agence européenne des médicaments doit rendre jeudi 18 mars 2021, un avis sur ce vaccin.
La décision qui a été prise en conformité avec notre politique européenne, c’est de suspendre la vaccination avec AstraZeneca en espérant la reprendre vite si l’avis de l'EMA (agence européenne des médicaments, ndlr) le permet.
Bienvenue à Montauban @sanchezcastejon. Forts de notre identité européenne et de notre histoire, nous allons faire de ce sommet une étape importante de la relation entre nos pays. Nous le devons aux 150 000 Français qui vivent en Espagne et aux 190 000 Espagnols en France. https://t.co/09bDtS07fd
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 15, 2021
Pour rappel, 700 000 doses d'AstraZeneca ont déjà été commandées par la France. Des retards étaient constatés à la réception de ce vaccin. Surtout, des potentiels effets secondaires indésirables graves ont engendré la suspension de l'AstraZeneca dans neuf pays au total "par précaution".
Réactions mitigées des médecins généralistes
Nous avons contacté deux médecins généralistes de la région Occitanie. Comme depuis le début de cette crise sanitaire, les avis médicaux divergent. Pour l'un d'entre eux, c'est l'incompréhension.
J’avais 22 rendez-vous prévus pour ce jeudi que je vais donc devoir annuler. Je ne comprends pas vraiment parce que jusqu’à hier soir nous n’avions aucune information sur un éventuel sur-risque. Dans les dernières études on ne notait pas plus de thromboses ou phlébites chez les patients vaccinés que chez les patients non vaccinés. Chez des patients de plus de 50 ans c’est assez courant et ça se soigne. Pour l’instant, il n’y a pas de traitement contre le Covid. Il faudrait donc vacciner un maximum de personnes. On saura dans quelques mois si cette décision de suspendre l’AstraZeneca était la bonne.
Pour un autre médecin généraliste, c'était la bonne solution. Il appelait d'ailleurs à stopper la vaccination sur ses réseaux sociaux.
Au regard de ce qu’il se passe dans les autres pays, il était nécessaire de suspendre la vaccination même si sur le plan scientifique ça n’est pas très clair. On va probablement finir par démontrer qu’il n’y a pas de lien de causalité entre les patients et les thromboses, bien plus nombreuses dans la population générale que dans la population vaccinée. Mais quand huit pays européens arrêtent la vaccination avec AstraZeneca, vous induisez une rupture de confiance si vous ne les suivez pas. On aurait vacciné une personne sur cinq, ça ne sert à rien. On doit se baser sur la confiance et la transparence ; faire une étude et reprendre l’AstraZeneca dans deux à cinq jours quand on pourra réellement rassurer les patients.
Jérôme Marty souligne aussi un "bon timing". "Cette suspension arrive au moment où nous n'avions pas de stocks d'AstraZeneca, ça tombe plutôt bien" conclut-il.
Dans un document fourni par l'Hôpital de Toulouse aux personnes vaccinées à l'aide de l'AstraZeneca , il est indiqué concernant les effets secondaires : "Environ 75% des sujets vaccinés ont des réactions locales après la vaccination, comme pour les autres vaccins actuellement disponibles (@Pfizer, @]Moderna). Les manifestations locales et évènements systémiques rapportés sont essentiellement des douleurs au point d'injection (54%), des céphalées (53%), de la fatigue, des myalgies, des malaises, fièvre (8%) et frissons, qui dusparaissent généralement entre 5 et 7 joursaprès l'injection."
"Il saignait depuis qu'il a été vacciné"
Hafida B., toulousaine, revient tout juste de Paris où elle est allée rendre visite à son frère de 72 ans hospitalisé en banlieue. Pour elle, la suspension de l'AstraZeneca prouve que les médecins parisiens ne lui ont pas dit la vérité. Deux jours après avoir été vacciné, son frère, atteint d'un cancer des poumons, a commencé à avoir des malaises, puis à saigner de la prostate. Une première pour lui. Inquiète, sa fille l'a amené à l'hôpital. "Il est peut-être en phase terminale" lui auraient répondu les médecins. Mais ce lundi 15 mars 2021, l'hôpital indique que le septuagénaire pourra rentrer chez lui dans les prochains jours. Il va mieux. Pour sa famille c'est clair : ses saignements étaient liés à l'AstraZeneca.