Une retraitée de 72 ans est convoquée en juin prochain devant la justice après avoir gazé et insulté deux voisines franco marocaines pour une place de parking à Moissac dans le Tarn-et-Garonne.
Gazées, insultées. L'agression de la part d'une retraitée de 72 ans dont Amal Zaïda et sa sœur ont été victimes le lundi 4 mars à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne ne passe toujours pas.
Alors qu'elle venait de déposer sa jeune sœur chez leurs parents, rue du président René Coty, et qu'elle s'apprêtait à redémarrer, Amal, 38 ans, aperçoit dans le rétroviseur, Chaïma au sol. "Je me suis approchée et elle avait gazé ma sœur avec une bombe au poivre. La voisine a alors a fait pareil avec moi. Elle lui tirait les cheveux et nous a traité de "sales Arabes, rentrez chez vous" avant de repartir alors que nous étions à terre."
Choquées, les deux jeunes femmes ont porté plainte pour injure raciste et violences avec armes. La retraitée a été placée en garde à vue où elle est restée 48 h avant une confrontation avec les deux victimes franco marocaines. "Ma cliente s'est sentie agressée dans un contexte de conflit de voisinage aigu, rétorque Me Séverine Lheureux, l'avocate de la septuagénaire. Elle se trouvait à l'intérieur de la voiture quand elle a été prise à partie par l'une des voisines qui croyait qu'elle l'a filmé. Elle a pris peur et a saisi la bombe au poivre".
Placée sous contrôle judiciaire
Déferrée devant le parquet le 6 mars, le procureur de la République de Montauban, Bruno Sauvage, a décidé de la placer sous contrôle judiciaire en attendant son renvoi devant le tribunal correctionnel, le 14 juin 2024, pour violences avec armes. Le tirage de cheveu a selon nos confrères de la Dépêche du midi également été retenu. Mais pas les injures racistes, "qui ne seraient pas suffisamment caractérisées".
Une décision qu'Amal Zaïda et sa sœur ont du mal à comprendre. " Effectivement, depuis que mes parents ont emménagé dans cette résidence, on a eu plusieurs altercations avec cette voisine au sujet d'un problème de parking alterné dont mes parents n'étaient pas au courant. Ce qui leur a valu d'être insultés de manière raciste pour la première fois. Depuis, elle nous a injuriées à plusieurs reprises. "
Des vidéos retrouvées dans le portable de la retraitée
Au cours de la garde à vue de la retraitée, les gendarmes ont d'ailleurs retrouvé des photos et des vidéos de la famille Zaïda sur son téléphone. Notamment celle d'une autre altercation datant du 18 février. "Je rentrais de vacances et j'allais manger chez mes parents, resitue Amal. Elle avait collé sa voiture à la mienne." En repartant, elle demande à son mari de la guider pour l'aider à manœuvrer. " La voisine est sortie en nous accusant de lui avoir touché la voiture, en nous filmant, encore une fois. Mon mari lui a dit, nous aussi, on va vous filmer désormais. Quand on réécoute la vidéo, on entend clairement qu'elle nous traite encore de " bande de sales Arabes".
Pour Amal, la retraitée a agi par pur racisme. " Au cours de la confrontation, elle a parlé de nous en disant "ces gens-là!" Ma sœur a vraiment du mal à digérer cette histoire : pas l'agression physique, mais surtout les injures racistes." Elle éprouve un sentiment d'injustice que la plainte pour injure raciste n'ait pas été retenue. Pour se défendre, la famille Zaïda envisage de prendre un avocat.