Le jardinier municipal de Montauban (Tarn-et-Garonne), partisan de l'ultradroite, qui avait appelé au meurtre raciste sur internet, a été condamné ce 9 novembre 2023 à six ans de prison ferme par la cour d'appel de Paris. Une peine plus lourde que celle infligée en première instance. Dominique D. prônait sur Telegram la guérilla et l'élimination des "nègres", des communistes et des Juifs.
En février 2023, la chambre spécialisée dans les affaires de terrorisme du tribunal correctionnel de Paris l'avait condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis. Le parquet national antiterroriste avait fait appel. Le fait que la cour d'appel n'ait cette fois assorti la peine d'aucun sursis est "une vraie déception", a commenté l'avocate du prévenu âgé de 48 ans, Me Séverine Lheureux.
Pour elle, "de toute évidence, cela s'explique par le climat politique actuel et la résurgence des actes xénophobes et antisémites qui sont clairement dans la droite ligne des publications de mon client".
Idéologie d'ultradroite, collection d'armes à feu et survivalisme
Surveillé par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour ses échanges sur la messagerie cryptée Telegram, Dominique D.avait été interpellé en novembre 2021 et placé en détention provisoire.
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Les enquêteurs avaient trouvé à son domicile 48 armes et des milliers de munitions. L'enquête, ouverte notamment pour "association de malfaiteurs terroriste", n'a toutefois pas permis d'établir qu'il fomentait un passage à l'acte violent. Outre des montages vidéo d'exécutions, Dominique D. partageait sur ses chaînes Telegram une sorte de panthéon des portraits de tueurs d'extrême droite, dont le Norvégien Anders Behring Breivik.
Pour le parquet, l'ancien jardinier adhérait à une idéologie "polymorphe" d'ultradroite- regroupant thèses néonazies, suprémacisme blanc, survivalisme et accélérationnisme et est allé "plus loin que l'apologie du terrorisme" puisqu'il a réalisé et diffusé un "guide pratique" de 19 pages "pour ceux qui adhèrent à l'idéologie de l'ultradroite et veulent passer à l'action".
Incarcéré à la maison d'arrêt de la Santé à Paris, Dominique D. pourrait bénéficier d'un rapprochement dans une prison plus proche de Montauban.
Son comportement irréprochable depuis deux ans en prison nous laisse espérer une remise de peine. Il est envisageable de former une première demande de libération conditionnelle d'ici moins d'un an.
Maître Séverine Lheureux, avocate de Dominique D.
Un second prévenu, Didier B., 62 ans, poursuivi pour avoir acquis et détenu illégalement des armes, ainsi que pour en avoir vendu à Dominique D., a également vu sa peine alourdie. Cet ancien chauffeur poids lourd, domicilié en Gironde, a été condamné à trois ans de prison ferme, contre un an ferme en première instance.