"Je me suis retrouvée seule et on m'a aidée" : comment des victimes de violences conjugales se reconstruisent au sein d'un commissariat

Le week-end du 23-24 novembre est marqué par des manifestations contre les violences faites aux femmes. L'Occitanie est l'une des régions les plus touchées, notamment dans le Tarn-et-Garonne. Pour y remédier, le commissariat de Montauban accompagne des femmes victimes grâce à une intervenante sociale. Immersion.

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À la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans toute la France. C'était notamment le cas hier à Toulouse où une marche est partie de Saint-Cyprien. Pour contrer ces violences, le Tarn-et-Garonne met en place un dispositif d'accompagnement des victimes depuis 2015. 

"Il m'a tout pris" témoigne une victime

En Occitanie, ce département est l'un des plus touchés par ces violences. Une étude de la sécurité intérieure décompte 11,3 cas pour 1 000 habitants en 2023. Dans les locaux du commissariat de Montauban, Christelle Ledière est intervenante sociale et coordinatrice violences intrafamiliales. Elle est chargée d'écouter les victimes, tout en abordant les possibilités d'aides financières et locatives. 

Ce jour-là, elle accueille une mère qui a fui son ex-mari violent en pleine nuit, il y a plusieurs mois. "Je suis sortie en bas avec un peignoir et des claquettes. Devant moi, j'ai trouvé des policiers" témoigne cette victime. Depuis, elle a divorcé, et cet homme est parti du département même "s'il a tout pris". 

Les semaines qui suivent ces violences conjugales sont très lourdes à gérer. "Je me suis retrouvée toute seule, ma famille s'est retournée contre moi" lâche cette victime. Ici, au commissariat, elle se sent en sécurité. "Christelle m'a beaucoup aidé, j'en avais besoin. Elle m'a dit : tout va s'arranger, on va tout faire pour.

"On met des mots sur qu'elles vivent"

L'intervenante sociale reçoit jusqu'à 310 femmes par an. 70% d'entre elles sont salariées. "En fonction de ce que la personne dit, veut, et de ses priorités que l'on évalue, on construit un parcours ensemble pour sortir des épisodes de violences" analyse-t-elle. "On lui donne des clés de compréhension de la situation, on met des mots sur qu'elles vivent."

Sur le plan financier, Christelle Ledière collabore avec des assistantes sociales de la CAF pour trouver des solutions rapides. "Pour beaucoup de personnes, la question des ressources se pose" sait-elle, car ces femmes espèrent toutes s'en sortir seules. 

Une parole pouvant "révéler d'autres faits qui relèvent du pénal"

L'appui de Christelle Ledière "change tout" pour le commissariat, selon le Commandant Thierry Guérin, adjoint directeur départemental de la sécurité publique. En plus d'un soutien personnalisé, son accompagnement est une aide précieuse pénalement.

"Cela permet d'éviter que la victime ne se désengage" estime ce policier. "Par son action, elle va sans doute libérer la parole et peut-être nous permettre de révéler d'autres faits qui relèvent du pénal."

Cette collaboration offre aussi un gain de temps. "On peut travailler en fonction du rythme de la procédure judiciaire, à la porte d'à côté" complète Christelle Ledière. Dans le commissariat, "il y a plus de femmes qui viennent" note Thierry Guérin, "avec plus de proximité et sans doute plus de confiance". 

Comme Christelle Ledière, deux autres intervenantes sociales accompagnent des victimes de violences conjugales dans le Tarn-et-Garonne. 

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